L'Oise Agricole 13 juillet 2023 a 09h00 | Par Alix Pénichou

«Le Comité régional grandes cultures garantit un contact avec l'État»

Le 28 juin, le Comité régional grandes cultures a élu pour trois ans son président, Luc Vermersch, et deux vice-présidents, Armel Lesaffre et Paul Jacquelin. Le représentant des producteurs (en tant qu'élu FRSEA), agriculteur à Ville-le-Marclet (80), fait le point sur le rôle et les actualités de cette instance.

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Qu'est-ce que le Comité grandes cultures des Hauts-de-France ?

Il est la déclinaison régionale des orientations nationales de FranceAgriMer. Pour les acteurs du monde agricole qui en font partie (producteurs, coopératives agricoles et négoces privés, industriels...), le principal intérêt est d'avoir un contact avec les services de l'État, en plus de la Draaf (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt) et de la préfecture. On émet des avis sur le fonctionnement des filières, on participe à l'élaboration des prévisions de rendement... Ce comité (ex-comité «céréales») a été renommé «grandes cultures» car, en plus des céréales, il a intégré les filières oléo-protéagineux, betteraves et plantes textiles. Il se réunit quatre fois par an.

Quel intérêt, pour la profession agricole, de garder un lien étroit avec FranceAgriMer, l'établisse-ment national des produits de l'agriculture et de la mer, qui applique entre autres certaines mesures prévues par la Pac ?

La procédure d'aval de FranceAgriMer est très importante pour nous. Après-guerre, l'Office du blé a été créée en 1936, devenu ensuite l'Office national interprofessionnel des céréales (Onic), puis FranceAgriMer en 2009, né de la fusion de cinq offices agricoles sectoriels. La procédure d'aval est issue de la loi du 15 août 1936 et se présente comme la contrepartie de la triple obligation imposée aux organismes col-lecteurs : se porter acquéreur de toutes les céréales qui leurs sont offertes, payer le prix intégral de celles-ci à la livraison, et dans le cas de livraisons différées, verser aux producteurs un acompte pouvant aller jusqu'aux deux tiers du prix final. Ces obligations faisant peser sur les collecteurs une forte contrainte de liquidité, l'aval constitue une garantie financière de FranceAgriMer en faveur des établissements de crédit, en contrepartie de l'octroi de financements des stocks de céréales des organismes collecteurs. En garantie, FranceAgriMer bénéficie du «privilège sur les meubles et effets mobiliers» sur l'ensemble des biens de l'organisme collecteur. Ce dispositif est plébiscité par le monde agricole et par les établissements de crédit.

Le sujet de la protéine faisait partie des sujets sur la table du Comité grandes culture ces trois dernières années. Est-il toujours d'actualité ?

La teneur en protéine du blé est en effet un fort enjeu collectif. C'est une préoccupation que pointe le forum blé tendre Nord-Seine-Normandie, qui regroupe le bassin de production des régions Hauts-de-France, Normandie et une partie du Grand Est (Ardennes et Marne). Ses travaux, menés avec Intercéréales et Arvalis, permettent de mieux identifier l'offre en fonction des débouchés des blés. Car au-delà du Matif (Marché à terme international de France), il y a un client, avec des attentes auxquelles il faut répondre. Et il s'avère que nos blés ont un taux de protéine en moyenne assez bas, par rapport aux exigences de certains clients, comme les pays du Maghreb. Ce n'est pas parce que notre blé s'est vendu à 350 EUR/t l'année dernière, et que nous avons su tout vendre, que la partie est gagnée. Nous savons que le blé ukrainien reviendra dans la partie, et celui-ci est très concurrentiel : plus riche en protéine, et vendu moins cher. L'accessibilité à de l'azote à prix correct, une réglementation qui permette des apports suffisants, ou encore des variétés propices sont des leviers sur lesquels il faut travailler.

Y a-t-il d'autres problématiques que vous souhaitez suivre particulièrement ?

Nous devons avoir un oeil sur tous les sujets d'actualité qui concernent nos filières grandes cultures. Inter-céréales et Terres Univia nous ont présenté leur projet de territoire témoin, qui s'inscrit dans la continuité des plans agroécologiques et PAT de la région, qui a pour objectif de s'assurer que les céréales seront toujours adaptés aux attentes des consommateurs de demain. Pour ce genre de projet, l'enjeu est de trouver le bon compromis entre attentes sociétales, réalités environnementales, productivité et qualité. Il en va de la compétitivité de l'agriculture régionale. Entre autres, nous sommes particulièrement attentifs aux interdictions d'utilisations de produits phyto de plus en plus fréquentes. Ces interdictions peuvent nous conduire à des impasses. Nous alerterons si, par exemple, ces impasses conduisent à un fort salissement des parcelles en graminées adventices, qui pour-rait créer un relai pour une contamination d'ergot sur les céréales, et compromettre leur commercialisation.

Vingt-cinq membres représentatifs des professions

Le Comité régional grandes cultures est composé de vingt-cinq membres, désignés par leur instance respective et répartis selon la composition suivante :

- au titre des coopératives de céréales : Laurent Bue, Thierry Dupont, Armel Lesaffre, Arnaud Venet

- au titre de la chambre régionale d'agriculture Hauts-de-France : Laurent Cardon, Hélène Painblan

- au titre des organisations syndicales d'exploitants agricoles représentatives : pour la FRSEA : Angélique Allouchery , Guillaume Chartier, Luc Vermersch ; Pour les JA Hauts-de-France : Benjamin Bizet, Raphaël Catteau, Benoit Vaillant ; pour la CR : Jean-Luc Allain, Régis Dubois

- Deux représentants des négociants : Maximilien Carré et Thibaut Charpentier

- Deux représentants des meuniers : Olivier Dubois et François Hoche

- Deux représentants des fabricants d'aliments du bétail : Henri Jobart (Snia), et David Saelens (coopération agricole nutrition animale)

- Deux représentants des entreprises opérant une valorisation des céréales : Paul Jacquelin et Delphine Sonneville

- Représentants de l'administration : le Draaf, le directeur régional des douanes et droits indirects, Marie-Sophie Lesne représentant le Conseil régional Hauts-de-France6

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