«On a essayé de ne pas vieillir avec notre public»
Du 25 au 30 mars prochains se tiendra la 30e édition du festival Blues autour du zinc, devenu un événement musical incontournable en Hauts-de-France. Retour sur trente années de concerts de musiques du monde entier et d'artistes de renommée internationale avec son fondateur Laurent Macimba.

En 1996 avait lieu la première édition de Blues autour du zinc que vous avez fondé. Comment est née l'idée d'organiser un festival de musique blues à Beauvais ?
Laurent Macimba : J'ai toujours été un passionné de musique, no-tamment des sonorités afro-amé-ricaines. Je suis un mélomane. J'aime le jazz, la soul, le R&B, tous ces sons nés dans les clubs. Quand mon père est décédé, je suis rentré de Nouvelle-Calédo-nie et j'ai repris la gestion du café familial. On a commencé à y or-ganiser des concerts le dimanche après-midi, mais la plainte d'une voisine pour nuisances sonores nous a fait courir le risque d'une fermeture administrative. Je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose, faire évoluer les mentalités et créer une dynamique culturelle. On a débuté avec quatre ou cinq bars pour accueillir des concerts autour de la venue du guitariste Lucky Peterson au Théâtre du Beauvaisis. On est ensuite monté en puissance année après année, et ça fait trente ans que ça dure. En un sens, on peut remercier la voisine !
Quel regard portez-vous sur l'évolution du festival en 30 ans ?
On a commencé avec rien. À peine 3.000 francs à l'époque. Le Longchamps (le café familial, ndlr) fut un vrai laboratoire et j'ai pu au fur et à mesure tisser un réseau d'artistes. En 1999, on ar-rive à faire venir Macéo Parker, le saxophoniste de James Brown, et en 2000, on accueille Ray Charles à l'Elispace. De cela, je suis très fier. Ce fut génial. On est allé chercher ses choristes et tous les musiciens de son big band à Orléans en bus. On avait préparé des bouquets de fleurs, du cham-pagne et des petits fours à bord. Ray Charles l'a su et nous a donné 1 h 30 de show au lieu des trois quarts d'heure prévus. C'est aussi à cette époque-là que j'ai su que directeur du festival serait mon métier à temps plein, que je pourrais en vivre. En 30 ans, on a essayé de ne pas vieillir avec notre public, de s'ouvrir sans oublier qu'on reste un festival de blues. C'est pourquoi on a développé des actions pédagogiques dans les collèges, mais aussi en milieu carcéral. On a tous besoin de se retrouver. La culture, c'est important, au même titre que le sport ou l'entrepreunariat. Ce sont des moments intenses qu'on a besoin de vivre, c'est du lien social, loin de la télévision qui isole les gens.
A quelles surprises faut-il s'at-tendre pour cette édition 2025 ?
D'abord la clôture du festival sera assurée par Ben l'Oncle Soul, qui fait son retour après sa venue en 2011. Nous n'avons pas eu les financements pour faire revenir le Magic mirror (scène sous chapiteau, ndlr), mais une partie du festival aura lieu dans le nouveau théâtre du Beauvaisis. Sans ou-blier tous les concerts gratuits dans les bars !
Pensez-vous déjà à la 31e édition ?
Aujourd'hui, on se demande s'il y aura une prochaine édition. Les difficultés sont essentiellement financières. Avec la dématérialisa-tion de la musique, les artistes se rémunèrent principalement avec les concerts. Le marché fonc-tionne au cachet et il faut ajouter les aspects techniques en son et lumière. Même avec un budget de 300.000 €, ça reste compliqué, surtout si certains interlocuteurs institutionnels ne font pas preuve de bienveillance. Je ne remets pas en cause la présidente de l'agglomération Caroline Cayeux et le maire de Beauvais Franck Pia qui nous ont toujours soutenus, mais de nouvelles têtes dans leurs services, qui ne sont pas des élus mais des techniciens de la culture, ont adopté vis-à-vis de nous une attitude méprisante. J'ai 58 ans et il y a des choses que je n'accepte plus. Je suis attaché à ma ville, je la défends, mais il faut respecter les gens et bien leur parler.
Programmation
Mardi 25 Mars - 20:30 - Ouverture du Festival / Soirée Blues au Féminin - Maladrerie Saint-Lazare - 30 € Ménades, Dynamite Shakers, The Courettes
Mercredi 26 Mars - 20:30 - Maladrerie Saint-Lazare - 25 €The Cinelli Brothers
Vendredi 28 Mars - 00:00 - Soirée After - Maladrerie Saint-Lazare - 15 € Sean «Mack» McDonald, Johnny Montreuil
Samedi 29 Mars - 20:00 - Théâtre du Beauvaisis – Scène Nationale - 25 € Bobbie, Sari Schorr
Samedi 29 Mars - 00:00 - Soirée After - Maladrerie Saint-Lazare - 15 €Lowland Brothers, La Malle
Dimanche 30 Mars - 19:00 - Clôture du festival - Maladrerie Saint-Lazare - 30 € Delgres, Ben L’Oncle Soul
Retrouvez également l'ensemble des concerts gratuits dans les bars sur le site www.zincblues.com
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