Le Sival fait le plein
Pour les filières du végétal spécialisé, l’heure est à la réduction des pesticides. De nombreuses solutions étaient présentées au Sival.

654 exposants, 1 000 m² supplémentaires, de nouveaux événements, une ambition internationale affirmée, le Sival (Salon international des techniques de productions végétales), qui s’est déroulé à Angers du 15 au 17 janvier, confirme sa place de premier Salon français des fruits et légumes. 25 000 producteurs, chercheurs et expérimentateurs ont visité la 33e édition du Salon des fruits et légumes, de la vigne et du vin, de l’horticulture et des semences.
Plus que jamais, le thème dominant était la réduction des pesticides, souhaitée par les consommateurs et les distributeurs, et en réponse à une réglementation de plus en plus drastique. «La santé publique prime», a déclaré le 17 janvier le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, aux producteurs désorientés par les récentes interdictions de molécules.
Une voie, très présente sur les stands et les conférences, est l’agriculture biologique. «La demande en bio est en forte croissance, a souligné Inter Bio Pays de la Loire. Et les fruits et légumes sont les produits bio les plus consommés. 59 % des Français en consomment au moins une fois par mois.» L’offre toutefois reste encore trop limitée. En petits fruits rouges, 629 ha étaient en bio en 2017, surface insuffisante pour répondre aux besoins de la transformation, en plein essor, et qui amène les transformateurs à se tourner vers l’importation. «Pourtant, les distributeurs sont demandeurs de produits bio français», a insisté Jean-Michel Péard, président d’un réseau de fermes laitières bio utilisant des purées de fruits pour ses yaourts.
Et, au-delà du bio, toutes les filières cherchent à réduire les pesticides. Lancé en avril 2017 par Rougeline, puis développé au sein du Collectif Nouveaux Champs, le label «Zéro résidu de pesticides» est en plein développement. Parti de sept entreprises, le collectif compte aujourd’hui quarante-sept membres représentant 10 % de la production française de fruits et légumes. Vingt-cinq espèces sont labellisées et plus de vingt autres sont planifiées pour 2019. «La plupart des enseignes ont référencé les produits labellisés, et il y a une vraie plus-value pour les producteurs», assure Julie Sabourin, responsable qualité et technique du collectif.
Levier variétal et biodiversité
Pour réduire les pesticides, les résistances variétales sont essentielles. Une autre piste est l’utilisation d’auxiliaires naturels pour lutter contre les ravageurs. «Des bandes fleuries entre les rangs réduisent de 15 % les dégâts de pucerons cendrés sur pomme», rapporte Laurent Jamar, du Centre wallon de recherches agronomiques. Et d’autres solutions pour lutter contre les ravageurs du pommier sont à l’étude (haies, réduction des tontes, association de variétés, d’espèces, de cultures annuelles et de fruitiers…).
Un autre axe pour réduire l’usage des pesticides chimiques est le biocontrôle et les biostimulants. Définis dans le Code rural, les produits de biocontrôle sont des agents et produits utilisant des mécanismes naturels contre les ennemis des cultures. Ils comprennent des macro-organismes, des micro-organismes, des médiateurs chimiques et des substances naturelles.
Depuis 2008, le biocontrôle est encouragé en France par les politiques publiques et l’économie (filières, industriels, distributeurs). En 2017, il a représenté 140 M€ de chiffre d’affaires, soit 5 % du marché de la protection des plantes. Et l’ambition d’IBMA France, l’association des fournisseurs de produits de biocontrôle, est d’atteindre 25 % du marché en 2025. «En 2017, les ventes ont progressé de 9 % en agriculture et 76 % pour les jardins espaces verts», indique Denis Longevialle, d’IBMA France.
51 % des produits de biocontrôle sont des insecticides, 22 % des fongicides, 27 % des herbicides, anti-limaces et autres produits, contre 50 % d’herbicides, 25 % de fongicides et 19 % d’insecticides pour les pesticides de synthèse. «Il y a urgence à innover, notamment sur les herbicides, souligne Denis Longevialle. De nombreux produits sont en préparation.»
Les biostimulants, selon le projet de définition de la Commission européenne, sont des fertilisants qui stimulent la nutrition des végétaux indépendamment des éléments nutritifs qu’ils contiennent, dans le but d’améliorer l’efficacité de l’utilisation des nutriments, la tolérance aux stress biotiques, la qualité ou la mise à disposition d’éléments nutritifs dans le sol ou la rhizosphère.
Actuellement, bien que le terme «biostimulant» ne soit pas officiellement reconnu, les fertilisants revendiquant ces fonctions sont mis en marché sous AMM, souvent en mélange avec des supports de culture, engrais ou amendements. «Le marché est donc difficile à cerner, note Laurent Largant, d’AFAIA, le syndicat des fournisseurs d’engrais, amendements et supports de culture. Mais, globalement, les ventes augmentent de 10 % par an en France et en Europe.» Beaucoup reste à faire pour clarifier leur définition, les faire reconnaître et les normaliser. En mars 2019, un règlement harmonisé donnant une définition claire des biostimulants devrait être voté par le Parlement européen, pour une mise en application en 2022, ce qui devrait faciliter la mise sur le marché des biostimulants.
Des variétés plus adaptées au bio
Pour réduire les pesticides, les résistances et tolérances variétales deviennent essentielles. Parmi les produits récompensés par le concours Sival Innovation figure ainsi la variété de chou de Milan Cordoba (Syngenta), résistante aux trois principales maladies des choux.
En pomme, pour laquelle 20 % du verger français est en bio ou en conversion, la recherche de variétés spécialement adaptées au bio est désormais un axe majeur de sélection. «D’ici cinq ans, nous pourrons proposer des variétés de pommiers spécifiquement sélectionnées pour le bio, annonce Frédéric Bernard, d’IFO, structure de sélection du pépiniériste Dalival, des variétés plus résistantes à la tavelure et aux maladies de conservation, moins sensibles aux problèmes de calibre et à l’alternance, exacerbée en bio, et nécessitant moins d’éclaircissage.»
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