Nouvelle-Zélande : tourisme en terre d’optimisme
Au volant de son minibus, Cameron propose de savoureuses visites agricoles : vignobles et caves, dégustations de bières artisanales et de nourritures locales… Le Covid-19 a interrompu l’arrivée de la clientèle étrangère, aussitôt remplacée par des Néo-Zélandais ravis de découvrir leur pays, qui sait si bien associer agriculture et tourisme.
Les parents de Cameron Clarke élèvent une cinquantaine de bovins à viande Angus et Hereford et cultivent un demi-hectare de vigne : «Mille pieds de sauvignon et de pinot noir qui donnent un millier de bouteilles par an pour faire quelque chose en famille» précise le jeune homme. Cameron a travaillé pendant sept ans dans différents domaines de la région, avant de s’installer comme guide. Il a suivi la tendance de son pays : «Le tourisme est devenu le plus grand secteur en Nouvelle-Zélande et a même dépassé le lait. Des visiteurs du monde entier, en solo ou en groupe, viennent de partout où est bu notre vin, qui est notre ambassadeur. On produit 1 % du vin de la planète, dont 85 % est exporté.» Au début, les visiteurs voulaient découvrir les paysages grandioses de ce pays peu peuplé : 4,7 millions d’habitants seulement et 27 millions de moutons.
«Les touristes du vin viennent toute l’année, restent plus longtemps et dépensent davantage. Les jeunes s’y intéressent aussi, ce qui est encourageant pour l’avenir. Ils parcourent la route des vins à vélo. La saison la plus importante est l’été, de novembre à mars, les habitants de l’hémisphère Nord fuient leur hiver». Avant le Covid-19, la moitié des touristes débarquaient des États-Unis ou de Grande-Bretagne, un quart d’Australie, 10 à 15 % d’Allemagne et 1 % de France.
Winemaker’s tour
«Le SEUL voyage avec un œnologue pour guide !» est le slogan original de la petite agence créée par Cameron il y a huit ans. Dans son minibus, il transporte jusqu’à onze passagers pour une série de visites de caves et de chais de sa région de Marlborough. Sa compétence viticole lui permet de répondre aux questions techniques sans déranger le personnel du domaine. Cameron accompagne ses clients lors des dégustations sur mesure de vins et de bière, au musée de l’agriculture. La viticulture a débuté dans les années 1970 et la Nouvelle-Zélande s’est distinguée par son sauvignon blanc dans les concours internationaux. Des investisseurs ont acheté bon marché des vallées où paissaient les moutons, qu’ils ont transformées en vignobles aujourd’hui très recherchés.
Le prix moyen du sauvignon néo-zélandais est le plus élevé au monde. Cette histoire viticole est certes récente, mais Cameron sait parfaitement l’expliquer et l’illustrer de dégustations de différents sauvignons blancs, pinots noirs, vins effervescents et autres curiosités. «Que vous soyez assoiffé de connaissances ou de vins, venez découvrir des lieux où seuls les œnologues peuvent entrer» est son business model. La visite ne se limite donc pas au chai : Cameron emmène son groupe entre les cuves inox des entreprises qui lui font confiance et dont il détient même les clefs. Il sait aussi expliquer le travail à la vigne, la taille, le petit mouton baby doll face qui désherbe entre les vignes toute l’année : «il remplace le glyphosate et ensuite, on le mange !» Les conversations se poursuivent durant la route, Cameron est bien davantage qu’un chauffeur. Les formules pour une journée (70 € par personne), une demi-journée (58 €) ou une heure et demie (26 €) se réservent et se règlent sur son site. Cameron s’enquiert des goûts du client et signale les bonnes adresses où sortir le soir.
Tourisme confiné
La Nouvelle-Zélande a bien géré la crise du Covid-19 - l’épidémie a provoqué seulement 22 décès - et l’activité reprend après le confinement. Les wineries et restaurants ont rouvert et les clients internationaux sont remplacés par des locaux, comme l’explique Cameron : «J’organise des visites pour de petits groupes de Néo-Zélandais. Pour la plupart, ils ont annulé leurs vacances à l’étranger et veulent consacrer leur temps et leur budget à voyager en Nouvelle-Zélande.» Juillet et août sont des mois d’hiver, mais l’optimiste Cameron réplique : «il n’y a pas de mauvaise saison en Nouvelle-Zélande, juste une saison chaude et active, et une saison fraîche et tranquille. Pour les touristes étrangers, on organise des tours virtuels avec Zoom». Cameron a vécu les mois de confinement avec ses deux enfants de 6 et 8 ans, «l’école à la maison le matin, de grandes marches en famille l’après-midi». Cette année, il n’a pas pu retrouver ses parents pour les vendanges, «c’était la première fois qu’ils faisaient leur vin tout seuls !» En revanche, Cameron a récupéré des grappes de merlot, syrah et pinot noir laissés dans les vignobles par la machine à vendanger. Il les a éraflés à la main et élabore dans son garage «quelques dizaines de litres d’un vin encore jeune, mais riche, avec des saveurs qui reflètent bien l’été 2020. Ce sera un excellent millésime !»
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