Le Cernodo lauréat de la fondation Daniel-et-Nina-Carasso
Neuf projets présentés en 2021 et portés par des collectifs d'agriculteurs, de productions et de tailles diverses, ont été sélectionnés par un jury composé d'agriculteurs, de chercheurs, d'ingénieurs, de sociologues et d'experts issus de collectivités locales et de fondations à l'occasion de la 2e édition. Le Cernodo en fait partie.
«Le paradigme agricole dans lequel nous vivons est confronté à des limites de plus en plus saillantes qui remettent en question sa durabilité. De la crise climatique à la crise sociale qui touche de plein fouet les agriculteurs, l'effritement du modèle est multi-dimensionnel. Afin de répondre efficacement à ces enjeux, la mise en réseau de bonnes pratiques et les synergies qu'elle peut enclencher ouvrent alors de nouvelles possibilités pour construire un système plus respectueux des personnes et des écosystèmes», explique le communiqué de la fondation.
Pour atteindre cet objectif, la Fondation Daniel-et-Nina-Carasso a réuni quatre réseaux associatifs, la Fédération associative pour le développement de l'emploi agricole et rural (Fadear), la Fédération nationale des coopératives d'utilisation de matériel agricole (FNCuma), le réseau des Centres d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural (Civam) et Trame, association nationale de développement agricole et rural, autour de cette vision partagée de l'agriculture. Animée par la volonté de créer des interconnexions entre les différents acteurs, la Fondation participe au partage des connaissances pour, in fine, faire naître ce nouveau paradigme agro-écologique.
L'appel à projets «Pour une transition agro-écologique par l'échange et le partage» a donc été lancé en 2020 pour répondre à la volonté de créer des synergies entre des projets ancrés dans l'agro-écologie et ainsi leur permettre de passer à l'échelle grâce à la mise en réseau et au soutien financier.
C'est là que le Cernodo entre en jeu. Le Comité pour l'expansion rurale du Nord-Ouest du département de l'Oise, en partenariat avec la Chambre d'agriculture, accompagne, suit et organise le partage d'expérience de 16 collectifs d'agriculteurs dans l'adoption de nouvelles pratiques agroécologiques en élevage laitier ou viande, en grandes culture et en agriculture bio.
L'ensemble de la démarche sera diffusé au-delà du cercle des membres du Cernodo, sur une plateforme partagée avec les collectivités et société civile. «Depuis 10 ans, le Cernodo a lancé une stratégie d'accompagnement des agriculteurs vers l'agro-écologie. Cela s'est formalisé via la labellisation de deux groupes en GIEE (groupements d'intérêt économique et environnemental). Pour donner suite au travail mené par une vingtaine d'agriculteurs, on va plus loin dans la promotion de l'agro-écologie, plus spécifiquement sur l'impact carbone des exploitations agricoles. On voudrait étendre cette initiative à d'autres agriculteurs. Tout ceci s'est déroulé en même temps que l'appel à projet de la fondation. Dès lors, c'était une bonne opportunité pour notre structure afin d'obtenir des fonds qui vont nous permettre de multiplier nos démarches auprès des agriculteurs», explique Vincent Yver, conseiller et animateur du Cernodo.
«L'idée est de développer des exploitations agricoles tout en étant les moins impactantes au point de vue du carbone. On réalise donc des diagnostics sur la situation actuelle d'impact carbone de l'exploitation et les pistes à mener pour pouvoir les réduire. Par exemple, la recherche d'autonomie alimentaire pour le troupeau, la réduction des engrais minéraux, l'introduction des légumineuses dans les assolements... On accompagne les agriculteurs qui réalisent un plan d'action avec le Cernodo. Suite à cela, on les forme via des journées d'échanges en fonction de leur plan», poursuit-il.
Dès lors, le Cernodo a obtenu un financement de 33.000 euros sur trois ans via la fondation. Il s'agit d'un changement important pour la structure. En effet, c'est la première que le Cernodo s'appuie sur des fonds privés. «Il s'agit d'un changement radical sur le point de vue relationnel. Les relations avec cette fondation ne sont pas les mêmes avec les structures publiques. Ils sont très proches de notre projet, prêts à nous soutenir et dans l'échange sans jugement», souligne Vincent Yver.
Le but du Cernodo est d'agrandir de 30 % son nombre d'agriculteurs, ce qui représente une cinquantaine d'exploitants. «Un objectif raisonnable et réaliste, selon le conseiller. De plus, nous devons nous mobiliser auprès des acteurs du territoire. La fondation vise à favoriser les dialogues avec les collectivités locales mais aussi les entreprises. Par exemple, Massey-Fergusson pourrait être partenaire sur la démarche carbone. Peut-être que ces entreprises vont avoir la volonté, dans le cadre de leur stratégie du développement durable, de compenser leurs émissions carbone et des projets locaux liés à cet objectif. On travaille également sur le projet alimentaire territorial. Ici, il s'agit de relocaliser l'alimentation. Il faudra donc réintroduire des produits locaux dans les cantines des entreprises par exemple. Il y a vraiment une réflexion territoriale et non ciblée sur l'agriculteur dans son exploitation», ajoute Vincent Yver.
La 3e édition ouverte
Dans le but de diffuser massivement les pratiques agroé-cologiques, la Fondation Daniel-et-Nina-Carasso cherche à valoriser des projets qui créent des échanges entre des collectifs hétérogènes quant à leurs engagements dans cette transition, afin que les agriculteurs plus expérimentés puissent transmettre et échanger avec les agriculteurs souhaitant s'y engager. Ces projets doivent se dérouler en France (métropole et outre-mer) et s'inscrire dans une zone socio-économique pertinente pour favoriser la diffusion de pratiques agro-écologiques : un territoire de projet, un bassin de production, un bassin versant, etc... La 3e édition présente une nouveauté : en effet, l'appel à projets, ouvert depuis le 15 mars, est désormais ouvert aux Chambres d'agriculture. Les notes d'intention des candidats doivent être déposées avant le 31 mai. La présélection des projets est prévue pour le 30 juin, puis le dossier de demande de financement complet devra être déposé avant le 5 septembre.
L'édition 2022 est dotée d'un budget de 450.000 euros. L'ensemble des lauréats participera à un séminaire d'accueil organisé début 2023. Ils feront ensuite l'objet d'un suivi individuel et collectif, avec une proposition d'accompagnement qui aura pour objectif de soutenir le porteur de projet en lui permettant de renforcer un point particulier (expertise, capacité de déploiement, de collecte de fonds etc.), mais également de le mettre en réseau.
«La 3e édition de l'appel à projets pour une transition écologique par l'échange et le partage marque la dernière étape du cycle amorcé en 2020 dont le but est d'apporter un soutien financier et organisationnel aux collectifs souhaitant changer d'échelle dans leur engagement agro-écologique. Néanmoins, cela ne signifie pas la fin de l'accompagnement proposé par la Fondation. En effet, un nouveau cycle s'enclenchera afin de suivre les projets soutenus dans la durée et de générer une réflexion collective pour voir ce qui fonctionne, identifier les blocages, constater les évolutions dans les pratiques... L'idée est de faire perdurer des projets agro-écologiques ancrés sur des territoires», précise Guilhem Soutou, responsable de l'axe Alimentation durable de la Fondation Daniel-et-Nina-Carasso.
À propos de la Fondation Daniel-et-Nina-Carasso
La Fondation Daniel-et-Nina-Carasso oeuvre pour une transformation de notre société, plus écologique, inclusive et épanouissante. Elle s'engage dans deux grands domaines que sont l'alimentation durable, pour un accès universel à une alimentation saine, respectueuse des personnes et des écosystèmes ; et l'art citoyen, pour le développement de l'esprit critique et le renforcement du lien social.
Elle accompagne des projets en France et en Espagne en mobilisant des moyens financiers, humains et en concevant des actions ciblées. Mue par l'objectif d'impact social, elle fonde son travail sur la recherche, les savoirs empiriques, l'expérimentation, l'évaluation et le partage des apprentissages.
Créée en 2010, la Fondation Daniel-et-Nina-Carasso est une fondation familiale, sous l'égide de la Fondation de France. Elle est indépendante de toute société commerciale.
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