Les trois mesures de cinq enseignes pour les agriculteurs
À l’exception d’E. Leclerc, les principaux distributeurs veulent porter secours aux agriculteurs en facilitant l’accès à certains aux magasins, en écoulant mieux les fruits et légumes en cas de pics de production, et en créant un «observatoire des filières d’avenir». Le groupement Les Mousquetaires a annoncé des mesures complémentaires de son côté.

Les distributeurs français étaient tous là, ou presque, le 26 février au matin, au Salon de l’agriculture. Réunis autour de l’animatrice Karine Le Marchand (L’amour est dans le pré), les dirigeants de Carrefour, Coopérative U, Intermarché, Auchan et Casino ont dévoilé trois mesures censées porter secours au monde agricole.
La première s’intitule «L’amour est tout près», et s’adressera aux petits agriculteurs en difficulté qui transforment eux-mêmes leurs produits et qui n’ont jamais travaillé avec des GMS. Ils pourront commercialiser leurs produits dans des magasins à moins de 100 km de chez eux, avec une signalétique spécifique comprenant, éventuellement, l’image de l’animatrice. «On lance un appel aux petits agriculteurs en difficulté : on va leur ouvrir les portes des magasins pour écouler leurs produits sans intermédiaires et au prix qu’ils fixent eux-mêmes, sans discussion», a détaillé Dominique Schelcher, PDG de la Coopérative U. Les distributeurs s’engagent aussi à payer sous un délai maximum de trente jours, soit bien plus vite qu’habituellement.
Autre mesure censée améliorer les revenus des agriculteurs et «lutter contre le gaspillage alimentaire», comme l’a souligné Alexandre Bompard, PDG de Carrefour : des «alertes surproduction» en cas d’afflux important de fruits et légumes entraînant une baisse des prix. Les distributeurs comptent sur les médias grand public pour informer et expliquer à l’occasion de ces alertes et faciliter ces ventes. Selon les distributeurs, certains médias ont été approchés.
Un observatoire pour les futures filières
Enfin, la grande distribution veut créer un «observatoire des filières d’avenir» pour «engager une réflexion sur les filières agricoles à accompagner en vue de se pro- jeter sur des contrats d’achat longue durée (de trois à cinq ans)». Des produits comme les fruits secs majoritairement importés pourraient être relocalisés, selon les initiateurs de cet observatoire, qui doit mettre en place au cours du 1er semestre 2025 son comité de pilotage.
Ces annonces n’ont pas manqué de faire régir la Coopération agricole pour qui «réunir cinq distributeurs autour de Karine Le Marchand ne suffira pas à sauver l’agriculture française ni à rééquilibrer les rapports de force», comme le souligne Dominique Chargé, son président. Et de s’interroger sur la solidité des engagements pris face à la première tension commerciale ou pressions économiques. «Dans un contexte géopolitique incertain, j’en appelle à la responsabilité des distributeurs et des consommateurs. Coopérons pour préserver notre souveraineté alimentaire. Soyons, plus que jamais, patriotes dans nos choix alimentaires», souligne Dominique Chargé.
Reste à savoir quelle sera la portée de cette initiative en l’absence du premier distributeur, E. Leclerc, et même si Alexandre Bompard s’est montré optimiste quant à sa mobilisation prochaine autour de cette initiative. Autre écueil : les nombreux critères (onze dont des engagements RSE et sanitaires) à respecter pour qu’un agriculteur soit éligible à la vente de ses produits transformés en magasins. Il faudra aussi associer les différentes parties prenantes (Chambres d’agriculture, les interprofessions, etc.) pour maximiser l’impact de ces initiatives, dont le déploiement est programmé pour le 1er semestre 2025, avant un bilan prévu lors du Sia 2026.
Mesures spécifiques chez les Mousquetaires
Plus tôt, le même jour, le Groupement Mousquetaires avait diffusé un communiqué annonçant des mesures prises au niveau de l’enseigne en faveur du monde agricole. L’enseigne coopérative lance ainsi «Intermarché Terroirs, appellation qui regroupe l’ensemble des produits frais traditionnels d’origine française (viande, produits laitiers, fruits et légumes)». Le déploiement a débuté le 24 février, avec des produits de boeuf et de porc. L’enseigne prévoit 150 références disponibles en mars et 585 références à terme, soit plus de 60 % des produits frais traditionnels sous MDD Intermarché.
Par ailleurs, le Groupement Mousquetaires et son association Agrimousquetaires ont remis un chèque d’un montant de 550 000 €«pour accompagner les projets menés par 116 exploitations, en lien avec des problématiques de renouvellement des générations et des sujets environnementaux.» En 2025, de nouveaux appels d’offres sont prévus concernant les filières lait et boeuf. L’enseigne compte aussi étendre ses accords de contractualisation à de nouvelles filières telles que la poire, le reblochon et le boeuf.
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