L'Oise Agricole 14 décembre 2022 a 17h00 | Par D.A.

«Nous sommes et serons des porteurs de solutions»

Le mardi 13 décembre, la coopérative Agora a organisé son assemblée générale. L'occasion de dresser son bilan, «positif», dans un contexte mondial inédit.

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Thierry Dupont, président de la coopérative, et Agnès Duwer, la directrice.
Thierry Dupont, président de la coopérative, et Agnès Duwer, la directrice. - © D.A.

«Durant la campagne 2021/2022, nous avons assisté à une volatilité inconnue des matières premières, tant en céréales qu'en engrais. Cette situation a créé inévitablement des situations d'inquiétude. Cette campagne marque, entre autres, le passage d'un monde où la mondialisation était signe de stabilité, de libre-échange et d'abondance, à un monde où cette même mondialisation entraîne des ruptures d'approvisionnement, voire des pénuries et de l'instabilité», débute Thierry Dupont, président d'Agora.

«Cette campagne a été marquée, au niveau opérationnel, par une moisson 2021 humide et très longue, tant pour les agriculteurs que pour nos collaborateurs. En effet, elle a débuté le 7 juillet pour se terminer le 17 décembre. L'année 2022 est marquée par un pic du prix du gaz. Quand nous savons que le coût de l'engrais se mesure pour 90 % sur celui du gaz, inutile de démontrer que nous avons fait face à une campagne chaotique», poursuit Agnès Duwer, directrice générale de la coopérative.

Cependant, la campagne 2021 se caractérise comme la deuxième plus importante collecte de la coopérative après 2019, avec 979.560 tonnes. La bonne moisson d'été a été confortée par une collecte d'automne record en raison des rendements de maïs au plus haut et d'une surface de tournesol qui augmente. De plus, la récolte 2021 se caractérise par une pluviométrie importante pendant la moisson qui a causé des problématiques de qualité du grain telle que l'humidité et un faible poids spécifique. «Les équipes de la coopérative ont dû s'adapter rapidement pour réaliser les bons allotements, dans l'objectif de pouvoir saisir les meilleures opportunités de marchés et valoriser au mieux les productions de nos adhérents coopérateurs», partage le président.

Autre fait marquant de la campagne, la logistique ! «La situation s'est fortement dégradée en termes de disponibilité du transport routier, mais aussi fluvial, du fait d'un manque de chauffeurs, de péniches ou par une attractivité plus forte de certains secteurs comme les travaux publics», souligne la directrice. Ce contexte logistique, couplé au fait que la coopérative a réalisé une collecte d'automne record en termes de volumes, a amené une baisse inhabituelle du rythme d'exécution sur la période novembre-janvier. Le retard pris a pu être comblé sur la fin de campagne à cause du conflit Ukraine-Russie qui a recentré les demandes, notamment sur l'origine française.

Au niveau des approvisionnements, la campagne 2021-2022 est caractérisée par une forte augmentation des prix et des pénuries principalement causées par la pandémie du Covid-19. Cette crise a été couplée à la guerre en Ukraine. Cela a donc fait bondir le prix du gaz, jusqu'à plus de 10 fois supérieur au prix habituel. Ce prix entraîne une augmentation incessante des matières premières et notamment du prix de l'engrais azoté. Dès lors, Agora assiste à une hausse de son chiffre d'affaires produits de nutrition et santé végétale. Principalement due à l'impact de la hausse des prix des engrais et par l'anticipation des adhérents pour la campagne suivante.

Pour l'exercice 2021-2022, Agora affiche un chiffre d'affaires de 361 millions d'euros, contre 265 millions d'euros à l'exercice précédent. Il s'agit d'une croissance affiché de + 36 %. «Habituellement, le chiffre d'affaires de la coopérative se situe plutôt autour de 250 millions d'euros et le summum réalisé avait été au cours de l'exercice 2012-2013 avec 315 millions d'euros», déclare Thierry Dupont. Ce fort accroissement est lié à plusieurs facteurs dont l'augmentation de la collecte de 12,02 % (979.560 tonnes), l'augmentation des prix des céréales (prix du blé + 29 %), du chiffre d'affaires approvisionnements (99 millions d'euros soit + 42,32 %) et l'augmentation du chiffre d'affaires semences (8,3 millions d'euros soit + 5,57 %). Même si la moisson 2022 a été extrêmement courte, le prévisionnel reste encourageant avec sans certitude 655.000 tonnes.

Le projet Agora 2023 face aux crises

Dès juillet 2021, les cours des céréales se sont envolés. Le 24 février 2022, les risques d'une crise alimentaire sont apparus dès lors que l'Ukraine n'est plus intervenue sur les marchés. Toujours sous fond de Covid-19, l'Union européenne maintient son projet pour l'agriculture de demain avec la stratégie Farm to Fork et ses orientations environnementales. Malheureusement les péripéties de cette année ont montré un contexte économique en perpétuelle évolution : volatilité des céréales, pénuries des engrais, impact de l'énergie, politique monétaire...

«Les différents axes arrêtés par la coopérative demeurent indispensables pour continuer de produire et de vendre», souligne Agnès Duwer. «Notre autonomie financière nous a permis de saisir des opportunités, tant sur l'activité céréales qu'en approvisionnements», affirme Thierry Dupont.

Avec l'apparition au PICC (pandémie, inflation, conflit et climat), le projet Agora 2023, initié en 2020, a pour objectif d'apporter des solutions adaptées aux agriculteurs pour faire face aux futurs aléas. Ainsi, il repose sur trois principes fondamentaux. Le premier est l'équilibre économique qui repose sur le juste équilibre entre la rémunération du travail des adhérents et la consolidation des capacités de l'entreprise à résister aux aléas du marché. Le deuxième concerne la responsabilité globale en mettant en oeuvre les moyens permettant d'améliorer les conditions de travail de ses collaborateurs, notamment en terme de sécurité et d'environnement de travail. Le troisième point s'articule sur la gouvernance coopérative où le mode de fonctionnement repose sur l'engagement sans cesse renouvelé des adhérents dans des processus de décision et de fonctionnement.

«Aujourd'hui, nous avons pu décliner plusieurs plans qui se transforment en action concrètes visibles pour nos adhérents et nos parties prenantes. Je prendrais l'exemple du lancement de l'accompagnement à la certification HVE par le pôle agro-écologie ou encore dernièrement la construction de partenariats avec des clients répondant à des orientions de marchés d'avenir comme le bas carbone» ,cite la directrice.

Plusieurs axes de stratégie vont structurer en profondeur la coopérative. L'agroécologie permet de développer et de diffuser les solutions techniques, les méthodes et les savoir-faire tout en permettant aux adhérents d'être acteurs de la transition et d'adapter leurs productions aux exigences des marchés et de la société.

L'orientation des marchés permet aux adhérents d'anticiper, dans l'adaptation de leur système et leurs productions, aux exigences des consommateurs et des citoyens et aux opportunités générés par les marchés. Sur cet axe stratégique, Agnès Duwel a dévoilé quelques projets futurs avec de grandes marques. «L'idée est de créer de la valeur selon la manière dont l'agriculteur a produit et non en fonction de la coopérative avec la collecte. Ainsi, nous commençons à travailler avec plusieurs enseignes comme Roquette avec les pois (alimentation pour les bébés et les sportifs), Budweiser avec l'orge ayant un taux de protéine un peu plus élevé que la moyenne. Nestlé concerne plus une démarche carbone et agriculture régénérative avec le maïs».

L'innovation et le partenariat sont des axes indispensables à la coopérative afin d'innover, de produire, de partager les savoir, de s'adapter et de vendre les produits dans des conditions optimales.

Pour finir, l'axe stratégique engagement promeut un engagement réciproque durable et attractif se fondant sur une relation qui progresse constamment en termes d'intensité et de durée et qui intègre une vision globale de l'exploitation.«Dès maintenant, notre rôle est de déployer toutes les solutions permettant de répondre à différents enjeux : produire plus, produire mieux, produire sain. Mais aussi, produire pour répondre aux demandes sociétales, mais également aux demandes clients qu'eux-mêmes doivent satisfaire», explique Thierry Dupont. Dans ce contexte mondial anxiogène, la coopérative Agora se tient prête grâce à son collectif et à son efficacité.

Les temps forts d'Agora en 2023

Connue pour sa forte proximité, la coopérative renouvelle ses actions au sein du territoire. Ainsi, deux dates sont déjà planifiées :

- La 6e édition de l'Agora des collèges commencera le 5 janvier. Cette année, le thème s'axera sur les enjeux de l'agriculture liés à l'actualité mondiale.

- L'Agroforum 2023 se tiendra le 2 février au cinéma CGR de Beauvais. Ce rendez-vous s'articulera sur «l'agriculture face aux défis climatiques : adaptons nos pratiques».

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