Le chantier du siècle a débuté
Le jeudi 13 octobre, les premiers grands travaux du Canal Seine-Nord Europe ont débuté entre Montmacq et Cambronne-lès-Ribécourt, dans l'Oise.
«Moment symbolique», «historique », « hors-norme», les éloges gargantuesques font écho dans la bouche des élus. «Le Canal est lancé, il n'y a plus de retour en arrière possible ! C'est un moment symbolique parce qu'on commence à creuser et il y a personne qui va reboucher», s'enthousiasme Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France. Long de 107 kilomètres, le Canal Seine-Nord Europe reliera l'Oise au canal Dunkerque-Escaut, de Compiègne (60) à Aubencheul-au-Bac (59), près de Cambrai. Le projet avait débuté avec l'appel de Péronne le 15 septembre 2017. Et c'est le 13 octobre, devant les pelleteuses qui ont déjà commencé à terrasser des milliers de mètres cubes de terre, que l'ensemble des acteurs ont participé aux premiers coups de pelle.
La réalisation d'une telle infrastructure fluviale est une première en France. En effet, ce projet d'envergure se veut gratifiant pour l'environnement «Le Canal va doubler les trafics fluviaux français et limiter la pollution. Un bateau peut transporter jusqu'à 4.400 tonnes de marchandises, soit l'équivalent du chargement de 200 camions» a rappelé Nadège Lefèbvre, présidente du Conseil départemental, l'un des partenaires financiers du projet.
Outre l'aspect environnemental, Xavier Bertrand insiste sur le fait que le Canal est créateur d'emploi. «C'est une prouesse technique, rendue possible grâce au savoir-faire des entreprises de la Région Hauts-de-France. C'est une belle occasion de montrer le talent des hommes et des femmes de la Région et de permettre aux entreprises régionales de recruter». À l'heure actuelle, la Société du Canal Seine-Nord Europe emploie plus d'un demi-millier de personnes ; pour creuser le canal, il faudra 6.000 personne au pic des travaux, dont 3.000 nouveaux recrutements. «En Allemagne ou en Belgique où de nombreux canaux sont construits, cela profite à la prospérité de l'emploi. Il s'agit d'une oeuvre de longue haleine, qui redonne de l'espoir pour l'emploi sur le territoire pour les générations qui suivent. Il y a de l'emploi pour préparer le canal, il y a de l'emploi pendant les travaux du canal et il y en aura encore plus après son ouverture. Il n'y a jamais eu un projet qui a généré autant d'emplois dans une région que celui du Canal Seine-Nord Europe», persiste l'autoproclamé mort de faim de l'emploi.
Une réunion publique officialise le chantier
En fin de journée, la société du Canal Seine Nord Europe (SCSNE) et l'ensemble de ses partenaires se sont réunis à Compiègne pour une réunion publique en présence notamment de Xavier Bertrand, président du conseil de surveillance de la SCSNE et de la région Hauts de France,; Nadège Lefèbvre, vice-présidente du Conseil de surveillance et présidente du Conseil départemental de l'Oise, Pierre Vatin, député de la 5e circonscription de l'Oise, ou encore Jean-Paul Vicat, sous-préfet de Compiègne.
À cette occasion et en présence de nombreux maires et élus locaux, la société du CSNE est revenue sur les grandes lignes du projet. «Un projet de 107 km de nouvelle voie entre Compiègne et Aubencheul au bac, un maillon manquant d'un réseau de transport qui se veut prometteur !» a ajouté la société du CSNE.
Après une brève introduction de Pierre Vatin pour remercier l'ensemble des participants et les partenaires du projet, Lyna Pobeda (directrice territoriale pour le CSNE sur le Compiègnois Noyonnais) et Pierre-Yves Biet (directeur de la société du CSNE) sont revenus à deux voix sur l'avancement des travaux, en particulier sur les secteur 1 reliant Compiègne à Passel et secteur 2 reliant Pont-l'évêque à Libermont.
Concernant le secteur 1 dont les canaux vont s'étendre sur 18 km séparés par une écluse à Montmacq, les travaux consisteront à élargir et approfondir le canal latéral à l'Oise, l'aménagement de l'Oise à grand gabarit et la construction du futur CSNE.
Les premières étapes sont déjà bien entamées avec la libération des emprises, autrement dit la réalisation de diagnostics archéologiques, les déboisements, le déplacement des réseaux publics etc. «Une libération des emprises qui se fait dans le respect des prescriptions environnementales avec l'objectif d'appliquer la règle : éviter, réduire, compenser», a signifié Pierre-Yves Biet pour la SCSNE.
Des travaux préparatoires sont également en cours avec notamment la création du quai de Ribécourt qui servira à acheminer les matériaux nécessaires à la réalisation du CSNE. Le rescindement de l'Oise, qui servira à l'insertion du futur canal, a démarré cet été. Enfin, il est prévu la construction de l'écluse de Montmacq pour fin 2023 et le creusement du CSNE courant 2024.
Concernant le secteur 2 sur le Noyonnais, les études de conception détaillée se poursuivent. La société du CSNE a rappelé les nombreuses concertations avec les collectivités et surtout la profession agricole pour optimiser l'insertion du projet dans le territoire. Comme l'a rappelé la SCSNE, «ces concertations avec la profession agricole de par le relevage du bief de 2,5 m a permis d'économiser 3 millions de m3 de terres et le repositionnement de l'écluse sur Catigny une économie de 10 ha d'emprises sur les terres agricoles». Des échanges et un travail de co-construction ont eu lieu également avec les populations les plus impactées par le projet, en particulier avec les communes de Catigny et Sermaize qui accueilleront également le futur port intérieur du Noyonnais.
Les dialogues se poursuivront également cet automne avec plusieurs réunions publiques d'information pour les habitants du territoire Noyonnais.
Jérôme Dezobry, président du directoire de la SCSNE, est ensuite intervenu plus généralement sur la portée du CSNE à l'échelle de l'Union européenne. «Le CSNE est avant tout un grand réseau fluvial qui assurera la décarbonisation des transports avec 4 à 5 fois moins de CO2 émis par rapport au transport routier». Un projet qui n'aurait pas été permis sans l'aide des acteurs du territoire, en particulier la profession agricole avec l'optimisation des dépôts de terre et des emprises. En parallèle, des concertations à l'échelle locale et des études de conception ont eu lieu pour économiser l'eau et assurer un débit suffisant pour le transport fluvial.
La société du CSNE a rappelé également les contours de la démarche grand chantier qui doit permettre d'assurer des retombées économiques avec la création de nouveaux emplois sur le territoire grâce notamment à une clause de proximité qui a été ajoutée dans les appels d'offres pour la conception du canal.
Parmi les participants présents à cette réunion, certains ont souhaité émettre des points de vigilances, notamment des garanties lors des travaux sur la protection des terres arables, des zones humides, sur l'artificialisation des sols etc. Même si une autorisation environnementale doit être accordée avant le début des travaux pour permettre la bonne gestion et suivi du projet, il n'en demeure pas moins que des contrôles devront être entrepris en interne pour éviter les incidents de parcours. En effet, durant toute la phase chantier, les acteurs du territoire, notamment l'activité agricole, doivent continuer à fonctionner tout en cohabitant avec les acteurs en charge des travaux du CSNE. Enfin, comme l'a souligné Jean-Paul Vicat, il est nécessaire d'être exemplaire sur tous les plans. Le secteur 1 entre Compiègne et Passel est la première étape de ce grand chantier avec Magéo : «Ce secteur aura le rôle de pilote !». Il est donc important que ces travaux puissent se dérouler dans de bonnes conditions durant toutes les étapes.
En conclusion de cette réunion, Xavier Bertrand a rappelé les engagements vis-à-vis de l'Europe «l'achèvement du CSNE, mais également Magéo doivent se faire en temps et en heure avec une sortie de terre pour 2029/2030 car l'Europe nous y oblige. Cette autoroute fluviale nous ouvre des opportunités [...] l'activité économique, la création d'emploi sur nos territoires, c'est la promesse de l'avenir avec le CSNE».
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