Les producteurs d'oléagineux-protéagineux en attente de perspectives
Les 5e rencontres Oléopro se sont déroulées le 11 décembre à Montrouge, dans les Hauts-de-Seine. L'occasion pour les représentants des producteurs d'oléagineux et de protéagineux d'insister sur le besoin de stabilité politique pour donner des perspectives à une production stratégique.
Gilles Robillard, administrateur de la Fédération française des producteurs d'oléagineux et de protéagineux (FOP) dégaine le premier : «Il existe une réelle ignorance de nos enjeux de production de la part des politiques», déclare-t-il, pointant du doigt aussi bien les élus nationaux qu'européens. Cette méconnaissance est préjudiciable dans la pratique au quotidien, en raison des contraintes législatives et réglementaires qui «pèsent sur nos productions» et des injonctions contradictoires qu'elles peuvent faire naître entre un règlement européen et un arrêté municipal par exemple...
Cette incapacité politique se traduit également dans l'inaction, explique en substance Isabelle Weber, directrice des Affaires réglementaires de Saipol qui s'inquiète de la fraude, en Europe, des «Used Cooking Oil (UCO)» (lire encadré). Le sentiment de ne pas être entendus fait «que nous montrons parfois les muscles», a enchaîné Fabrice Couturier, administrateur de la Fop. Il n'est pas démenti par le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, qui juge que la «situation est confuse depuis un an». «Nous voulons un avenir, des perspectives, mais toutes nos propositions sont tombées à l'eau avec les changements de gouvernement, la dissolution puis la censure», s'exaspère-t-il.
Chaîne de commandement
Dans un discours aux accents très syndical, et sûr d'être entendu par un public qu'il connaît bien, Arnaud Rousseau assure que «le combat continue (...) Il n'y a pas d'autre alternative car nous portons un projet de responsabilité», en opposition aux politiques actuels «qui ne maîtrisent rien». Il demande d'ailleurs à l'exécutif de fixer un cap. «Il faut des décisions, donc un gouvernement et un parlement opérationnels» qui développent une vision stratégique sur le rôle de l'agriculture pour les prochaines décennies.
«La capacité à renouveler les générations, c'est maintenant», harangue-t-il demandant qu'il y ait «une chaîne de commandement, des financements et des combattants». Pour Arnaud Rousseau, il faut jouer collectif car «on ne s'en sortira pas tous seuls face aux enjeux économiques, commerciaux, géopolitiques et environnementaux», a-t-il conclu.
Rendre le pois plus attractif
Pour relancer la production de pois protéagineux qui a chuté de 700 000 ha dans les années 1990 à 150 000 ha (2024), l'interprofession Terres Univia veut notamment conforter la recherche sur la génétique afin que cette plante soit plus résiliente à différents facteurs (stress hydrique...). Son président, Benjamin Lammert, également président de la Fop a demandé la poursuite du financement public du projet de recherche variétale Pea Forever. 50 millions d'euros seraient nécessaires sur quatre ans mais ce programme est suspendu à l'adoption du projet de loi de finances 2025. Pour Adrien Dupuy, administrateur de la Fop, il faut environ sept à dix ans pour obtenir de nouvelles variétés. Il souhaiterait aussi que le pois protéagineux ne soit plus une «culture administrative pour aller chercher les quelques points de bonification qui manquent en fin de campagne». Selon lui, «rien n'est perdu».
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