Même pas peur d’être éleveur : un documentaire qui fait du bien
Le film de Thierry Hétreau, Hervé Morainville et Yann Lenhof, Même pas peur d’être éleveur, fait du bien. Aux éleveurs, aux agriculteurs en général et aux autres qui auront peut-être envie de devenir paysans, pour la noblesse de ce beau métier. L’idée est de susciter le débat et de motiver les jeunes - ou moins jeunes - à devenir éleveur.

Même pas peur d’être éleveur ! Tel est le titre du film réalisé par le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel), le Bureau technique de promotion laitière (BTPL) et le Centre d’élevage de Poisy, centre de formation des chambres d’agriculture aux métiers d’éleveurs.
Faire découvrir les métiers et savoir-faire
Thierry Hétreau, vétérinaire et formateur au Centre d’élevage de Poisy (Haute-Savoie), avait déjà réalisé le film Même pas mal, un documentaire axé sur le bien-être animal, démontrant que les éleveurs prenaient soin de leurs animaux, quelle que soit l’espèce. «On nous a souvent fait remarquer, lors des projections de ce premier film, qu’il fallait aussi prendre en compte le bien-être des éleveurs», précise Thierry Hétreau. Et dans un contexte d’agribashing, où l’on met plus en avant le négatif et les propos excessifs de certains, il semblait important aux réalisateurs Thierry Hétreau, Hervé Morainville et Yann Lenhof de montrer que la majorité des éleveurs sont heureux, font ce métier par passion des animaux et pour d’autres valeurs qu’ils expriment parfaitement bien dans ce documentaire de 52 minutes. Globalement, les Français sont bienveillants envers les éleveurs : 76 % leur accordent leur confiance. Mais ils ne connaissent plus ce métier et les critiques viennent quand on ne connaît pas et que l’on a peur.
Ne pas se martyriser !
Ainsi les témoignages de ces éleveurs, situés partout en France et avec des modèles très différents, démontrent que le premier élément de réussite et de bonheur est de faire ce que l’on aime, et de toujours prendre ses décisions en fonction de ses priorités.
En Haute-Savoie, au Grand Bornand, Pauline témoigne de son arrivée sur cette ferme familiale, épousant à la fois le métier et le fils, «j’ai des parts dans le Gaec, j’ai le droit de dire ce que je pense», témoigne-t-elle. Elle ajoute : «notre objectif, c’est de se libérer du temps et chaque associé profite de sa passion, moi c’est le foot féminin ! Et quand le moral baisse, je regarde les montagnes et je me dis que j’ai de la chance de travailler là».
Hermjan et Elke, un couple non issu du milieu agricole, venu des Pays-Bas, s’est installé en France après des visites d’exploitations en Russie, Nouvelle-Zélande, Danemark ou encore Allemagne. Avec un prix du foncier abordable, ils estiment que «ce qu’ils ont réalisé en France, ils n’auraient pas pu le faire ailleurs». Avec 220 vaches, 250 ha et quatre enfants, ils arrivent malgré tout à se dégager du temps grâce à leurs quatre salariés. «Nous sommes venus pour traire des vaches, pour avoir des voisins et être dans un pays où l’on mange bien et où la qualité de vie est exceptionnelle.»
À l’inverse, Myriam et Alexandre ont choisi d’avoir une exploitation très robotisée : robot de traite, robot d’alimentation, «ici, pas de contrainte de salarié et une vraie passion pour les nouvelles technologies, pour garder du temps pour nous et pour nos animaux».
Hélène a dans un premier temps quitté la ferme familiale, «car je ne voulais pas être la fille de… et les 4 murs de la ferme ne me suffisaient pas !» Après une expérience dans le monde de la chimie, elle reprend la ferme familiale avec un salarié, poursuit l’élevage laitier et crée un élevage de carpes Koï pour les animaleries. «J’ai pris du recul, diversifié les productions pour activer mon cerveau et répartir les risques. J’adore mon métier de reproducteur : celui qui donne la vie !»
Dire ce qui va bien
En Normandie, Jean-Charles a choisi la vente directe, «avoir un retour des consommateurs, c’est une vraie récompense. Ils goûtent notre travail… Et aller chercher les vaches au pré avec mes filles à la sortie de l’école, c’est un vrai luxe que j’apprécie énormément».
Dominique et Béatrice, en Pays de Loire, sont producteurs de lait bio et ont une activité de bois déchiqueté. «Être en lien avec la forêt, la terre, c’est un vrai bonheur. Nous avons beaucoup de plaisir à expliquer notre attachement à la nature et à nos animaux».
En Bretagne, Pascal s’installe pour la 3e fois. Mais cette fois, c’est avec les voisins, car l’isolement n’était plus supportable et il voulait tout abandonner. «Un gros projet de méthanisation, la poursuite de l’élevage laitier, mais à plusieurs pour se donner du temps, et l’installation d’un jeune en maraîchage avec nous, m’ont vraiment reboosté, j’ai enfin retrouvé le goût de vivre et de travailler».
Enfin Régis Marcon, chef étoilé en Haute-Loire, rappelle que si la gastronomie est le symbole de la France, elle est le résultat du travail des paysans : «ils peuvent être fiers de leurs produits et de leur métier.»
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