L'élevage laitier fait partie du quotidien de Romane, élève au lycée agricole de Tilloy-lès-Mofflaines (62), puisqu'elle est fille d'éleveurs. Mais il n'empêche qu'un challenge comme Graine d'éleveur stimule encore plus son intérêt. «Nous avons visité un élevage du Ternois. L'éleveur nous a présenté sa façon de travailler, ses avantages, ses inconvénients... Et nous avons ensuite dû proposer des pistes d'amélioration. Le travail en collectif est vraiment motivant», confie-t-elle. Le travail de sa classe a été récompensé, puisqu'elle a décroché le trophée dans la catégorie BTS et CS lait. 270 élèves de 14 établissements y participaient cette année, et 200 d'entre eux passaient les oraux lors d'une journée de restitution, ce 16 mars, à Beauquesne (80).

Il s'agissait d'une édition spéciale, puisque le challenge est né il y a vingt-cinq ans tout juste, dans la Somme. «Tout a commencé par le constat que les jeunes avaient de moins en moins la vocation à devenir éleveurs et même à exercer un métier en lien avec l'élevage. C'est ce manque manifeste qui a poussé les professionnels des MFR et du contrôle laitier à mettre en place une opération d'envergure pour la promotion des métiers de l'élevage», rappellent Michel Duboelle et Arlette Lenne, membres fondateurs du concours. Rapidement, à la vue de l'intérêt pédagogique de l'événement, les autres départements des Hauts-de-France s'y sont associés.

Des apports d'experts

Le principe est le suivant : chaque classe inscrite visite un élevage laitier pendant la période hivernale. Lors des visites d'élevage, les élèves bénéficient des apports de l'éleveur et du conseiller d'élevage d'Avenir conseil élevage ou de Seenorest, qui enrichissent leurs réflexions ainsi que leur formation. Ces éléments techniques, économiques et humains sont la base d'un travail mené en classe. La journée de restitution est l'occasion pour les jeunes d'exposer à des jurés (éleveurs, professionnels des filières agricoles) le travail pédagogique qu'ils ont réalisé à partir des données de la visite d'élevage. Parallèlement, tous les participants ont l'occasion de découvrir un autre élevage, support de présentations concrètes d'un échantillon des métiers en lien avec l'élevage laitier. Cette année, rendez-vous était donné au Gaec Mercier, à Candas, où les éleveurs effectuent un gros travail sur l'autonomie alimentaire.

Pour Estelle Mullet, présidente d'ACE, la participation en nombre cette année encore montre que «il y a toujours des jeunes et de l'avenir dans l'élevage». Pour Emmanuel Noiret, vice-président en charge du développement agricole et de la ruralité au Département de la Somme, ce challenge apprend aux jeunes à porter un regard critique. «C'est en disant les choses telles qu'elles sont qu'on avance. Être éleveur, c'est une remise en cause quotidienne.» Et des éleveurs, le monde en a bien besoin. «Merci de vous intéresser à l'élevage. Merci de vous intéresser au lait, acquiesce Michel Guillou, directeur-adjoint de la Draaf Hauts-de-France. Sans élevage, nous n'aurions pas de paysages de prairies et de bocages qui préservent toute une biodiversité. L'élevage, c'est la vie.» Rendez-vous dans le Nord l'année prochaine pour une nouvelle remise en jeu des trophées.