«Notre pôle protéagineux présente particulièrement bien car des pluies sont intervenues juste après les semis de mars et, malgré la sécheresse qui a suivi, les dernières précipitations ont entraîné une belle pousse», se réjouit Sophie Wieruszeski, référente régionale de la plateforme de Catenoy, venue réalisée des comptages ce lundi. Six variétés de lupins blancs et deux bleues commencent à fleurir. «Le taux de levée moyen est de 80 %, ce qui est un excellent résultat, une variété arrive même à 96 %, c'est exceptionnel !» Sur les micro-parcelles, sont comparés des semis avec inoculum, et des semis sans, à l'avantage des premiers sur le plan visuel.
À côté, des lentilles mesurent déjà 20 cm ; des blondes, des vertes, des noires, des corail et une variété fourragère s'étalent, déjà bien développées. Toutes destinées à l'alimentation humaine, elles peuvent répondre à la volonté de diversification des agriculteurs de l'Oise, tout en accentuant la part de protéines végétales dans l'alimentation humaine.
Tout comme le pois chiche qui lève. Il répond également au contexte de changement climatique et les Chambres d'agriculture veulent mesurer la faisabilité de cette production dans le contexte régional, tout en sélectionnant les variétés les plus adaptées.
Avec le succès du soja qui peut atteindre des rendements de 25 à 35 q/ha, le pois chiche, dont les besoins sont similaires, pourrait intéresser des producteurs. Reste encore la prédation par les pigeons qui semblent l'apprécier.

Lutter contre les oiseaux
Originalité de la plateforme qui met en avant des protéagineux dont les corbeaux et les pigeons peuvent anéantir les semis, des essais sont consacrés à la lutte contre ces oiseaux. Plusieurs stratégies sont testées dont une qui consiste à semer une culture qui servira d'appât. Par exemple, de l'orge de printemps, de la féverole ou du blé, détruits ensuite en post-semis.
Des essais sont aussi menés pour un effet de répulsion : par exemple, des macérations huileuses d'ail, que l'agriculteur peut fabriquer lui-même, des huiles essentielles ou du piment peuvent être pulvérisés ou utilisés en enrobage de la graine.
Plusieurs modalités sont testées en ce sens, notamment sur tournesol, soja et maïs, plantes particulièrement appréciées des oiseaux.
À ce stade de la campagne, quelques enseignements peuvent déjà être tirés. Le tournesol est le moins appétent des trois avec un taux de perte à la levée de seulement 15 %, alors qu'il peut atteindre 90 % pour certaines parcelles de maïs ou de soja.

Des essais plus classiques
Bien entendu, les visiteurs pourront découvrir les traditionnels essais variétés, dont ils sont friands, notamment en blé. Cette année, à part la rouille jaune, la pression maladies a été faible. «C'est déjà visible sur des variétés mal notées sur ce critère comme Broadway, Crossway et Sacramento», confirme Sophie Wieruszeski.
Sur les 36 variétés présentes sur la plateforme de Catenoy, dix nouvelles variétés, qui seront commercialisées pour les semis 2022.
Chacune des variétés est testée sous deux modalités : avec un traitement fongicide en deux passages et sans fongicide, afin de mesurer l'impact de la maladie sur le rendement et sur la marge.
Des essais de protection foliaire contre les maladies sont réalisés avec des produits alternatifs de bio-contrôle notamment.
«L'idée n'est pas de soigner mais de donner à la plante tous les éléments dont elle a besoin pour être en bonne santé donc en mesure de résister à la pression maladie», détaille la conseillère.
Ces produits peuvent être des phosphanates, du soufre, de la silice, mais aussi des oligo-éléments comme le bore qui permettent à la plante d'atteindre un équilibre osmotique et ionique qui la rendent plus résistantes. Cela peut être aussi des extraits fermentés comme le purin d'ortie, des recettes de grand-mère qui visent une meilleure interaction entre la plante et le sol.
Ces expérimentations donnent de bons résultats en laboratoire mais plus difficilement en parcelles car de nombreux biais interviennent : le type de sol, la proximité d'un bois...
Les agriculteurs qui utilisent ces méthodes que l'on pourrait rapprocher de la médecine douce obtiennent des résultats et les Chambres d'agriculture veulent tester ces techniques pour les mesurer et les valider.
Les résultats des essais seront mis à disposition de tous. D'ici là, chacun est invité à venir constater sur place à Catenoy la pertinence de ces démarches.