«Les 4.000 pieds ont été plantés par un prestataire afin que l'opération soit parfaitement réalisée car nos vignes sont là pour de nombreuses années. Deux cépages se partagent la parcelle, Sauvignac et Floréal, résistant aux maladies et destinés à produire un vin blanc tranquille», sourient Arnaud et Élizabeth Roland, les parents, accompagnés d'Édouard, installé sur l'exploitation familiale depuis cette année, Madeleine, qui vient de finir ses études, et Louise qui, tout en travaillant en banque, passe par correspondance un BTS viticulture-oenologie à Agrosup Dijon. Ne manquent que Prudence et Lucie, elles aussi impliquées dans le projet familial.

Pour l'heure, tous sont surpris par la bonne pousse des pieds mis en terre par trois personnes pendant deux jours, les pieds étant plantés à la tarière manuelle, à 30 cm de profondeur, accompagnés ensuite d'un tuteur en acacia dénommé échalas. Auparavant, les Roland avaient bichonné la parcelle avec un couvert l'année précédente et une préparation du sol destinée à permettre aux plants de développer leur système racinaire en profondeur tout en gardant une surface du sol propre pour éviter la concurrence des adventices : sous-solage en deux passages croisés, apport de fumier et chisel juste avant la plantation.

Aux petits soins

Depuis, toute la famille a été mobilisée pour installer des manchons en carton biodégradable autour de chacun des 4.000 pieds, «pour limiter la température autour des jeunes plants, moins cinq degrés pendant les journées de canicule, c'est appréciable». Ces manchons assurent aussi une protection contre les lièvres ou les chevreuils qui pourraient être tentés de grignoter les feuilles tendres de la jeune vigne. Une clôture électrique solaire et un épouvantail se chargent des sangliers et des corbeaux.

Les pieds ont reçu deux fois trois litres d'eau et se développent rapidement malgré la sécheresse et la chaleur, pour la plus grande joie des Roland qui n'imaginaient pas une telle pousse la première année. Reste à assurer la propreté de la parcelle conduite en agriculture biologique. Grâce à des subventions du Département, de la Région et de l'Europe, du matériel a pu être acheté : tracteur vigneron et outils de travail du sol de l'inter-rangs ou sur le rang.

Édouard Roland intervient dès que nécessaire pour garder la vigne propre. «Au bout de quelques années, nous mettrons un couvert permanent dans l'inter-rangs et dès l'année prochaine, nous palisserons et taillerons. Cette année, nous avons juste enlevé les feuilles mortes et ébourgeonné pour garder l'unique tige que nous ferons courir sur le fil.» Parallèlement, la famille acquiert des compétences pour réussir au mieux la culture de la vigne, puis la vinification : formations, suivi technique par une conseillère vigne de la Chambre d'agriculture de l'Aisne, adhésion au Syndicat des viticulteurs d'Île-de-France même si leur vin sera VSIG, vin sans indication géographique. «Cela nous permet de nous tenir au courant des réglementations et de leur évolution et d'avoir des échanges avec d'autres producteurs, issus du monde agricole ou pas. C'est un réel avantage d'avoir une expérience d'agriculteurs, nous connaissons la nature, les saisons et le développement des plantes», reconnaît Arnaud Roland. La famille Roland avait initié son projet grâce à une cagnotte Miimosa, ce qui lui permis de nouer de nombreux contacts avec toutes les personnes qui se sont intéressées à cette initiative originale. En attendant la première récolte en 2024 et la première cuvée, Le vignoble de Montépilloy garde le lien avec ses fans grâce au site internet et aux réseaux sociaux. L'aventure continue.