L'Oise Agricole 29 mars 2023 a 18h00 | Par Arnaud Fuchet

Le ministre de la transition écologique veut faire de l'agriculture «une alliée»

48h après Sainte-Soline et 48h avant la présentation du plan eau, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, s'est exprimé devant le congrès de la FNSEA dans un discours que ne renierait probablement aucun militant du syndicat majoritaire.

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Le ministre de la Transition écologique,
Christophe Béchu, a présenté
aux congressistes de la FNSEA son ambition et une méthode teintée de pragmatisme.
Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a présenté aux congressistes de la FNSEA son ambition et une méthode teintée de pragmatisme. - © A. F.

«On sait à quel point les ministres de l'écologie sont les amis de la FNSEA de manière générale, et la réciproque est vraie...», a-t-il ironisé en introduction, avant de poursuivre sur le sujet d'actualité brûlante de l'irrigation : «Il y a des gens qui, depuis leur canapé, tranquillement, expliquent les modèles sur lesquels il faudrait aller. Les slogans autour de l'accaparement de l'eau et de l'agribusiness, quand on s'adresse à une terre qui a des nappes phréatiques qui sont fuyantes, et sur lesquelles on a de la polyculture-élevage avec 400 exploitants qui sont concernés, on ne peut pas traiter ça de manière totalement théorique sans regarder les réalités qui sont derrière.» et de poursuivre «Si on prend des décisions en France, mues par une forme d'idéologie radicale, qui aboutisse à ce qu'on ait de la déprise agricole, pour augmenter les importations de produits qui sont fabriqués avec moins d'exigences environnementales, avec parfois davantage d'intrants, et avec un mix énergétique qui est plus défavorable à notre planète, on sera dans l'hypocrisie la plus totale.»

Faire de l'agriculture une alliée

L'urgence environnementale pointée par certains militants suppose, au contraire, selon le ministre, de «faire de l'agriculture une alliée. Les exploitants sont les premiers à avoir fait le diagnostic de la crise climatique. Ils sont aussi ceux qui peuvent développer les solutions qui sont les plus adaptées.» Pour autant, ce dernier rappelle aussi que «réformer en profondeur la gestion de l'eau pour être plus sobre n'est pas une option.»

Sur la méthode, Christophe Béchu compte s'appuyer sur «la planification écologique», aussi bien sur la question de l'eau que de celle des phytos : «Il faut regarder quels sont les intrants et les pesticides qui vont se retrouver dans le viseur, pour qu'on puisse planifier les solutions alternatives» avec toutefois un impératif : «celui des clauses miroir».

Du pragmatisme

Du pragmastisme, donc, dans les paroles d'un ministre de l'écologie, qui tranche sans doute un peu avec ceux de certains de ses prédécesseurs, mais pour lesquels la présidente de la FNSEA l'a tout de même appelé à la fin «à ce que cela puisse se traduire aussi en actes.» Sur le sujet des phytos, par exemple, «je crois que vous avez compris que harmonisation européenne, pas de surtransposition, du temps pour la recherche et l'accompagnement des agriculteurs sont les clés.»

Cette exigence de la présidente de la FNSEA a d'ailleurs été largement saluée par Christophe Béchu, ancien maire d'Angers, et attaché parlementaire sur la circonscription de Christiane Lambert, ce dernier pointant «la manière dont elle a porté, avec pugnacité, avec une façon très exigeante sur tous les sujets de défendre les intérêts de la ferme France avec, en plus, cette conviction patriote que défendre la ferme France, c'est défendre la France tout court.»

La délégation des Hauts-de-France a fait part de ses revendications et particularismes lors du huis clos du 77e congrès de la FNSEA.
La délégation des Hauts-de-France a fait part de ses revendications et particularismes lors du huis clos du 77e congrès de la FNSEA. - © Agence de presse

Au congrès de la FNSEA, les positions des Hauts-de-France affirmées

Les cinq présidents des FDSEA des Hauts-de-France réunis autour du nouveau président de la FRSEA ont porté à la connaissance nationale un certain nombre de revendications lors de la première journée du congrès de la FNSEA. Morceaux choisis.

L'agriculture de la région des Hauts-de-France était particulièrement bien représentée lors du 77e Congrès de la FNSEA, puisqu'un bus n'a pas suffi à l'emmener... Et elle s'est exprimée : Simon Ammeux, le président de la FRSEA a pris la parole pendant cette séquence pour demander de décliner le rapport d'orientation sur l'entreprenariat en prenant particulièrement en compte la sensibilité des sujets suivants : «le statut du fermage, qui est notre meilleur allié pour développer un outil de travail performant, dans une logique entrepreneuriale et non patrimoniale, mais qui est menacé par le projet de loi Terlier». Et de demander que le projet soit «fermement rejeté en bloc pour ne même pas arriver à l'Assemblée nationale». Sur la défense des moyens de productions, «nous demandons qu'il n'y ait pas d'interdiction sans solution économiquement viable, mais dans les faits, c'est tout le contraire : après le coup de rabot dans la filière betterave avec l'interdiction brutale des NNI, c'est la filière endive qui est menacée par l'interdiction de molécules indispensables. La filière sera dans l'impasse à partir de mai 2024. Est-ce qu'on reste spectateur du retrait un à un des molécules ou on arrive à inverser la tendance ?», a déclaré Simon Ammeux, avant de s'inquiéter de l'accès à l'eau. Enfin, il a martelé les attentes et exaspérations sur le ratio prairies, qui «pourrit la vie dans l'indifférence la plus totale depuis 2017». Aux congressistes concernés, la président de la FRSEA Hauts-de-France a demandé une «unité» pour «contester et stabiliser les chiffres du ministère», ainsi que des assouplissements à l'application du régime d'autorisation. «Notre élevage est en danger et tous les moyens doivent être mis en oeuvre pour le préserver.»

Pac, communication, foncier, souveraineté

Présidente de l'USA de l'Aisne, Charlotte Vassant a invité la FNSEA et le réseau à utiliser les moyens de communications pour instiller des réalités agricoles dans les solutions numériques reposant sur l'intelligence artificielle. Et de citer pour exemple le modèle de langage Chat GPT qui, par exemple, n'intègre pas le fait que la betterave ne fleurit pas dans son champ conversationnel. Laurent Veraeghe, président de la FDSEA du Nord a enfoncé le clou sur la proposition de loi Terlier, soulignant notamment que la proximité de la Belgique accroit la nécessité de préserver le statut du fermage en n'ouvrant aucune porte à la sous-location. Et d'annoncer que les FDSEA du Nord et du Pas-de-Calais organiseront le Congrès 2024 à Dunkerque (59).

Régis Desrumeaux, président de la FDSEA de l'Oise, a pour sa part défendu la situation des retraites infimes incompatibles avec la perception des aides Pac, notamment pour les agriculteurs ayant exercé un mandat local de maire ou d'adjoint. Il a aussi demandé à Arnaud Rousseau, en sa qualité de probable futur président de la centrale syndicale, d'être prudent et solide quant au traitement médiatique engagé et à venir du fait de sa candidature à la présidence de la FNSEA et de sa présidence d'Avril. Pour le Pas-de-Calais, Lucie Delbarre, présidente de la FDSEA 62 a pointé la nécessité de préserver dans la future LOA les fondamentaux d'une agriculture nourricière, permettant un renouvellement des générations au regard de la pyramide des âges. Et d'insister sur la préservation du statut du fermage et du foncier au déploiement de photovoltaïque au sol. Elle a enfin remercié Christiane Lambert pour son engagement total à la tête de la FNSEA, tout en aspirant à ce que la FNSEA veille à davantage coordonner les actions syndicales par des mots d'ordre nationaux.

Denis Bully, président de la FDSEA de la Somme, a quant à lui alerté la FNSEA sur la situation des Sociétés En Participation porteuses des assolements communs qui ne peuvent plus en l'état déposer de dossier Pac, ce qui va jusqu'à remettre en cause la capacité de déposer un dossier Pac, et une non-éligibilité aux écorégimes en cas de dépôts réindividualisés. Il a aussi fait remonter les difficultés juridiques ou réglementaires, lorsqu'elles sont interprétées à charge par des corps de justice ou de contrôle.

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