Les marchés «s’adaptent», selon Bruxelles
La Commission européenne salue, dans ses dernières perspectives agricoles à court terme, la résilience du secteur face à l’épidémie de coronavirus. Mais la crise qui en découle ne sera pas sans conséquences sur les filières.
Le secteur agricole de l’UE résiste plutôt bien aux nouvelles circonstances découlant de la crise du coronavirus, conclut la Commission européenne dans son dernier rapport sur les perspectives à court terme des marchés agricoles de l’UE publié le 20 avril son rapport. Face au défi sans précédent que constitue l’épidémie de coronavirus pour le secteur agroalimentaire de l’UE, celui-ci, se félicite Bruxelles, «réagit et s’adapte avec efficacité aux nouvelles circonstances, grâce aux mesures prises par la Commission européenne». Mais toutes les filières ne subissent pas cette crise au même degré, en raison des mesures de confinement, la demande alimentaire a fortement évolué : «Les comportements de stockage ainsi que la fermeture de restaurants, de bars et d’hôtels ont un impact direct sur les producteurs. D’une part, les aliments de base tels que les pâtes, le riz, la farine, les fruits et légumes en conserve sont plus demandés, bénéficiant du passage à la consommation à domicile. D’autre part, les produits de grande valeur, tels que les morceaux de viande de qualité, le vin et les fromages de spécialité – généralement consommés à l’extérieur – connaissent une baisse significative de la consommation», résume la Commission européenne.
Une transformation de la consommation
Pour le lait, la Commission européenne prévoit pour 2020 – comme en 2019 – une croissance de la production de 0,4 %, plus faible niveau enregistré depuis 2012. «Le pic annuel de la collecte de lait au printemps coïncide avec la pandémie actuelle. Des mesures restrictives pourraient remettre en cause la logistique de la collecte ainsi que les livraisons d’aliments pour animaux», estiment les experts bruxellois. La consommation de fromage de l’UE en 2020 pourrait légère- ment augmenter (+ 0,3 %) et les exportations pourraient continuer à augmenter, grâce à la demande des marchés asiatiques, ce qui entraînerait une hausse globale de la production de fromage.
Pour la viande bovine, là encore comme en 2019, la production devrait continuer de reculer en raison de la baisse des prix et de la réduction du cheptel. La baisse de la demande – liée à l’épidémie de coronavirus qui touche le secteur principalement en raison de la non-vente de découpes de grande valeur aux restaurants ou dans les rayons boucherie des supermarchés – et de la disponibilité entraînera une nouvelle réduction de la consommation de l’UE, prévoit Bruxelles. Pour les viandes ovine et caprine, touchées par la crise du coronavirus en pleine période de Pâques et de Ramadan, la production de l’UE devrait toutefois rester stable en 2020.
La production de volaille devrait, elle, continuer de croître, tirée par la demande en hausse en raison du remplacement par les consommateurs de viandes coûteuses par de la volaille. Mais le secteur sera quand même touché par la fermeture des restaurants pour certaines variétés telles que les canards. La production de viande porcine, enfin, devrait aussi augmenter légèrement cette année avec une demande soutenue de l’Asie (en raison des conséquences de la peste porcine africaine, notamment en Chine). Les exportations de l’UE devraient augmenter de 12 %, après une hausse de 17 % en 2019. Selon la Commission européenne, le secteur ne devrait pas être affecté de manière significative par la pandémie actuelle.
Les fruits et légumes et l’huile d’olive résistent bien
Pour le vin, la consommation de l’UE est fortement affectée par les mesures prises pour lutter contre la pandémie : si les ventes au détail augmentent, la consommation dans les restaurants et les bars a cessé, une évolution qui affecte surtout les vins mousseux et les vins de grande valeur. La consommation de vin dans l’UE devrait tomber à 108 millions d’hectolitres, soit 8 % de moins que la moyenne des cinq dernières années et les exportations devraient diminuer de 14 % en 2019/2020.
En ce qui concerne le secteur des fruits et légumes, la demande de pommes fraîches dans l’UE devrait être supérieure à la moyenne grâce à une augmentation de la consommation intérieure et l’impact de la crise sur les oranges sera limité. Le secteur de l’huile d’olive en difficulté depuis un an profite des mesures de confine- ment avec des ventes au détail qui augmentent. Une hausse de 13 % de la consommation est attendue. La production de sucre de l’UE en 2019-2020 devrait légèrement diminuer pour atteindre 17,4 Mio t.
La consommation devrait légèrement baisser en raison des fermetures d’usines dans l’UE et de la fermeture des services de restauration, malgré une certaine augmentation de la consommation domestique. L’année prochaine, la superficie consacrée à la culture de la betterave sucrière devrait encore diminuer de 3 % en raison des conditions de marché difficiles de ces deux dernières années. Enfin, la production céréalière de l’UE devrait diminuer légèrement, avec une production de 287,8 Mio t prévue pour la période 2020/2021. Pour les oléagineux la production de colza pour 2019/2020 devrait atteindre son niveau le plus bas depuis douze ans, soit 14,9 Mio t, avant de se redresser en 2020/2021.
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