L'Oise Agricole 08 septembre 2022 a 09h00 | Par Justine Demade-Pellorce

Lait bas carbone, haute valeur ajoutée

Parce que tout le monde y gagne, la planète comme le porte-monnaie, la Région accompagne les éleveurs volontaires vers une production de lait bas carbone depuis 2018. Xavier D'Hondt, éleveur à Linselles (59), a rejoint le dispositif il y a trois ans et ne le regrette pas.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
Lors de sa visite chez Xavier D'Hondt, la vice-présidente de la Région chargée de l'agriculture, Marie-Sophie Lesne,
a réaffirmé l'accompagnement de la région dans le déploiement de Lait bas carbone porté par le Criel Nord-Picardie-Ardennes pour les années à venir.
Lors de sa visite chez Xavier D'Hondt, la vice-présidente de la Région chargée de l'agriculture, Marie-Sophie Lesne, a réaffirmé l'accompagnement de la région dans le déploiement de Lait bas carbone porté par le Criel Nord-Picardie-Ardennes pour les années à venir. - © Criel NPA

Il explique que le déclic est venu de remarques de sa fille qui, rentrant de l'école, demandait à son agriculteur de père pourquoi il était un «pollueur». Il a alors eu envie de faire mieux, et de le faire savoir. C'est pourquoi Xavier D'Hondt, à la tête d'un troupeau de 130 vaches laitières sur 65 hectares à Linselles (59), s'est lancé il y a trois ans dans le dispositif Lait bas carbone, un accompagnement sur trois ans financé à 90 % par la Région Hauts-de-France (150 EUR à la charge de l'éleveur). «367 éleveurs sont accompagnés en ce moment sur trois ans», se réjouit Marie-Sophie Lesne, venue constater sur place les bénéfices du dispositif mardi 6 septembre. La vice-présidente de la Région à l'agriculture affirme que la dynamique vis-à-vis du dispositif «dépasse les espérances» avec 155 nouveaux éleveurs en un an et une liste d'attente ouverte. L'objectif est fixé : une réduction de 15 % de l'empreinte carbone des exploitations en moyenne, en passant de 0,9 kg de carbone émis par litre de lait produit à 0,84 kg/litre de lait. Ça parait peu mais si vous multipliez l'économie par 2,5 milliards de litres de lait produits à l'échelle Hauts-de-France et Ardennes, ça pèse dans l'absolu.

Moins égal plus

Pourquoi réduire les émissions de carbone ? Pour la planète bien sûr, pour le porte-monnaie sans aucun doute. C'est d'ailleurs le premier argument avancé. Pour accompagner les éleveurs volontaires, la Région a mis sur la table 850 000 EUR depuis le lancement du dispositif, qui permettent de financer l'aide à l'optimisation des pratiques et équipements, mais aussi l'instauration de nouveaux processus. L'accompagnement se déroule en cinq étapes : diagnostic, élaboration du plan, visite technique, visite de suivi et nouveau diagnostic. À Linselles, on a fait le choix d'avoir «beaucoup de vaches sur une petite exploitation» pour que chacun puisse «vivre dignement». Ça implique notamment d'importer plus de fourrage qu'on ne le voudrait. Mais ça n'empêche pas de fourmiller d'idées. Les machines et outils, pour commencer, sont tous mutualisés pour ne pas avoir à «faire tourner des engins qui n'en auraient pas besoin». Ça fait un bon point pour le bilan carbone. Le digestat aussi, produit grâce à l'unité de microméthanisation, «décision prise il y a quatre ans et rentable depuis trois jours», sourit, jaune, l'éleveur qui regrette un peu l'encouragement à s'équiper et le manque d'accompagnement ensuite. Avec sa petite unité, il vise la revente de 264 000 kW/an, soit un gain de 15 000 à 20 000 EUR. Le digestat récupéré lui permet de réduire notablement l'utilisation d'engrais (moins 45 %, c'est l'objectif fixé).

Réduire le renouvellement

Autre leçon tirée : l'optimisation du cheptel avec une réduction de l'âge du vêlage à 24 mois et un renouvellement du troupeau qui baisse de 30 %. C'est moins d'alimentation, puisque moins de vaches en pleine croissance. Sur la constitution du troupeau lui-même, l'éleveur est allé jusqu'à croiser ses holsteins originelles avec des montbéliardes et des vikings afin de renforcer leur résistance et leur efficience. Associé à une meilleure gestion sanitaire, avec davantage de bêtes saines, le troupeau vieillit mieux et moins vite, il coûte moins. D'autres actions ont été mises en place, complémentaires à ce plan bas carbone et qui ont, elles aussi, été financées en partie par la Région, comme le dispositif de soutien à la régénération des prairies (40 % de subventions régionales pour sursemer ou ressemer des prairies fatiguées). Une somme de mini-révolutions qui, mises bout à bout, permettent de faire pencher la balance.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,