Le vélo relie aussi les souvenirs
Des résidents et résidentes de l'Ehpad de Lusignan, à une vingtaine de km de Poitiers (Vienne), prennent la route à bord d'un triporteur et d'un tricycle. Une façon de retrouver des souvenirs d'antan, là où ils ont vécu.
«Mes parents étaient fermiers à Rouillé. J'y ai vécu toute ma vie. Et j'ai beaucoup marché et fait du vélo pour aller à l'école de Lusignan. On faisait les 119 coups à l'époque ! On est fou quand on est jeune !» Les souvenirs d'Édith, 96 ans, désormais résidente de l'Ehpad de Lusignan, dans la Vienne, la remplissent d'émotion. Elle est d'ailleurs ravie de participer à la belle action mise en oeuvre par l'animatrice, Marie-Thé Tarian, et l'enseignant en activité physique adaptée, Marco Paradiso, qui fait justement remonter tous ces souvenirs.
Soutenu par Grand Poitiers dans le cadre de l'opération nationale mai à Vélo, L'arbre au bout de la pédale, qui est le nom de leur projet, avait vocation à «remettre les personnes âgées en selle». Début juin, chaque jour de la semaine, ils sont donc partis de Lusignan pour relier Rouillé, Celles-L'Evescault, Saint-Sauvant ou encore Jazeneuil, à bord d'un triporteur et d'un tricycle.
Michel, 80 ans, est lui aussi plein d'émotions avant de prendre place sur le triporteur. Il va pouvoir pédaler à côté de Marco Paradiso. «J'ai fait beaucoup de vélo dans ma jeunesse, ça me fait bien plaisir de m'y remettre.» Comme d'autres des pensionnaires de l'Ehpad de Lusignan, il a pu s'entraîner auparavant sur un vélo d'appartement. Car si le projet a vocation à faire «voyager» les résidents, la pratique de l'activité sportive est un point important aussi. «C'est un projet où les résidents prennent ou reprennent conscience qu'ils sont vivants», estime l'animatrice. «Ils nous disent aussi qu'après cette longue année où ils sont restés enfermés, cette sortie, c'est une grande bouffée d'oxygène» complète Marco Paradiso.
Un retour aux sources
«On passe devant leur ancienne maison, leur école. Les souvenirs reviennent et le vélo y contribue parce que c'est un objet du quotidien de leur enfance. Nos résidents sont contents de sortir et ils nous ont dit combien ils étaient heureux, les cheveux au vent, même s'ils ont des casques ! Heureusement, même en juin, nous avons eu l'autorisation de faire ses sorties sans porter de masque», confie Marie-Thé Tarian.
Arrivés à destination, les résidents offrent un arbuste à planter à la mairie, ou au foyer-logement de la commune, où certains retrouvent d'ailleurs d'anciens camarades. «C'est pour nous le symbole de la vie. La période a été difficile pour tout le monde, mais c'est la vie qui gagne et on voulait montrer qu'en Ehpad, il y a beaucoup de vie !» assure Marie-Thé Tarian. L'animatrice a bon espoir de réitérer cette action, au-delà de l'opération nationale, mais aussi d'inspirer d'autres établissements. Le bonheur des animateurs et la joie observée dans les sourires et les regards sont eux forcément gravés.
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