L'Oise Agricole 05 août 2021 a 09h00 | Par Actuagri

La lente progression des substituts protéiques

Les substituts protéiques de la viande, du lait et produits laitiers resteront des niches jusqu’en 2035, selon une étude.

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En Europe, la consommation de substituts de la viande, comme ces boulettes végétales, devrait passer de 214 000 t en 2020 à 1,5 Mt en 2035.
En Europe, la consommation de substituts de la viande, comme ces boulettes végétales, devrait passer de 214 000 t en 2020 à 1,5 Mt en 2035. - © Pinterest

Bien que les marchés de substituts protéines de la viande, du lait et des produits laitiers soient en forte expansion durant les prochaines années, les quantités consommées resteront en proportion en-dessous des 10 % de la consommation, selon une étude de Rabobank. Selon les experts de la banque spécialisée, la consommation de substituts de la viande va progresser entre 2020 et 2035 de 3,5 % de la consommation à 4 % par an dans l’Union européenne. Leur volume était estimé à 214 000 tonnes (t) en 2020 pour atteindre à 1,5 million t (Mt) en 2035.

La viande d’abord

Dans les années qui viennent cette croissance sera surtout celle des imitations de viandes à partir de végétaux. La demande augmentera surtout dans le transport aérien et la restauration rapide. Plus tard, des viandes imitant le muscle comme les filets de poulets ou les steaks pourraient arriver sur les marchés. Au-delà de 2026, d’autres sources de substituts pourront apparaître comme des protéines fermentées, des insectes, du poisson in vitro. Mais un facteur important restera l’acceptation du consommateur. Pour assurer la croissance de ces alternatives à la viande, il faudra 600 000 ha de céréales d’oléagineux, et de protéagineux, en plus, selon les experts de Rabobank.

Pour les produits laitiers Rabobank situe les alternatives à 1,5 M t en 2020. Ce volume passerait jusqu’en 2035 à près de 4,4 M t, soit une augmentation moyenne de 7 à 8 % par an. La consommation de lait frais en UE diminuerait de 0,7 % par an jusqu’en 2035 à cause de modifications dans les préférences de consommation et de la démographie. Mais dans le secteur des yaourts, crèmes glacées et fromages, malgré l’apparition de produits alternatifs, les vrais produits laitiers continueront de progresser, notamment dans la restauration hors foyer ainsi que dans le Sud et l’Est européen. Néanmoins pour produire ces substituts végétaux, il faudra mobiliser 500 000 ha de céréales, d’oléagineux et de protéagineux supplémentaires, estime Rabobank.

En Allemagne, de la viande hachée hybride dans les supermarchés

Le discounter Netto, filiale d’Edeka, le n°1 de la distribution alimentaire allemande met en vente dans ses 4 260 magasins de la viande hachée «hybride» avec une part de 34 % de légumes dans la préparation. Il vise avec le label Less Meat (moins de viande) des clients qui veulent diminuer leur consommation de viandes, sans y renoncer complètement. Le mélange est fait de viandes bovines certifiées, de poivrons, de carottes, d’oignons… avec une teneur en matières grasses de 10 %. La barquette de 400 grammes est vendue par le discounter à 2,99 E. Tout le groupe Edeka se prépare à étendre ce type d’offre.

Foie gras : le Cifog gardien de l’authentique

«Aucun ersatz produit en laboratoire ne pourra remplacer notre authentique foie gras», a vitupéré le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), le 26 juillet. Ce Comité réagissait notamment à la récente levée de fonds de 10 millions de dollars réalisée par la start-up Gourmey qui travaille depuis deux ans à reproduire ce met gastronomique en cultivant des cellules de canard en laboratoire. Or «ce produit de synthèse voulant s’apparenter au "foie gras"» ne correspond en rien aux lois et règlements français et européens en vigueur. «L’appellation "foie gras" n’est (…) autorisée que pour définir un foie issu d’un canard, ou d’une oie, engraissé par gavage. Il est donc interdit de l’utiliser pour un produit qui n’est pas issu de ce procédé», rappelle le Cifog qui ajoute que ces lois et règlements visent «à protéger les consommateurs contre d’éventuelles tromperies». Depuis la loi d’orientation agricole de 2006, le foie gras est reconnu comme «patrimoine gastronomique et culturel français». Or de nombreux pays, comme les États-Unis commencent à bannir ce produit de leurs tables. La start-up Gourmey espère, grâce à son foie gras de synthèse, contourner ces obstacles juridiques et réaliser une belle opération financière. Quant au Cifog, il «émet des doutes sur le goût des produits se revendiquant équivalents au Foie Gras. En effet, toutes les expériences menées à ce jour n’ont jamais réussi à égaler les caractéristiques organoleptiques uniques du Foie Gras, fruit d’un savoir-faire historique reconnu par les plus grands Chefs du monde entier».

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