L'Oise Agricole 06 avril 2023 a 08h00 | Par Vincent Fermon

LOA : ce que les Hauts-de-France veulent… et ne veulent pas

Installer et participer au renouvellement des générations, oui, mais pas n’importe comment. C’est à cette question centrale qu’ont tenté de répondre les participants à la consultation régionale qui s’est tenue dans les Hauts-de-France pour contribuer aux projets de pacte et de loi d’orientation et d’avenir agricoles.

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La restitution de la concertation régionale pour l’écriture des projets de pacte et de loi d’orientation et d’avenir agricoles a rassemblé Conseil régional, Chambre d’agriculture, Draaf et OPA à Amiens le 31 mars.
La restitution de la concertation régionale pour l’écriture des projets de pacte et de loi d’orientation et d’avenir agricoles a rassemblé Conseil régional, Chambre d’agriculture, Draaf et OPA à Amiens le 31 mars. - © PN

À l’issue d’une consultation éclair - elle avait été lancée le 10 février dernier -, les participants à la consultation régionale en vue d’enrichir la future Loi d’orientation de l’agriculture (LOA) ont pris connaissance vendredi dernier (31 mars) des propositions issues de trois groupes de travail.

Ce qui en est ressorti ? Un catalogue de mesures destinées à faire en sorte que l’agriculture des Hauts-de-France reste diversifiée, compétitive et productive, condition principale pour permettre le renouvellement des générations. Ces mesures vont désormais alimenter la réflexion nationale qui aboutira à l’écriture d’une loi d’orientation attendue dans les prochains mois.

Changement de pratiques et transition

Si cette consultation a été l’occasion de rappeler le statut de leader des Hauts-de-France dans un certain nombre de productions, ses participants ont tiré la sonnette d’alarme sur d’autres aspects, et en particulier l’élevage associé à la polyculture. Partant du principe selon lequel l’activité d’élevage permet à la fois «une diversité des productions, le maintien des surfaces de prairies qui favorisent l’infiltration de l’eau et préservent la qualité des captages d’eau potable, des rotations plus longues ou encore une fertilisation organique raisonnée et durable», une bonne part des enjeux liés à l’environnement trouve réponse dans le maintien d’une activité d’élevage forte. Pour qu’elle ait un avenir, l’agriculture des Hauts-de-France devra être aussi en capacité de s’adapter au changement climatique, et d’engager des transitions, ont ensuite souligné les acteurs de la concertation régionale.

Concernant la production d’énergies renouvelables par les agriculteurs, si tous sont d’accord pour qu’un accompagnement soit proposé, des garde-fous devront être posés, comme l’a souhaité Raphaël Catteau : «Attention au photovoltaïque au sol…, a souligné le représentant des JA de la Somme. Ce n’est plus de l’agriculture. Il faut être prudent sur la notion de terres les moins productives qui peuvent sembler peu productives chez nous et qui seraient parmi les meilleures dans d’autres régions…»

Pour Simon Ammeux, président de la FRSEA Hauts-de-France, «le maintien de systèmes performants passera par des mesures réglementaires à adapter et un accompagnement des investissements à la hauteur des demandes». Quant à l’accès à l’eau, il devra être «garanti» et adapté en fonction des besoins, a rappelé Laurent Degenne, président de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France.

Mais interrogé sur le changement de pratiques et des réglementations qui se durcissent, le Draaf Bjorn Desmet a toutefois appelé les futurs agriculteurs à tenir compte d’un contexte vivant : «Dans tout projet d’installation, il faut tenir compte des évolutions à venir et anticiper autant que possible. Garantir que rien ne changera, ce n’est pas possible…»

Installation et formation

En ce qui concerne le renouvellement des générations à proprement parler, et d’une manière générale, tous ont partagé le besoin de créer des mesures incitatives à destination des cédants et des propriétaires pour installer des jeunes.

Dans le détail des propositions, on trouve par exemple une proposition consistant à mettre en place un droit à l’essai. Le principe ? Permettre à un candidat à l’installation de tester pendant un certain temps le métier d’agriculteur avec la possibilité de faire machine arrière. Une autre proposition consiste à ajouter un volet formation au Point Accueil Installation Transmission (PAIT) dont la mission consiste déjà à accueillir, informer et accompagner des porteurs de projet ou de futurs cédants.

Outil de reconquête de souveraineté

De l’aveu du directeur régional de l’agriculture et de la forêt des Hauts-de-France, Bjorn Desmedt, la consultation qui s’est conclue le 31 mars dernier est l’occasion de «poser les jalons d’une réflexion sur ce que nous voulons pour l’agriculture de cette région». «Le fait pour cette région de défendre une agriculture productive sera noté dans le préambule du bilan de la consultation régionale qui sera transmise à l’échelon national».

Après avoir salué la volonté de l’État d’associer les Régions de France dans la consultation, Marie-Sophie Lesne a insisté sur un besoin de stratégie : «On attend de l’État qu’il réaffirme le rythme auquel il veut aller et quels moyens il est prêt à y consacrer». Et la vice-présidente du Conseil régional des Hauts-de-France d’appeler à ce que «les bonnes pratiques soient diffusées plus vite».

Laurent Degenne s’est lui aussi félicité du travail de concertation accompli : «Nous verrons bien ce que la consultation nationale retiendra de nos propositions, mais en attendant, ici, cela a valeur de pacte régional pour partir à la reconquête de notre compétitivité. Car c’est uniquement par ce biais que l’on pourra participer au renouvellement des générations», a-t-il affirmé.

 

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