Le lait français résiste bien à la concurrence
Syndilait, l'organisation professionnelle qui regroupe en France la majorité des fabricants de laits de consommation liquides a présenté, le 24 avril, les chiffres du marché du lait conditionné. La filière s'inquiète des nouvelles règles françaises et européennes qui contraignent son développement.
bien consolidé ses positions sur la scène internationale. Les producteurs laitiers ont fourni un volume total de production de lait de vache de presque 23 millions de tonnes (Mt), soit le deuxième européen derrière l'Allemagne avec 31,5 Mt. Environ 12 % de ces 23 Mt (2,7 Mt) ont été transformés en lait liquides conditionnés. Elle en a exporté 98 600 t principalement en Italie (45 957 t/46,6 %) loin devant la Chine (4,4 %/4.338 t) et le Royaume-Uni (4,3 %/4.240 t). 55 % de lait conditionné envoyé hors des frontières françaises est destiné à l'Union européenne. En contrepartie, la France a importé 24.800 t de lait majoritairement de Belgique (65 %) et d'Allemagne (15 %). En volume et en valeur, le solde de la balance commerciale sur ce segment reste positif : +7 390 Mt et + 69 millions d'euros. La filière du lait conditionné reste toujours souveraine car depuis 2015, les importations de lait conditionné ont reculé de 90 %.
Prix moyen : 1,06 EUR/l
Sur le marché intérieur, la consommation globale du lait conditionné a légèrement augmenté, passant de 2,65 Mt en 2022 à 2,7 Mt en 2023, soit + 1,8 %.
«Cette hausse est notamment due à la reprise de l'utilisation du lait en restauration hors domicile», a expliqué Romain Duerbergue, président de Syndilait. L'activité a ainsi retrouvé sa consommation pré-Covid (2019). Cette tendance devrait s'accentuer à la faveur de la loi Climat et Résilience qui élargit, depuis le 1er janvier 2024 à la restauration collective privée, l'obligation de proposer au moins 50 % de produits durables sous signe d'origine ou de qualité. S'il s'est vendu un peu moins de lait conditionné en grande surface en 2023 (2,15 milliards de litres -Mdl
contre 2,19 Mdl en 2022), les grandes surfaces représentent toujours le meilleur vecteur pour vendre le produit : 98 % des volumes de lait UHT sont vendus en grande distribution. Le marché global sur ce segment a généré 2,7 milliards d'euros (MdEUR) de chiffre d'affaires, en hausse de
+ 13,4 % par rapport à 2022. Sans doute faut-il y voir un des effets de la hausse globale des cours qui «ont suivi et tenu compte de la hausse des coûts de production», a indiqué Romain Duerbergue. Le prix moyen du litre de lait conditionné est d'1,06 EUR, en hausse de 0,16 EUR par rapport à 2022. «Ce prix n'est pas usurpé», a témoigné Nicolas Houdmon, éleveur à Pommerieux (Mayenne) qui plaide pour une meilleure valorisation du métier et du produit. D'ailleurs, cette hausse de 16 centimes n'a eu «aucun impact sur la consommation», a analysé Emmanuel Vasseneix, vice-président de Syndilait. Mais 10 % du lait est encore vendu sous l'euro du litre. «Ça donne une mauvaise image du produit. À un euro du litre, est-ce qu'on vole le consommateur ? Je ne pense pas», a-t-il tranché.
Décarbonation
Emmanuel Vasseneix est, en revanche, beaucoup inquiet sur l'impact des règles juridiques, françaises et européennes, sur l'économie de cette filière. Syndilait est notamment très irrité par le Nutriscore qui a fait changer le lait de catégorie. Autrefois considéré comme aliment, il est désormais classé comme «boisson». Avec pour conséquence l'obligation pour les industriels d'aménager ou de changer leurs lignes de production pour doter les packs de lait de bouchons solidaires, comme les bouteilles d'eau en plastique. «Avec le bouchon solidaire (attaché, ndlr), on a bouffé du fric pour rien. L'argent aurait été mieux utilisé ailleurs (...)
Ce sont des investissements qui auraient été plus utiles dans d'autres secteurs, comme celui de la décarbonation», a-t-il lâché. «En 2024, je ne sais pas comment on va conditionner le lait», a-t-il ajouté pénalisant le manque de visibilité politique et technique de la loi (Agec) qui met fin aux bouteilles à usage unique. Syndilait n'en continue pas moins de poursuivre son plan 3R «Recyclage, réduction et réemploi» des emballages, en réincorporant 25 % de matière plastique dans leurs emballages à l'horizon 2025 et 30 % à l'horizon 2030.
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