Cette entreprise basée à Lévignen injecte du gaz vert produit à partir de déchets végétaux et fumiers agricoles dans le réseau de distribution de GRDF. Les trois exploitations agricoles alimentant le méthaniseur en intrants sont basées sur les communes de Bargny, Cuvergnon et Ormoy-le-Davien, afin de rester en circuit-court. En octobre 2020, lors de sa mise en service, Naturagaz était le 36e site de méthanisation par injection raccordée en région Hauts-de-France. 7e site raccordé sur le département de l'Oise, cette unité de méthanisation agricole participe au fort engagement régional, «faire des Hauts-de-France, la première région européenne de biométhane injecté» par sa valorisation économique et écologique du territoire.

Le projet a été développé avec le soutien de l'Ademe, la Chambre d'agriculture et GRDF. «Le réseau gaz est un maillon essentiel de la transition écologique et un outil structurant de l'aménagement du territoire. Il permet d'offrir des solutions pertinentes aux enjeux d'avenir : mobilité durable, qualité de l'air, sobriété et efficacité énergétique des bâtiments, traitement des déchets biodégradables, économie circulaire locale... L'utilisation du gaz vert, un gaz 100 % renouvelable, une énergie locale, source de développement économique est un des piliers qui permettra d'atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. Aujourd'hui, 58 unités de biométhane injectent du gaz vert dans le réseau de distribution de gaz de la région, ce qui représente 1 twh, la consommation annuelle de 270.000 logements neufs ou encore plus de 4.500 bus roulant au Bio GNV», explique Bruno Waterlot, expert gaz vert GRDF Hauts-de-France.

Un projet collectif

Lancés en 2019 par les trois agriculteurs, les travaux de terrassement ont démarré le 29 octobre. L'implantation a été choisie à plus d'un kilomètre des premières habitations. Au delà de l'aspect énergétique, les défis sont nombreux. L'évolution se fait vers des pratiques encore plus respectueuses du sol et de la biodiversité, avec des champs couverts plus longtemps, donc moins de ruissellement et d'érosion et plus de CO2 capté. Autre défi, le développement d'une exploitation en agriculture raisonnée pour des productions diversifiées, plus rustiques et moins sensibles aux aléas climatiques. Et pour finir, l'amélioration du bilan carbone avec la baisse d'utilisation des engrais de synthèse au profit de l'utilisation du digestat de méthanisation, dans une logique d'économie circulaire.

La production du site Naturagaz permet d'alimenter la communauté de communes Pays-de-Valois en gaz vert. Cette production de gaz renouvelable équivaut à la consommation annuelle de plus de 2.000 foyers (en consommation chauffage, eau et cuisson) ou encore plus de 60 bus fonctionnant au bioGNV. Cette énergie vertueuse et locale évite l'émission de plus de 25.000 tonnes équivalent CO2 de gaz à effet de serre.

Au-delà du maintien des trois exploitations agricoles et de leurs personnels, la société Naturagaz a permis de créer un emploi direct, mais aussi des emplois indirects. Des activités telles que l'exploitation du site, la surveillance de la qualité de production, la récolte des Cive, l'épandage du digestat, l'entretien des machines et des espaces verts du site.

Sur les fermes sont cultivées désormais des Cives, à destination du méthanisaeur. Les Cive sont semées entre deux cultures principales alimentaires (semis de printemps et d'hiver). Sous l'effet de l'énergie solaire, elles captent le CO2 grâce à la photosynthèse et le transforment en gaz vert par le processus biologique de la méthanisation. Les Cive permettent de lutter contre l'érosion des sols, contre le lessivage des nitrates, contre les mauvaises herbes. Les sols sont enrichis en carbone grâce aux racines de Cive et à l'épandage du digestat. À ce type d'intrants sont ajoutés les pulpes de betteraves, les résidus de cultures et poussière de céréales des exploitations (silos), les fumiers (équins). Cela constitue les 30 tonnes par jour co-produits qui alimentent le méthaniseur.

Avec l'entrée en vigueur de cette unité à Lévignen, l'Oise est le département ayant le plus adopté la méthanisation (une quinzaine d'unités), suivi de près par l'Aisne. L'objectif de GRDF est de mettre en route près de 20 méthaniseurs par an dans la région.