Le chiffre d'affaires pommes de terre frise les 10.000 EUR/ ha
De bonnes nouvelles en légumes, en particulier en pommes de terre. C'est ce qui est ressorti de l'assemblée générale d'Expandis qui a eu lieu le 28 novembre à Marchais sous la présidence de Bruno Demory.
Les chiffres sont au beau fixe pour Expandis. En pommes de terre, la commercialisation de la récolte 2023 a atteint 149.772 tonnes dont 92.097 en chips et 52.546 en frites. «Avec un rendement de 40,53 tonnes/ha, le chiffre d'affaires moyen base récolte s'élève à 7.734 EUR/ha, en hausse de 48,3 EUR/ tonne par rapport à la campagne 2022-23. A cela s'ajoute la prime de stockage moyenne de 55,01 EUR/tonnes soit un chiffre d'affaires moyen au 15 avril de 9.965 EUR/ha» se sont félicités les responsables de la coopérative. Pour la campagne en cours, les producteurs ont dû faire face à une faible disponibilité en plants et des semis retardés à cause des conditions humides du printemps. Mais malgré une forte pression mildiou, les rendements de la récolte 2024 de pommes de terre sont très bons avec cependant des difficultés de lavage pour certains lots et quelques problèmes de coloration affectant certaines variétés chipables. D'où l'importance de bien sécher les tas au stockage. «Nous prévoyons une augmentation de la rémunération de l'ordre de 10 EUR/ tonne pour la commercialisation 2024-25» ont avancé les responsables, annonçant déjà pour la campagne 2025-26, de nombreux prospects et une meilleure disponibilité en plants de pommes de terre.
Un besoin en salsifis
Avec une moyenne de 46 tonnes/ ha, les jeunes carottes ont toutes trouvé preneur et devraient rapporter 4.850 EUR/ ha contre 4.411 EUR/ ha l'an passé. Les grosses carottes devraient atteindre 5.465 EUR/tonne identique à 2023.
Expandis cherche toujours des nouveaux producteurs en salsifis. Cette culture technique qui nécessite des sols sableux a été payée 6.780 EUR/ha en 2023. Les oignons ont pâti de parcelles sales, de fortes attaques de mildiou et de conditions de récolte difficile. Les prix 2023 atteignaient toutefois le très bon chiffre d'affaires de 6.690 EUR/ha contre une prévision en 2024 de 6.176 EUR/ha pour les oignons blancs. En revanche, le chiffre d'affaires des oignons bulbilles est annoncé en hausse pour 2024 à 6.993 EUR/ha.
De leurs côtés, les pois ont, plus que les autres cultures, souffert des conditions climatiques humides cette année. «Les rendements sont historiquement bas, phénomène du aux maladies. Le prix généré atteignait 2.030 EUR/ ha en 2023 et devrait baisser à 1.380 EUR/ha pour 2024».
Les haricots, semés uniquement en seconde culture, tirent leur épingle du jeu grâce notamment à des bonnes conditions climatiques durant la campagne 2024, apportant de très bons rendements à 15,5 tonnes/ha et des prix en hausse pour un chiffre d'affaires moyen de 3.291 EUR/ha.
Poursuivre le plan stratégique 2025-2031
Même si les résultats agronomiques et économiques sont bons voire très bons dans l'ensemble, le président d'Expandis, Bruno Demory, entend poursuivre les efforts, notamment pour apporter de nouveaux services, et s'engager dans de nouveaux modèles de production. Le plan stratégique 2023-2030 pour adapter la coopérative légumière aux enjeux de demain et renforcer sa place sur les marchés est en cours de déploiement. La coopérative a déposé auprès de FranceAgrimer un nouveau programme opérationnel sur 2025-2031. Cette demande de subvention reprend la poursuite des mesures déjà engagées (notamment le financement des matériels de récolte de carottes) et ajoute la mise en place de nouveaux investissements couplés à des mesures environnementales. Ainsi, la coopérative prévoit l'achat de matériels de désherbage mécanique, d'un robot de désherbage ciblé déjà été testé en carottes et oignons. Enfin, la coopérative va s'engager en faveur du climat en favorisant la restauration du taux de matière organique des sols en favorisant l'apport de compost en amont de la culture de légumes. «Pour 2025, nous devons réinvestir le terrain en trouvant de nouveaux clients et des nouveaux producteurs de carottes, salsifis et pommes de terre. Des nouvelles commissions (jeunes et gestion des réclamations seront mises en place pour impliquer encore plus le conseil d'administration. L'équipe se dit prête à relever le défi des évolutions futures comme la diminution des phytos, les nouveaux systèmes de production, le RSE et les enjeux carbone».
Bas carbone : travailler ensemble
La transition était toute trouvée pour inviter Marc Braidy, président de La Coopération Agricole Hauts-de-France (LCA HdF), syndicat des coopératives de notre région, à aborder le thème de l'assemblée générale : carbone, comment adapter nos exploitations et nos coopératives ?. En 2050, l'agriculture sera le premier secteur émetteur et devra décarboner à hauteur de 46 %. Pour le secteur des grandes cultures françaises, plusieurs leviers seront à actionner en orientant les exploitations vers des systèmes bas intrants (50 % des exploitations en 2030, dont 21 % en agriculture bio), en allongeant les rotations (objectif de 2 millions d'ha de légumineuses en 2030), en développant les cultures intermédiaires ou encore en augmentant les pratiques visant à préserver la structure du sol (objectif de 1,9 million d'ha en agriculture de conservation des sols). Pour les éleveurs, cela passera par l'augmentation des surfaces d'agroforesterie intraparcellaire d'ici 2030 (sur prairies et terres arables), et par le développement des haies. Pour Marc Braidy, l'agriculteur doit être rémunéré pour ses pratiques bas carbone. Comment ? Par le cumul des primes de filière, de la vente des crédits carbone volontaires et nécessairement par des subventions publiques.
Car c'est bien l'argent le nerf de la guerre. Qui finance ? Comment ? Pour qui ? Le consommateur au travers d'une taxe ? «La prise de cette décision n'est pas le problème de l'agriculteur, qui, certes, émet le carbone, mais pour nourrir. C'est à la collectivité de prendre en charge ce poids financier». C'est pourquoi l'intervenant estime qu'il faut aussi travailler une stratégie multi-filières. «Les coopératives agricoles accompagnent et conseillent les agriculteurs, construisent les conditions de valorisation économique des pratiques bas carbone. Le secteur défend une comptabilité carbone adaptée au secteur agro-alimentaire» a expliqué Marc Braidy qui a conclu en détaillant les enjeux pour les agriculteurs et leurs coopératives : structurer les filières de la transition agro-écologique, s'assurer de déployer les méthodologies adéquates et compatibles à la CSRD (directive européenne sur les rapports de développement durable des entreprises), sécuriser la contractualisation avec l'amont et l'aval ou encore valoriser à sa juste valeur la réduction des émissions. Mais attention, «la décarbonation ne doit pas être une condition unique d'accès au marché sans valeur ajoutée économique» a-t'il insisté. «Les problématiques carbone et RSE vont donc impacter nos métiers. Nous devons nous y préparer en sachant s'entourer, comme nous le faisons avec LCA HdF, pour assurer la veille, et garder notre indépendance» a conclu Bruno Demory.
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