Louer plutôt qu’acheter son matériel, quel intérêt économique ?
À chaque épisode conjoncturel difficile, les mêmes questions reviennent : comment réduire mes charges ? En réduisant mon poste mécanisation qui représente à lui seul 50 % des charges de structure ?

Et les mêmes réponses : ce n’est pas possible car mon matériel est récent, il faudra attendre le renouvellement pour étudier l’achat en commun, ou la Cuma, ou réduire ma capacité. Face à cette impasse, la location de matériel ne serait-elle pas une meilleure méthode de gestion ?
2009 ou 2016 ont été deux années très difficiles financièrement pour nombre d’agriculteurs de l’Oise. Nous attirons votre attention ces derniers temps sur le caractère structurel de la perte de compétitivité.
En moyenne, les charges de mécanisation ont augmenté de 100 €/ha ces dix dernières années, soit 20 % de hausse. Tout comme les autres charges qui augmentent de + 300 €/ha. Durant la même période, pas de hausse des rendements, ni des prix, mais une diminution des aides Pac. Il n’est pas possible de poursuivre ainsi. L’un des objectifs en matière de gestion est de saturer les moyens de production, ce que favorise la location.
Ne pas confondre avec le crédit-bail
Le contrat de location peut être conclu pour une courte période, ou pour une saison de travaux avec un engagement reconduit sur deux ou trois années. Mais contrairement au crédit-bail, l’objectif n’est pas d’acquérir le matériel, il n’y a donc aucune promesse de vente (option d’achat) à son échéance.
Quelle incidence sur la gestion de son entreprise ?
Acheter un matériel agricole est une décision qui procure souvent du plaisir, on acquière un bien. C’est le plus souvent sans conséquence financière immédiate. J’achète et j’emprunte le montant nécessaire au financement. Je rembourserai par la suite les annuités. Le coût de revient est rarement connu. On spécule sur l’absence de pannes et un bon prix à la revente.
Louer, c’est engager des charges tout de suite, pour utiliser un matériel qu’on n’aura plus ensuite. Le tarif est connu tout de suite, «Ça coûte cher». Petite vérification par l’exemple : aujourd’hui, si on me propose un contrat de location pour une moissonneuse-batteuse entre 70 et 80 euros hors carburant mais avec l’entretien. Est-ce intéressant ? Comparons avec le coût de revient de ma machine, 350 ch coupe de 6,5 m achetée 243.000 euros ; avec entretien et sans carburant ni main-d’œuvre.
Le coût de revient est donc similaire au tarif d’une location, et même plutôt supérieur si le matériel en propriété n’est pas saturé. Pour 300 ha par an, le coût de revient est plutôt de 90 €/ha.
Objectif de saturation des moyens de production
Notre exemple illustre bien la nécessité d’utiliser au maximum les moyens de production. En saturant vos moyens de production,les coûts de revient diminuent, y compris avec un renouvellement rapide. C’est en ce sens que les solutions de location sont intéressantes, elles contribuent à la maîtrise des coûts, donnent de la souplesse de gestion et vous permettre de disposer d’un matériel fiable.
Par ailleurs, en réduisant le matériel stocké pour l’hivernage, on limite les charges supplémentaires pour la construction du hangar. On notera que certains agriculteurs font le choix de l’achat d’occasion car ils ne veulent pas ou ne peuvent pas saturer le matériel à cause de leur parcellaire ou des jours agronomiquement praticables. Pour saturer, il faut un assolement diversifié ou partager le matériel avec un agriculteur qui est en maturité décalée.
Les offres de location diffèrent selon le type de matériels ; tracteurs, moissonneuses-batteuses, presses ou épandeurs. Le marché est en train de s’organiser pour répondre à la demande des agriculteurs, de plus en plus pressante.
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