L'Oise Agricole 23 mars 2023 a 09h00 | Par D.A.

La santé publique passe par la santé animale

Le GDS Picardie a déjà un an d'existence ! Mutualisation, proximité, actualités sanitaires, l'équipe de l'Oise a organisé une assemblée générale le jeudi 16 mars afin de dresser un premier bilan.

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De gauche à droite : David Demarcy, président du GDS Picardie, Annabelle Lefevre, vice-présidente, Yves Douzal, directeur adjoint de la DDPP, et Abdelillah Brahim, chef du service santé publique et protection animale.
De gauche à droite : David Demarcy, président du GDS Picardie, Annabelle Lefevre, vice-présidente, Yves Douzal, directeur adjoint de la DDPP, et Abdelillah Brahim, chef du service santé publique et protection animale. - © D.A.

Cette rencontre départementale rassemble l'ensemble des adhérents et des partenaires locaux du GDS Picardie. L'assemblée générale du territoire de l'Oise s'est déroulée selon la nouvelle organisation du GDS Picardie. En effet, depuis la fusion des trois GDS picards, les assemblées générales territoriales ont pour vocation d'aborder le contenu technique et les actualités sanitaires de chaque département. La partie statutaire sera, quant à elle, abordée lors de l'assemblée générale du GDS Picardie qui aura lieu le mardi 13 juin et à laquelle les éleveurs délégués au GDS participeront pour représenter les éleveurs de leur département. Mais David Demarcy, président du GDS Picardie, a bien déclaré que le groupement de défense sanitaire subit également l'inflation. «En revanche, les aides directes aux éleveurs sont équivalentes aux cotisations. Cela est permis grâce à l'accompagnement de l'équipe du GDS Picardie.» Effectivement, le service à l'adhérent et la proximité sont devenus une priorité pour le GDS. Avec un effectif de 15 personnes pour la Picardie, la mutualisation semble fonctionner parfaitement. Des actions techniques continuent de se déployer sur le terrain avec + 57 % de visites paratuberculose et + 60 % de visites avortements.

Le président est revenu sur l'actualité forte du début de mois, le Salon international de l'agriculture. «Cet événement est une belle vitrine pour notre métier, mais aussi pour les actions que nous menons sur le terrain. Malheureusement, le miracle pour les éleveurs n'a pas pointé le bout de son nez. Les hausses de charges rattrapent l'augmentation de nos produits et une baisse de production est constatée dans toutes les filières animales. Actuellement, l'élevage doit faire face à de nombreux défis», ajoute-t-il. En effet, les ruminants laitiers sont souvent accusés de gaspiller des protéines au détriment de l'alimentation humaine. Cependant, un rapport de l'Inrae et Idèle démontre bien le contraire. Les systèmes bovins laitiers présentent en moyenne de faibles niveaux d'efficience protéique brute. Ce chiffre est homogène quel que soit le système alimentaire. Toutefois, en moyenne en France, 89 % des protéines consommées par les bovins laitiers ne sont pas consommables par l'Homme !

Ils valorisent donc une majorité d'aliments non valorisables en alimentation humaine et, à partir de cela, génèrent des produits animaux à haute valeur nutritionnelle. La compétition dans l'utilisation des protéines est donc très faible entre l'alimentation des bovins et l'alimentation humaine. 86 %, 83 % et 88 % de l'énergie consommée respectivement par les vaches, chèvres et brebis laitières ne sont pas consommables par l'être humain. La compétition d'usage est donc là aussi très faible.

Autres combats, l'environnement et l'empreinte carbone. «Nos modèles d'élevage permettent souvent la préservation de la qualité de l'eau, de l'air et de la biodiversité. Rappelons que nos animaux consomment du carbone végétal et non du carbone fossile. Les filières s'organisent pour communiquer et sensibiliser les éleveurs sur les leviers d'actions comme réduire l'âge au premier vêlage, une meilleure valorisation des rations, une baisse du taux de renouvellement, une autonomie protéique. Respecter ces fondamentaux apporte la bonne santé à votre troupeau et une maîtrise collective des risques sanitaires», explique David Demarcy.

Focus sur les maladies

De plus en plus d'éleveurs s'engagent en plan de lutte face à la paratuberculose. 202 éleveurs en Picardie sont suivis, avec une hausse du nombre de plans de 23 % pour la Somme et l'Oise et un nombre stable pour l'Aisne. La durée moyenne des plans est de huit ans. 28 % des ateliers laitiers (22 % dans l'Oise) sont positifs à la paratuberculose sur le lait de mélange (moyen de surveillance de la maladie en élevage laitier).La présence de BVD se réduit comme peau de chagrin. L'éradication de cette maladie suit son cours. «Le taux de dépistage est stable, avec 163.836 veaux testés en 2022, soit 95,8 % des naissances. En 2020, 884 veaux viropositifs ont été testés, contre 265 en 2022, soit une baisse de 30 %. 43 nouveaux cheptels infectés ont été découverts en 2022, contre 178 en 2020, un nombre de foyers divisé par 4 en 2 ans», souligne Léa Béhaegel, référente de l'Oise. Après quatre années de dépistage via la boucle auriculaire et une baisse du taux de séropositif. Le GDS Picardie se pence sur surveillance sérologique. Cette dernière repose sur six conditions : un taux de dépistage des naissances inférieur à 90 % sur deux années consécutives, un taux de viropositifs à la naissance inférieur à 0,1 % en PCR, un taux annuel d'élevages infectés inférieur à 2 %, un taux de bovins non IPI supérieur à 90 %, une connaissance de l'état vaccinal des bovins et une excellente gestion de la BVD lors des mouvements de bovins.

Deux zones test ont été définies pour mener à bien l'étude. Dans chaque zone, 30 cheptels ont été sélectionnés. Résultat des courses, 16 % des bovins sont séropositifs. Les causes principales de résultats positifs reposent sur l'immunisation du troupeau suite à des contaminations antérieures, à des vaccinations non déclarées... «De plus, le bouclage des morts né est obligatoire suite à une décision du comité d'orientation d'élevage des Hauts-de-France. Outre la traçabilité des mortalités, cela permettra d'atteindre plus facilement les critères de passage en phase 2».

Autre actualité, la besnoitiose. En 2022, un foyer a été détecté en Picardie, dans l'Aisne. Les premiers contrôles ont permis de détecter 66 bovins positifs sur 465 testés. La besnoitiose est une maladie parasitaire qui peut toucher tous les types de troupeaux (viande/lait, toutes races confondues) et qui se transmet, soit par voie vectorielle, un insecte piqueur, soit par voie artificielle si les aiguilles ne sont pas renouvelées entre chaque bovin. «Il faut savoir que les analyses sont 100 % prises en charge par le GDS. Des discussions au niveau national sont en cours afin de mieux cadrer cette maladie, mais on ne connaît pas l'échéance», ajoute le président. «Nos voisins bougent : la Belgique, indemne jusqu'à présent, prévoit un arrêté ministériel en 2023 pour imposer le dépistage des animaux introduits de zones à risque», précise David Demarcy.

Avec la loi santé animale (LSA), l'Union européenne a reconnu le programme français d'éradication de l'IBR (rhinotrachéïte infectieuse bovine). Avec la LSA, les cheptels qualifiés «troupeaux indemnes d'IBR» conservent leur qualification.

En revanche, certaines règles lors de mouvements d'animaux et les protocoles d'analyses en prophylaxie sont modifiés. De manière générale, la réglementation se durcit pour les élevages non indemnes et elle s'allège pour les élevages indemnes depuis plus de trois ans. L'objectif final, avec un calendrier strict, est d'atteindre 99,99 % des troupeaux indemnes en 2027.

Le GDS Picardie va sûrement ouvrir une nouvelle section, l'aviculture. «La présence généralisée de l'influenza aviaire y contribue. La gestion de cette maladie mobilise une part importante des forces vives de la DDPP, laissant s'allonger les délais des autres missions. De plus, en juin prochain, une proposition de loi d'orientation agricole sera présentée. Nous espérons la reconnaissance sur le travail et les efforts des éleveurs», conclut David Demarcy.

L'avancée de l'influenza aviaire donne la chair de poule

Abdelillah Brahim, chef du service santé publique et protection animale, a présenté lors de cette assemblée la propagation de cette maladie et les données ne sont pas réjouissantes.

- La situation en Europe : 31 pays européens sont touchés par l'épizootie, 336 foyers de volailles commerciaux (+ 11 par semaine), 339 foyers élevages d'oiseaux captifs (+ 9 par semaine), 1.880 cas de faunes sauvages (+ 130 par semaine).

- La situation en France : 306 foyers d'élevages (+ 4 par semaine), 84 foyers d'élevages d'oiseaux captifs (+ 1 par semaine), 243 en faune sauvage (+ 33 par semaine).

- La situation dans l'Oise : 1 foyer d'élevage d'oiseaux multi-espèces, 1 foyer d'élevage d'oiseaux captifs, 16 cas confirmés en faune sauvage sur 11 zones de contrôle temporaire (quasiment l'ensemble de la partie Est du département est en ZCT).

«Depuis le 8 novembre 2022, la France entière est soumise à des mesures de prévention renforcées pour protéger les élevages. L'Hexagone est passé au niveau de risque élevé. Cela signifie que tous les détenteurs d'animaux de basse cour, particuliers ou professionnels, doivent appliquer ces mesures de sécurité», ajoute-t-il.

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