Les Etats-Unis relancent la bataille du boeuf aux hormones
Sur le segment du boeuf aux hormones, les Etats-Unis menacent de mettre en place des droits de douane.

L’administration américaine a menacé le 22 décembre de rétablir les droits de douane qu’elle avait imposés il y a quinze ans sur différents produits comme le roquefort, la moutarde et les truffes pour un montant total de 116,8 millions d’euros par an. Elle accuse, en effet, les Européens de ne pas respecter les engagements pris au titre du compromis de 2009 sur l’interdiction européenne d’importer de la viande bovine provenant d’animaux traités aux hormones.
«L’Union européenne a entièrement rempli ses obligations, tant dans la lettre que dans l’esprit, a répondu le lendemain, dans un communiqué, la Commission de Bruxelles. La fin de cet accord et l’éventuelle application de droits de douane sur les exportations européennes aux Etats-Unis représenteraient un recul regrettable pour les fortes relations commerciales entre les deux parties.»
Tout en affirmant qu’elle «continuera à appliquer» l’accord de 2009, la Commission européenne se dit «prête à écouter l’administration américaine sur les sujets d’inquiétude qu’elle voudrait soulever.» La relance, par Washington, d’un conflit commercial engagé il y a plus de vingt ans, intervient alors que les négociations d’un accord de libre-échange bilatéral, le TTIP, sont en état de mort clinique depuis la victoire, le 8 novembre, de Donald Trump.
A qui cela profitera-t-il?
En 2009, les Etats-Unis avaient levé leurs sanctions contre l’Union européenne, celle-ci ayant accepté d’importer davantage de viande américaine de «haute qualité» (contingent de 45.000 tonnes), tout en maintenant son veto sur le boeuf aux hormones. Aujourd’hui, l’administration Obama assure que les Européens n’ont pas tenu leurs engagements en important majoritairement de la viande venant d’autres pays (principe du «premier arrivé, premier servi»).
La menace de Washington vise surtout la France, a réagi le président de la FNSEA, Xavier Beulin, qui chiffre l’impact potentiel d’une remise en cause du compromis de 2009 «dans une fourchette de 50 à 100 millions d’euros». «Probablement, côté américain, il y a cette intuition que l’Europe est fragilisée avec le Brexit, avec des Etats comme la France, comme l’Allemagne qui vont être soumis à des élections en 2017», estime-t-il par ailleurs.
Un accord qui «n’a pas fonctionné»
C’est le bureau du représentant américain pour le commerce (USTR) qui a annoncé, le 22 décembre, le lancement d’une action «contre les pratiques déloyales de l’Union européenne discriminatoires pour les importations de boeuf américain». A la demande du secteur de la viande bovine, «l’USTR a prévu une audience publique et attend les commentaires du public en lien avec l’interdiction de l’Union européenne frappant la plupart des produits bovins américains. L’interdiction de l’Union européenne n’est pas fondée sur des preuves scientifiques avérées et discrimine les éleveurs américains. Si l’action commerciale est relancée, les Etats-Unis instaureront de nouveau des tarifs douaniers sur une liste de produits importés de l’Union européenne».
L’USTR rappelle qu’«en 1998, l’Union européenne a perdu à l’OMC dans l’affaire de l’interdiction du boeuf américain». En 2009, «les Etats-Unis ont négocié un accord pour permettre un niveau modeste d’accès au marché pour du boeuf produit spécialement afin de répondre aux normes de l’Union européenne, mais cet accord n’a pas fonctionné comme prévu. La Commission européenne avait fait valoir que cette question serait résolue par le biais du TTIP, le traité prévu entre l’Europe et les Etats- Unis, pour libéraliser le commerce entre les deux régions.
Toutefois, compte tenu que les responsables européens ont décidé après leur réunion des ministres du commerce en septembre de ne pas conclure le TTIP cette année, il est temps maintenant d’agir». De toute façon, durant sa campagne électorale, le futur président Donald Trump avait affirmé qu’il souhaitait mettre fin à ces négociations.
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