L'Oise Agricole 10 novembre 2022 a 08h00 | Par Actuagri

La formation agricole appelée à se «décloisonner»

À la veille de l'ouverture des discussions préparatoires de la prochaine loi d'orientation, le syndicalisme majoritaire organisait une grande journée de débats sur les perspectives offertes par l'innovation pour dynamiser l'emploi et la formation agricole.

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Quatre tables rondes ont permis d'illustrer les transformations opérées par l'innovation à tous les étages de l'agriculture, de l'enseignement à la construction du modèle économique, en passant par les évolutions techniques, sociales et territoriales.
Quatre tables rondes ont permis d'illustrer les transformations opérées par l'innovation à tous les étages de l'agriculture, de l'enseignement à la construction du modèle économique, en passant par les évolutions techniques, sociales et territoriales. - © Agence de presse

Face aux défis du recrutement et du renouvellement des générations en agriculture, les acteurs de l'emploi et de la formation agricole sont bien décidés à faire bouger les lignes. «Un choc démographique attend l'agriculture, la moitié des exploitants agricoles français étant susceptible de prendre leur retraite d'ici dix ans», a rappelé Christiane Lambert en préambule du «grand rendez-vous» sur la formation agricole organisé par la FNSEA et l'opérateur de compétences Ocapiat le 3 novembre dernier à Paris. «Cette échéance nous amène à nous interroger sur l'adaptation des formations aux métiers de demain», a poursuivi la présidente de la fédération.

Un chantier autour de l'attractivité

Cette grande journée d'information a été programmée en amont des débats préparatoires à la future loi d'orientation agricole annoncée pour 2023. «L'orientation et la formation en seront deux des piliers et il est indispensable de poser les premiers jalons», a poursuivi Christiane Lambert. Dans un message enregistré, Marc Fesneau a confirmé que l'amélioration de l'attractivité des métiers de l'agriculture constituerait l'axe majeur du texte. «La transmission et la formation des futurs installés seront au coeur des solutions à envisager dans le projet et dans les textes réglementaires qui en découleront», a-t-il précisé.

Pour illustrer les évolutions à venir en matière d'emploi et de formation, Marianne Dutoit, présidente de la commission Enseignement-Formation et Jérome Volle, vice-président de la FNSEA en charge de la politique de l'emploi, avaient choisi d'organiser les débats autour de la question de l'innovation «au service de l'attractivité des métiers du vivant». «Nos métiers changent à grande vitesse et le contenu comme la forme de l'enseignement doivent s'y adapter très régulièrement», a plaidé Marianne Dutoit en présentant les enjeux de la rencontre. «Il est indispensable de décloisonner les enseignements et les voies d'accès pour que l'on puisse vraiment choisir ces métiers en connaissance de cause.» La FNSEA joue déjà un rôle moteur dans ce processus, «notamment pour inscrire la multi-compétence dans les nouveaux programmes ou pour transcrire dans les diplômes la réalité de nos fermes», a poursuivi Marianne Dutoit. «Encore faut-il que collégiens, lycéens et étudiants aient l'opportunité de rencontrer des agriculteurs. Or, on empêche de rentrer nos branches professionnelles dans les lycées ; il faut que cela change», a-t-elle précisé. «Nous avons besoin de faire venir à l'agriculture des personnes qui viennent de l'extérieur pour qu'elles apportent leur vision», a abondé Jérôme Volle. «La plupart de nos concitoyens ignorent que l'agriculture recouvre près de cent métiers différents.»

Des passerelles d'un cursus à l'autre

Au cours de cette journée très riche, quatre tables rondes ont permis d'illustrer les transformations opérées par l'innovation à tous les étages de l'agriculture, de l'enseignement à la construction du modèle économique, en passant par les évolutions techniques, sociales et territoriales. «En regroupant il y a dix ans les programmes d'ingénieurs de trois écoles (HEI pour le génie industriel, bâtiment et énergie, ISEN pour le numérique et l'électronique et l'ISA pour les sciences du vivant) sur les mêmes campus, nous avons inscrit la transdisciplinarité et la transition au coeur de notre projet pédagogique», a ainsi témoigné Christophe Fachon, directeur des opérations académiques de Junia, issu de la fusion de ces écoles. En intégrant la section «numérique et biologie» récemment créée, les étudiants de l'école se forment pendant trois ans de façon équivalente à ces matières avant de choisir l'un ou l'autre cursus. «Nous diplômons ainsi des profils qui n'existaient pas avant pour des métiers qui existent aujourd'hui», a-t-il exposé, arguant que les compétences des chefs d'exploitation vont aujourd'hui «de la production au numérique».

Selon Christiane Lambert, le monde agricole dispose des armes pour relever le défi qui se présente à lui. «J'aperçois d'ores et déjà des signaux positifs», a-t-elle observé, «comme l'augmentation du nombre de jeunes entrés dans les écoles d'agriculture lors de la rentrée 2022». «La crise du Covid puis les crises actuelles ont joué un rôle de révélateur sur l'importance centrale de la production agricole», a-t-elle estimé. «À nous d'accueillir comme il se doit les candidats à nos métiers.»

Mieux encadrer la main-d'oeuvre saisonnière

La création d'un titre de séjour pour les étrangers exerçant dans des métiers en tension évoquée par Gérald Darmanin ces derniers jours est accueillie plutôt favorablement par la FNSEA, a assuré Jérôme Volle, chargé de l'emploi au sein de la fédération en marge du Grand rendez-vous sur l'emploi et la formation. Cette possibilité que le ministre de l'Intérieur envisage d'inscrire dans la loi sur l'immigration annoncée pour 2023 permettrait aux exploitations «d'embaucher des travailleurs étrangers dans la légalité et la transparence». «Comme on l'a encore constaté cette année, les fermes ont du mal à recruter localement, d'autant que le chômage est particulièrement bas dans certains territoires ruraux.» Jérôme Volle a estimé que cette voie de recrutement concernait essentiellement les saisonniers, et non les permanents. «Plus la procédure sera bien encadrée par l'administration, mieux ce sera», a-t-il assuré, tout en s'interrogeant sur la mise en oeuvre pratique de cette disposition.

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