Les prêts de soutien à l'agriculture prennent enfin forme
Alors que le nouveau gouvernement n'était pas encore nommé ce 12 décembre, Annie Genevard, ministre de l'Agriculture démissionnaire, est venue dans l'Oise. Sujet de la rencontre avec les élus locaux et représentants bancaires et agricoles : les prêts de soutien à l'agriculture.

En cette période de vacance gouvernementale, on peut dire que cela ressemble vraiment beaucoup à une visite ministérielle : forces de l'ordre déployées, Christian Guyard, sous-préfet de Compiègne, en uniforme, élus locaux écharpe en bandoulière, renseignements intérieurs, directeurs de cabinets... Mais ce n'en est officiellement pas une !
Les représentants bancaires ont pourtant été invités et le Crédit Agricole Brie Picardie est en force avec son directeur général adjoint, Alain Andréose, son responsable agriculture, Hervé Vandierendonck, des représentants, salariés et élus, de la caisse locale d'Attichy. Les Jeunes Agriculteurs, la FDSEA de l'Oise, Régis Desrumaux en tête, la Chambre d'agriculture de l'Oise avec son président Hervé Ancellin et la celle des Hauts-de-France avec Laurent Degenne sont réunis pour l'occasion à Jaulzy, à l'est de l'Oise. Le Crédit Mutuel et la Banque populaire sont aussi représentés.
Le convoi (officiel ?) arrive enfin et Annie Genevard, ministre démissionnaire à l'Agriculture, débarque tout sourire à la Ferme du Relais, chez Adrien et Jean-Marie Bouchez, polyculteurs maraîchers qui ont développé, le long de la RN 31, un magasin de vente directe. Elle salue tous les présents et entame une visite de l'exploitation avec Adrien Bouchez, jeune agriculteur, qui poursuit, à côté des grandes cultures, la diversification de l'exploitation.
Celui-ci fait part des difficultés qu'il rencontre suite aux mauvaises récoltes de l'année qui ont affecté toute l'agriculture française, auxquelles il faut ajouter la crise sanitaire en élevage, les contexte géopolitique et, tout dernièrement au niveau national, la motion de censure.
Comme pour Adrien Bouchez, le Crédit Agricole dit faire confiance à ses clients agriculteurs et peut adapter avec eux des mesures de report, mais cela s'avère insuffisant pour beaucoup. D'où la demande de la profession agricole de prêts de soutien à la trésorerie, à court terme ou long terme.
Un prêt de trésorerie
Annie Genevard, qui a arpenté le terrain depuis sa nomination, se dit à l'écoute des agriculteurs. Et, outre la simplification qu'elle avait entamée avec notamment le contrôle unique, elle vient signer sur cette exploitation un premier prêt de trésorerie avec Adrien Bouchez et le Crédit Agricole Brie Picardie. «C'est un prêt court terme de consolidation de la trésorerie sur 2 ou 3 ans, de maximum 50.000 euros. Le taux est bonifié grâce à l'effort consenti par les banques qui le proposeront et grâce à l'État : 1,75 % et même 1,5 % pour les jeunes installés», explique Annie Genevard.
Hervé Vandierendonck en précise les conditions : «Le jeune devra justifier d'une baisse de chiffre d'affaires au moins 20 % et d'une reprise à 60 % de la déduction pour épargne de précaution. C'est France AgriMer qui vérifiera les dossiers. Le différentiel entre le taux normal de 2,60 % et le bonifié appliqué de 1,5 % rentrera dans les minimis, lesquels viennent d'être heureusement remontés, grâce à la demande récurrente de la FNSEA, de 20.000 à 50.000 euros, avec transparence pour les Gaec.»
Annie Genevard ne doute pas que ces prêts, qui devront être signés avant le 30 mars 2025, auront des effets rapides dans les cours de ferme. Pour les prêts moyen terme (12 ans) avec garantie gratuite de l'État via la BPI (Banque publique d'investissement) demandés par la profession agricole pour répondre à d'autres besoins, des discussions sont en cours en ce qui concerne le taux qui sera appliqué. La garantie de l'État couvrira 70 % du montant.
Il faudra attendre le prochain ministre et Annie Genevard ne cache pas son envie de rester pour continuer le chemin entrepris : «Quand on met en place des mesures, il faut s'assurer que les demandeurs ne rencontreront aucune difficulté administrative qui les priverait des aides. Le diable se cache souvent dans le détail !» Exactement le cas des producteurs de chanvre dont le dossier ubuesque a été rappelé à la ministre démissionnaire.
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