L'Oise Agricole 28 avril 2022 a 09h00 | Par JCD

Le groupe Avril dépasse ses objectifs de rentabilité

Fort de ses bons résultats en 2021, Avril débloque une aide pour les éleveurs. Le groupe projette aussi d’accroître ses capacités de transformation d’huile de tournesol, dont la France manque à cause de la guerre en Ukraine.

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Malgré un contexte mondial très inflationniste des cours des matières premières, Avril a réalisé en 2021 une solide performance financière. Le témoin, selon le groupe, que son modèle comme sa stratégie sont «pertinents».
Malgré un contexte mondial très inflationniste des cours des matières premières, Avril a réalisé en 2021 une solide performance financière. Le témoin, selon le groupe, que son modèle comme sa stratégie sont «pertinents». - © Groupe Avril

Le leader français des huiles et protéines végétales Avril est en forme. Pour la quatrième année consécutive, il dépasse ses objectifs de rentabilité. Le bénéfice net a quasiment triplé en 2021, avec un Ebitda (équivalent de l’excédent brut d’exploitation) de 356 millions d’euros en hausse de 46 %. Cette performance est liée aux activités de première transformation (tourteaux et huiles raffinées) et énergies renouvelables (biocarburants), à celles dans la production d’ingrédients de specialité pour l’industrie (oléochimie notamment). Elles dégagent respectivement un Ebitda de 171 millions d’euros et de 95,7 millions d’euros.

D’autres activités ont été malmenées. Lesieur, l’une des marques phare du groupe, a souffert de la hausse de prix des matières premières. Conséquence d’«un environnement sous tension», la branche Grande consommation (huiles de table, condiments, savons, produits d’hygiène) dégage un Ebitda de 52,3 millions d’euros, en baisse de 17 %. Les activités agricoles (nutrition et spécialités animales, fertilisation, achat de matières premières, oeufs, porc) ont également été touchées par «l’incapacité à répercuter la totalité de ces hausses auprès des éleveurs partenaires, déjà fragilisés par des situations économiques précaires», souligne Avril. Elles sont à peine à l’équilibre, avec un Ebitda de 2 millions d’euros. Mais le groupe, dont le chiffre d’affaires bondit à 6,9 milliards d’euros (+ 19 %), fait valoir sa solidité financière. Les capitaux propres ont augmenté, passant de 1,71 milliard d’euros à 1,87 milliard d’euros.

Un fonds de 6 millions pour les éleveurs

Pour partager une partie de cette réussite, Avril débloque un fonds de 6 millions d’euros pour soutenir les éleveurs. «On a le devoir d’accompagner les filières plus en souffrance», a expliqué le directeur général Jean-Philippe Puig, le 14 avril. Cela concerne des producteurs touchés par le renchérissement des matières premières et qui n’ont «pas encore eu la possibilité d’augmenter leurs prix de vente». À compter du 1er juillet, la filiale d’alimentation animale Sanders leur proposera ce dispositif d’aides exceptionnelles. Objectif : soutenir l’installation de nouveaux éleveurs et la transmission des élevages, accompagner la modernisation et la durabilité des élevages, optimiser l’accès à la protéine dans la nutrition animale. Avril se mobilise par ailleurs pour éviter une pénurie d’huile de tournesol, un marché sous tension avec la guerre en Ukraine. Le groupe prévoit d’augmenter de 300 000 t ses capacités de transformation dans l’Hexagone, répondant à un objectif de hausse des surfaces cultivées annoncé par la filière. Il s’agit de triturer plus de 1 million de tonnes de graines de tournesol (contre 700 000 t de capacités actuelles) à l’horizon de «deux ou trois ans», précise Jean-Philippe Puig. Le projet vise à être proche de l’autosuffisance en huile, sachant que la France importe aujourd’hui plus de 130 000 t par an. Avec 1 million de tonnes de graines transformées, la filiale Saipol valoriserait plus de 50 % de la production nationale de tournesol.

Avril fait ainsi écho à l’ambition de la filière de porter ses surfaces à 900 000 ha d’ici à deux ans, soit + 30 % par rapport à 2021. L’enjeu est structurel, la France étant déficitaire. Mais cette dépendance vis-à-vis des importations est aggravée par la guerre en Ukraine, un fournisseur incontournable d’huile de tournesol. Il y a donc une dimension conjoncturelle dans l’objectif de 900 000 ha. Environ 800 000 ha sont prévus dès cette année, indique le président Arnaud Rousseau, également à la tête de la Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux. Et de souligner les atouts du tournesol, moins onéreux en engrais, en frais de séchage, plus économe en eau. Cette culture gagne d’ailleurs progressivement du terrain vers des régions plus au nord, à mesure que le climat se réchauffe.

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