L'Oise Agricole 18 juin 2023 a 09h00 | Par Actuagri

La filière volailles attend avec impatience la vaccination

Pour s’extraire de la grippe aviaire la filière volaille attend impatiemment la mise en place de la vaccination malgré les menaces que celle-ci fait peser sur les échanges commerciaux.

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L’Anvol demande une mise en place rapide de la vaccination.
L’Anvol demande une mise en place rapide de la vaccination. - © PIXABAY

Les témoignages des éleveurs se succèdent. À Cirières, dans les Deux-Sèvres, Annabelle et Louis-Marie Pasquier se remémorent cette journée de décembre 2022 où ils découvrent dans leur élevage des canetons de quatorze jours touchés par l’influenza aviaire. La maladie se transmet rapidement à un autre bâtiment où 3 000 volailles arrivent à maturité. La décision est implacable. Il faut euthanasier les poulets, plus 7 000 chapons et 15 000 pintades. «Cinquante tonnes de volaille à la benne alors qu’on les avait préparées pour les fêtes», déclare Louis-Marie Pasquier. En trente ans de carrière, ce couple d’éleveurs, spécialisé en volailles conventionnelles, n’a jamais traversé une telle épreuve. À la crise s’ajoutent les prolongations obligatoires de vide sanitaire. La production vient de repartir doucement, il y a deux mois, avec des dindes dans deux bâtiments sur neuf. Sur l’année écoulée, la production a été arrêtée pendant huit mois. «Les indemnisations ont été au rendez-vous», estiment-ils, «on a même réussi à garder notre salarié, mais nous attendons le vaccin pour savoir dans quelles conditions repartir sereinement.» Suite à cette succession de crises depuis cinq ans, dont deux vagues en 2022, l’Interprofession volaille de chair (Anvol), demande une mise en place la plus rapide possible de la vaccination, en priorité pour les palmipèdes, «machines à excréter du virus», indique Dominique Grasset, président de Galliance et du Comité interprofessionnel du poulet de chair.

Vaccination obligatoire ?

Autre priorité, selon l’Anses cette fois-ci, vacciner les animaux présents dans les élevages assurant la sélection et la multiplication pour toutes les filières. Cette vaccination pourrait intervenir dès le 1er septembre. «Le plus tôt sera le mieux», indique Jean-Michel Schaeffer, président de l’Anvol, avant d’exposer les défis que pose cette campagne de vaccination. Le coût déjà, estimé entre 60 et 80 millions d’euros. Les pouvoirs publics mettront la main à la poche, mais la filière participera également. Les laboratoire Ceva Santé Animale installé à Libourne et son concurrent allemand Boehringer ont mis au point les vaccins. L’interprofession Anvol demande que la vaccination soit obligatoire. Tout le monde attend donc le vaccin. Tout le monde en France. Car si l’hexagone sera le premier pays à vacciner, les autres pays ne sont pas enclins à le faire. Ils pourraient même saisir ce pré-texte pour fermer leurs portes aux produits avicoles français. L’Anvol demande donc à l’État d’agir pour que la vaccination contre l’influenza aviaire soit adoptée dans tous les états membres de l’UE. «Il va falloir mener une diplomatie sanitaire active», explique Jean-Michel Schaeffer, «accompagner nos entreprises à l’étranger, donner des explications pour rassurer nos clients. N’attendons pas que l’Union européenne le fasse.» Parmi les secteurs menacés par une fermeture des frontières, celui de la génétique, l’un des fleurons de la filière avicole française.

Réduction des mises en place

La production de canards a repris avec prudence. Yannick Picard, éleveur aux Lucs-sur-Boulogne, en Vendée, n’a pu sortir qu’un lot en 2022. Son élevage de canards à rôtir ayant été touché par la grippe aviaire au mois de mars de la même année. Il n’a pu re-prendre la production qu’en avril 2023. Mais l’incertitude plane sur la fin de l’année. Compte tenu du nombre élevé de canards, et notamment de reproducteurs, dans les 45 communes des Pays de Loire considérées ZRD, zone à risque de diffusion, l’Anvol re-commande d’arrêter les mises en place mi-août de façon à ce qu’il n’y ait plus, ni de canards de chair, ni de canards gras non vaccinés dans les élevages au 1er novembre. Une décision qui concerne aussi le Sud-Ouest. Ensuite, et si le vaccin est disponible, la production reprendra avec des canetons vaccinés. Un engagement de la filière qui pèsera sur les productions festives de fin d’année.

Feu vert pour indemniser l’épisode printanier dans le sud-ouest et acomptes renforcés

Alors que le Sud-Ouest subit depuis début mai une flambée printanière inhabituelle d’influenza aviaire, le ministère de l’Agriculture a annoncé le déploiement des indemnisations pour les aviculteurs dans un communiqué du 12 juin. Les indemnisations sanitaires feront l’objet d’un acompte renforcé à 85 % (contre 75 % habituellement). Un nouveau taux qui s’appliquera «à l’échelle nationale» et «pour les abattages ordonnés à compter du 1er mai 2023». Comme le rappelle la Rue de Varenne, les indemnisations sanitaires «couvrent la valeur marchande des animaux abattus sur demande des services de l’État», ainsi que les «frais de nettoyage et de désinfection des bâtiments, des parcours, la destruction des cadavres et des produits de l’exploitation». Concernant les indemnisations économiques – qui couvrent les pertes liées aux restrictions sanitaires dans les zones réglementées –, une avance sera «payée durant l’été» à hauteur de «50 % des pertes estimées», afin «d’apporter rapidement un soutien à la trésorerie des élevages». Enfin, le ministère ouvrira «début 2024» les indemnisations pour les entreprises d’aval et de services. Dans les quatre départements du Sud-Ouest, le nombre de foyers s’est stabilisé à 85 depuis le retour de l’influenza dans le Gers début mai, selon le dernier bilan du ministère. Près d’un million de volailles ont été abattues pour lutter contre la maladie.

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