La moisson continue
Des premières parcelles moins décevantes que craint jusqu'à présent
Il n'en est certes qu'au tout début de sa moisson, mais Benoît Waeyaert s'attendait à des résultats plus bas. Cela ne préjuge en rien du reste.
À 34 ans, installé depuis 14 ans, Benoît Waeyaert exploite sur Beaudéduit, dans le canton de Grandvilliers, et dans la Somme, à seulement 8 km de là. Sa ferme de polyculture se répartit entre blé, escourgeon, colza, lin textile de printemps, betteraves sucrières, avoine et pois de conserve. «J'ai la chance d'être dans un secteur résilient ; il n'y a jamais vraiment de très mauvaises surprises», concède-t-il.
Il a commencé sa moisson le jeudi 18 juillet par 30 hectares d'escourgeon. «Je n'étais pas très confiant pour tout vous dire mais finalement, avec une moyenne de 74 q/ha, je trouve que c'est plutôt satisfaisant, même si la qualité reste moyenne», confie Benoît Waeyaert.
Il a égalment battu une parcelle de blé, du Celebrity, qui finit à 68 q/ha. «La parcelle est particulièrement hétérogène : la partie en bonne terre est celle qui donne le moins, 10 q/ha de moins que la partie blanche plus séchante. Sincèrement, je m'attendais à pire, mais je ne suis pas pour autant super optimiste. Je ne sais pas quel enseignement je dois en tirer pour la suite. Je verrai bien le moment venu.»
Il devrait continuer à récolter son blé en fin de semaine, aidé par son père et son beau-père. «J'ai 110 ha de blé à battre et 45 de colza, mais il va falloir attendre pour ce dernier, il n'est pas mûr.»
Sa machine est une New Holland CR 90-60, achetée d'occasion il y a environ 7 années, qui lui donne entière satisfaction. La totalité de la récolte est stockée à plat sous hangar sur les deux sites de Beaudéduit et Brassy (80). «Tout ne sera pas plein, il y aura de la place pour organiser un grand repas de fin de moisson !», plaisante-t-il.
Benoît Waeyaert commercialise ensuite auprès de différents opérateurs : Agora, Groupe Carré, Ternovéo, Charpentier SA... Il a signé des contrats au prix moyen et engagé une partie de sa récolte à hauteur de 40 q/ha, le reste est vendu au prix ferme.
Finalement, avec les conditions météo de l'année, pour l'instant, les cultures de printemps ont belle allure. «Avec un rendement moyen mais une bonne qualité, mes pois de conserve sortent bien. Je compte aussi sur le lin textile.» Malgré tout relativment confiant, Benoît Waeyaert prend les choses comme elles viennent.
«Pas une perspective réjouissante»
La moisson de blé se termine dans le Valois et le bilan s'avère décevant.
Installé depuis 3 ans sur la ferme familiale, en association avec son père, à Rully, dans le Valois, Alexis Tordeur ne cache pas sa déception, alors qu'il vient de terminer le battage de ses 160 ha de blé, commencé le 12 juillet. «Avec 75 quintaux, je connais une baisse de 20 % par rapport à mes rendements habituels. La qualité est également très décevante.» L'agriculteur de 34 ans, qui stocke 75 % de sa récolte, espère une amélioration des prix pour compenser des volumes et une qualité qui laissent à désirer. «On a fait ce qu'on a pu afin d'obtenir la meilleure qualité, mais ce n'est pas à la hauteur. La conjugaison volume, qualité et prix actuels n'offre pas une perspective réjouissante.»
D'autant qu'avant d'attaquer ses blés, sa récolte de colza s'est avérée elle aussi en retrait par rapport aux années précédentes. «Les semis étaient pourtant réussis, mais on perd environ 25 %.»
La météo a au moins eu la décence de ne pas gêner sa moisson, qu'il organise en partenariat avec son voisin, avec lequel il se partage les services d'une entreprise - venue avec une Lexion munie d'une coupe de 10 m. «J'ai hérité d'une entraide entre mon père et son voisin qui est très fluide, très bien rôdée. Puisque nous sommes dans le même village, nous avons groupé notre parcellaire. À deux cerveaux, on est plus malin !»
Alexis Tordeur reste néanmoins positif et veut croire que les cultures de printemps seront favorisées par la météo estivale «pour compenser les résultats des céréales.» Cette moisson aura eu l'avantage de susciter moins de stress concernant les risques d'incendies.
Fauchage en bord de route
L'exploitant livre une partie de son blé et toute sa récolte de colza et d'escourgeon, auprès de Valfrance et Ternoveo. C'est d'ailleurs à l'occasion des livraisons qu'il s'est ému du «désengagement progressif, mais certain des services du département» dans le fauchage des bords de route. Une incohérence selon lui : «Ce sont des graines d'adventices qui se disséminent et polluent nos champs, alors que, dans le même temps, on nous demande de réduire l'usage de produits phytosanitaires. Il y a des plantes invasives, comme des chardons ou des renouées du Japon, qu'une fauche éliminerait.»
Un sujet d'inquiétude aussi : «Un mégot de cigarette sur une bordure peut très vite dégénérer. Un départ de feu a déjà eu lieu de cette manière par le passé sur notre secteur, heureusement très rapidement maîtrisé par les services, qui sont compétents et réactifs.»
«C'est le lait de vache qui va nous porter»
À l'image de la moisson sur le département, celle de Julien Degry, polyculteur-éleveur à Mureaumont, près de Formerie, connaît une baisse des rendements.
«Je vais peut-être commencer les blés la semaine prochaine, mais je n'attends pas de miracle» explique Julien Degry, 33 ans, installé sur la ferme familiale depuis 1 an. «Les rendements seront a priori très moyens» Si l'éleveur laitier - il possède 95 Holstein - semble un brin pessimiste, c'est qu'il sort d'une récolte d'escourgeon (21 ha) et de colza (17 ha) très décevante : «21 quintaux de colza au lieu des 35 habituels avec des petits grains, en plus des problèmes d'altises et de parcelles resalies. Mes rendements en escourgeons ont baissé de 20 %.» Le jeune agriculteur confesse néanmoins s'y être attendu : «Nos sols hydromorphes n'aiment pas trop l'humidité, alors je sais que cette année, c'est le lait de vache qui va nous porter.» Même les rendements en paille, pourtant nécessaires à ses bêtes, ne sont pas prometteurs. «Le manque risque de rendre la situation compliquée pour ceux qui en achètent.»
Sa récolte, il l'organise avec un voisin, en additionnant chacun leur batteuse sur leurs parcelles respectives. Pas de stock, la moisson est vendue auprès de deux coopératives, NatUp et Noriap, au prix moyen. «Je le fais aussi par sécurité. Je suis éleveur et je ne peux pas être partout.»
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