Chambre d'agriculture: les trésoreries en exploitations agricoles de plus en plus tendues
Une session de la Chambre d’agriculture était organisée le 14 juin à Gerberoy.
Il s’agissait d’une session budgétaire pour l’adoption du budget rectificatif 2016. Adopté à l’unanimité, il est «sensiblement identique au budget initial», expliquait le président Jean-Luc Poulain. Le déficit de la section de fonctionnement reste de près de 500.000 euros ; par contre, les investissements sont revus à la baisse, du fait de l’abandon - peut-être provisoire - d’un projet de construction à Beauvais.
A noter une hausse du produit des prestations, appelées à se développer du fait du gel imposé du produit sur la taxe foncière et la baisse régulière des aides publiques. La priorité reste le développement agricole.
Habituellement, le vote du budget rectificatif de la Chambre départementale d’agriculture a lieu courant septembre. Mais la directrice, Yvette Autricque, qui a fait valoir ses droits à la retraite, avait souhaité mener cet exercice difficile avant son prochain départ. C’est la raison pour laquelle cette session s’est déroulée à Gerberoy, où elle habite.
Difficultés économiques
Une session de Chambre d’agriculture est toujours l’occasion de faire le tour de l’actualité, surtout en présence des représentants de l’État, le préfet en premier lieu, et le directeur départemental des territoires. Jean-Luc Poulain a rappelé les grandes difficultés de trésorerie que vivent les agriculteurs, toutes structures et toutes productions confondues. Ces difficultés sont parfois cumulées à la banque, chez les fournisseurs ou à la coopérative, et les phénomènes météorologiques récents risquent d’ajouter aux difficultés.
Et si côté prix, le blé connaît une petite amélioration, ce n’est pas le cas du lait : Alain Gille n’avait «pas de note optimiste» à donner, le prix du lait est descendu à moins de 300 euros aux 1.000 litres, un prix de 245 € est annoncé par Lactalis.
D’où la constatation d’un nombre croissant d’abandons de production laitière : le nombre de points de collecte a diminué de 4 % depuis le début de l’année. Un faible motif d’espoir pourrait venir du projet de loi Sapin 2, qui prévoit davantage de transparence des prix au sein de la filière, jusqu’à la distribution.
Hélène Beaudoin a rappelé par ailleurs les états généraux de l’élevage, dont une première phase s’était tenue le vendredi précédent à Lille, à l’initiative du Conseil régional qui fait preuve «d’une grande écoute». Un état des lieux précis est en cours de réalisation, qui devrait déboucher sur des soutiens. La Région aide à la réalisation de diagnostics qui sont proposés à tous les éleveurs et réalisés par l’un des quatre auditeurs au choix : la Chambre d’agriculture, les deux centres de gestion (AS60-AGC et CERFrance 60) et Avenir Conseil Élevage. Pour l’instant, 99 éleveurs de l’Oise y ont souscrit et Jean-Luc Poulain conseille à tous les éleveurs de participer à ce programme qui devrait déboucher sur des actions pour maintenir et dynamiser l’élevage dans notre région.
Puis Bruno Haas a dénoncé une mesure prise par l’État en matière de MAE territoriales : les règles de seuils de traitements phytos pour le calcul des IFT, ce qui empêche les agriculteurs de respecter leurs engagements. D’où le conseil donné aux agriculteurs d’être prudents dans leurs engagements. Bruno Haas traduisait le mécontentement profond des agriculteurs face à l’abandon d’un programme cité en exemple pour la protection des bassins d’alimentation de captage. Il n’existe plus de mesures contractuelles proposées par l’État dans ces périmètres où les conditions de production sont très réglementées.
Enfin, un motion a été présentée par le FDSEA qui réclame le paiement du solde des aides Pac 2015 et demande la prolongation du plan d’urgence pour l’élevage et le report de l’obligation de mise aux normes, prévue pour fin 2016 pour certains éleveurs.
Cette motion, votée à l’unanimité, va être transmise par le préfet aux ministères de l’Agriculture et de l’Environnement.
Yvette Autricque reçoit la Légion d’Honneur
Une cérémonie particulière était organisée après cette session de la Chambre d’agriculture en l’honneur de sa directrice, Yvette Autricque, à la fois pour sa remise de médaille de chevalier de la Légion d’Honneur et pour son prochain départ à la retraite.
C’est Jean-Luc Poulain qui lui a remis cette distinction. «C’est un talent de la société civile qui est honoré aujourd’hui» disait le président de la Chambre d’agriculture, en rappelant le parcours de formation et professionnel d’Yvette Autricque qui a passé «37 années au service de l’agriculture».
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