Le Covid-19 ne rend pas chèvre la BarB’iquette
La crise sanitaire a fermé un nombre conséquent de marchés et de restauration collective. Ce qui a entraîné une situation particulièrement difficile pour les producteurs. Cependant, Sébastien Barbier et Véronique Madelaine, éleveurs de chèvres, ont su garder la tête hors de l’eau et surfent sur la vague de la consommation de proximité.
Ce couple, basé au Plessier-sur-Bulles, ne vit que pour le bien-être de ses animaux, une production de qualité et la satisfaction de sa clientèle. Alors que le Covid-19 paralyse le monde entier et bouleverse le quotidien, Sébastien Barbier et Véronique Madelaine ont pris le bouc par les cornes et ont su garder la tête froide pour maintenir à bien leur exploitation.
«Avant la crise sanitaire, la vente de nos produits fonctionnait très bien. On avait une clientèle fidèle à la ferme et sur les marchés», affirme Sébastien Barbier.
«On a eu vraiment peur sur le moment. Mais comme nous proposons de l’alimentaire, automatiquement, nous avons eu la chance de pouvoir continuer à produire et à vendre nos produits à la ferme. Nous avons eu l’avantage également de garder le marché de Compiègne qui n’a pas fermé ses portes grâce au maire qui a fait en sorte de respecter la sécurité sanitaire afin de maintenir le marché à petite échelle. De même, pour le marché de l’Isle-Adam qui a rouvert récemment, cela nous facilite la tâche au niveau des marchés. En faisant face à la situation, on n’est pas à plaindre. On a eu énormément de monde qui s’est déplacé à la ferme. Toute notre production est vendue ; par rapport à l’année dernière, on n’a aucun stock. Pour faire simple, aussitôt le fromage réalisé aussitôt vendu», poursuit-il.
Une bonne organisation, du bon travail
Face à la crise actuelle, les éleveurs ont dû modifier et réorganiser leur façon de travailler pour fournir les produits aux clients. Et cela passe par la diversification au niveau de la vente ! «Nous proposons des produits supplémentaires comme des légumes les producteurs locaux pour justement pouvoir développer une vente à la ferme de proximité. Les clients pourront ainsi se déplacer sur une courte distance et profiter d’un maximum de produits à la ferme et éviter les longs déplacements inutiles. Nous proposons des légumes, des farines, du fromage, des œufs, du lait, etc… Cela permet aux gens de faire leurs courses sur place. Le fait de collaborer avec d’autres producteurs comme la famille Lucien ou Anselme Beaudoin nous permet de proposer un large panel de produits mais après, notre priorité, c’est de vendre nos produits de chèvre et de brebis (rire). On n’est pas là pour remplacer un fromager, nous sommes et resterons producteurs !» explique-t-il.
Qui plus est, même avant le coronavirus, la question de l’hygiène chez un agriculteur/producteur reste très stricte. «Dans tous les cas, en tant que producteur et transformateur de fromages, on a déjà des règles sanitaires très strictes à respecter, surtout dans l’Oise. Du coup, la DDPP (Direction départementale de la protection des populations) fait en sorte que l’on respecte ces règles. On se lavait déjà les mains constamment, que ce soit pour la transformation ou la vente, on portait une blouse et on a acheté des serviettes jetables. Il n’y a pas vraiment de différence entre l’avant et l’après Covid au sein de notre exploitation. Cependant, on accentue cet effort sanitaire pour le respect de tous, notamment dans les marchés. On porte bien évidemment un masque, une visière, on nettoie constamment après le passage d’un client, on invite les gens à patienter, on donne nous-mêmes les produits. Tout ce processus permet de respecter une hygiène sanitaire à la ferme et en vente.»
La réorganisation de la BarB’iquette se fait aussi sur l’ouverture du point de vente, celui-ci est désormais ouvert tout au long de la semaine. «Tous les samedis matin, nous sommes au marché de Compiègne, nous sommes présents le vendredi et dimanche au marché de l’Isle-Adam. Avant la crise sanitaire, nous étions ouverts le mercredi et le samedi la journée à la ferme. Cependant, Covid oblige, nous avons décidé d’ouvrir notre point de vente du lundi au samedi de 15 h à 17 h 30. Entre temps, nous allons récupérer également des produits type légumes chez des producteurs locaux en petites et moyennes quantité trois fois par semaine en fonction de la demande, mais aussi pour éviter les stocks. Au lieu de concentrer nos ventes sur deux jours, on a plutôt préféré les étaler pour éviter un surplus d’affluence sur l’exploitation. Ma femme étant à l’extérieur pour servir les légumes et faire respecter les règles aux personnes qui patientent, m’envoie les clients un par un avec un listing des produits demandés afin que je puisse leur fournir les derniers produits.» ajoute-t-il.
Réapprendre à manger local
Les déplacements étant écourtés mais aussi très limités, les consommateurs ne viennent pas pour se procurer un ou deux produits, mais pour faire un stock avec de quoi de tenir la semaine.
Une bonne surprise : Sébastien Barbier ne s’attendait pas à un afflux aussi important sur son point de vente. «Avec le confinement, énormément de personnes se sont rapprochées de nous et ont surtout changé leur façon de s’alimenter. Enfin, tout est relatif, on ne peut pas changer du jour au lendemain (rire) ce qui est normal ! Cependant, on propose des produits de qualité à la ferme à des prix vraiment raisonnables. Il ne faut pas que les gens pensent qu’acheter chez le producteur va coûter plus cher qu’en grandes surfaces. Ils doivent prendre conscience que cela ne va pas coûter plus cher à long terme vu que les produits locaux sont de qualité.
Cela permet aussi aux gens d’avoir une alimentation saisonnière. On ne trouve pas de tomates en ce moment par exemple (rire). On espère vraiment que les gens prennent conscience de cela car on ne veut que leur bien-être avec une bonne alimentation qui leur permettra d’avoir une excellente santé. Et on a énormément de demandes pour ce type d’alimentation car cela permet d’essayer de passer le fameux cap ! On fait ça pour aider les gens et favoriser une bonne consommation» déclare-t-il.
Ce choix d’organisation du couple a été salué et sollicité par les clients. Selon le gouvernement, seuls les déplacements sur un rayon d’un kilomètre et d’une durée d’une heure sont autorisés, muni d’une attestation bien évidemment. Mais Sébastien et Véronique refusent tout de même certaines demandes. «Nous nous refusons de faire des journées portes ouvertes et des visites à la ferme. C’est catégorique ! Au delà de ça, les clients sont très satisfaits par rapport à la démarche car ils peuvent s’approvisionner dans un si petit secteur. Et ils nous incitent à continuer, ce qui nous donne du baume au cœur» confie-t-il.
L’après confinement...
Même si tout se déroule bien à la BarB’iquette, la situation après le confinement reste floue. «On attend de voir le contrecoup après le déconfinement. Dans tous les cas, nos clients fidèles le resteront, mais la nouvelle clientèle est-elle juste venue pour le moment ou bien elle reprendra son habitude à se déplacer dans les grandes surfaces ?» se questionne Sébastien Barbier.
Cependant, grâce et à cause de la crise sanitaire, le couple a pour projet fin 2020 ou début 2021 d’agrandir son point de vente. «Actuellement, on est dans un local de vente de 10 m2 et on n’a pas la possibilité de stocker ou de développer un peu plus. Il est donc de bon augure de créer un local de vente adapté aux nouveaux produits et à la demande des clients. Cela permettra de fournir des produits locaux de qualité et d’éviter que les gens achètent des produits bas de gamme venant de l’étranger et d’empêcher les mauvaises manipulations pour la sécurité sanitaire. Les producteurs sont là pour le bien-être de la population» conclut-il, sourire aux lèvres.
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