La FDSEA de l'Oise garde le cap et demande des dérogations
Réunis tout juste une semaine après la Journée de l'adhérent, les membres du conseil d'administration de la FDSEA continuent les combats en cours.
Mais le sujet qui occupe l'esprit de bon nombre de producteurs reste la situation en plaine du fait des précipitations incessantes depuis plus d'un mois. Betteraves sucrières non arrachées, maïs grain pas récoltés, semis de blé impossibles, sans compter l'implantation des Cipan tout bonnement inenvisageable.
«Les conditions météo actuelles rendent le calendrier agronomique et réglementaire impossible à respecter. Il va falloir que l'administration l'entende : nous ne pouvons pas nous tenir aux dates exigées», pose d'emblée Régis Desrumaux, le président de la FDSEA. Comme beaucoup vont devoir modifier leur assolement et reporter des cultures d'hiver sur celles de printemps, l'impact réglementaire est important au niveau de la Pac et des obligations de la directive nitrates notamment. «Je pense que nous allons rencontrer la préfète et les services de la DDT pour évoquer cette situation inédite et voir quelle solution apporter pour que les producteurs en pareille situation ne soient pas pénalisés. Il faut mettre en avant le cas de force majeure pour justifier du non respect, bien involontaire, de la réglementation.»
Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA, ajoute que l'Oise n'est pas le seul département concerné et que d'autres vont entamer la même démarche. «Du côté de la FNSEA, nous avons rencontré le ministre de l'Agriculture sur cette même problématique. Il est hors de question que des agriculteurs subissent des pénalités en cas de contrôle.» Éric Labarre signale des parcelles inondées dans le Noyonnais du fait de l'interdiction de curer les cours d'eau et les fossés, Jean Lefèvre indique qu'il est impossible d'épandre le digestat des méthaniseurs et beaucoup de participants commencent à entendre des discours selon lesquels l'agriculture intensive serait responsable des inondations. «C'est un sujet que nous devrons aborder lors de la rencontre que nous souhaitons organiser entre les organisations professionnelles agricoles et l'Union des maires de l'Oise.», assure le président.
Fermeté sur le canal
Éric Labarre fait le point sur l'avancée du dossier. Concernant le règlement des indemnités, il semble que les choses avancent un peu, même si les moyens humains déployés sont inappropriés. Une rencontre va être organisée avec la communauté de communes du Noyonnais à propos du projet de port intérieur et de l'excessive consommation de foncier le long du canal, chaque canton voulant sa plateforme. «C'est simple : des agriculteurs qui n'étaient pas hostiles par principe au canal se demandent si ce dernier ne va finalement pas plus servir à importer du sucre ou des céréales de l'Est, qui vont nous concurrencer comme aujourd'hui, plutôt que rendre notre blé plus compétitif à l'export !»
Idem pour la question des DPB (droits à paiement de base) dont le maintien au-delà de 2027 n'est pas garanti. «Il faut le reconnaître, le canal est vraiment le chantier du siècle. Mais force est de constater que les négociations et les agissements des protagonistes en font que crisper les agriculteurs. Continuons-nous à maintenir la pression auprès de la Société du Canal et des intervenants ?», lance Régis Desrumaux. À l'unanimité, les membres du conseil répondent oui : la FDSEA continuera à défendre les agriculteurs impactés. Et même position pour Mageo.
Le ratio prairies permanentes et les haies
S'il est un dossier qui fâche régulièrement les syndicalistes de l'Oise, c'est bien celui-là. Des autorisations de retournement pourraient être accordées à hauteur de 300 ha sur les cinq département de la région, dès que l'arrêté régional sera pris. «On sait bien que notre préfet de région est très attaché à la santuarisation des prairies permanentes et les autorisations ne pourraient être accordées sans doute qu'aux jeunes installés, aux agriculteurs en difficultés et à ceux dont les prairies permanentes constituent plus de 75 % de la SAU (surface agricole utile)», précise Pascal Foucault, président de l'arrondissement Beauvais Nord.
De même, la comptabilisation des haies ou pas selon qu'elles sont sur des parcelles de terres arables ou des prairies permanentes a de quoi chagriner. «Les fascines vivantes que j'ai installées ne sont pas non plus comptabilisées», relève Jérémy Stoffaes. De son côté, Alexandre Gibault témoigne : «J'ai 45 ha de prairies permanentes avec 16 km de haies et pas un mètre ne compte dans les IAE (infrastructures agroécologiques) ! On marche sur la tête !» Il ne croit pas si bien dire, une action est proposée par la FNSEA, à laquelle le conseil d'administration décide de participer (voir encadré).
Fabrice Carbonnaux, président des fermiers, relève la forte augmentation des fermages cette année et le dossier de l'agrivoltaïsme pour lequel un arrêté ministériel est attendu. Il devrait laisser aux départements la possibilité de faire des ajustements puisque la CDPenaf (commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers) donnera des avis conformes.
Ensuite, Luc Smessaert a brossé les avancées à venir de la loi de finances 2024 et Jean Lefèvre a souhaité la création d'un groupe de travail autour de la production d'énergie par les agriculteurs : méthanisation, photovoltaïsme, biomasse, carbone... Les adhérents tentés par la réflexion sont les bienvenus.
Action «On marche sur la tête !»
La FNSEA invite les agriculteurs à manifester contre les contraintes réglementaires qui s'empilent et, parfois, se contredisent. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Connaître toutes les règles auxquelles l'agriculture est soumise relève du challenge !
L'action proposée est simple et symbolique : elle consiste à retourner les panneaux d'entrée des communes et les laisser ainsi pendant une semaine avant de les remettre dans le bon sens. Il est demandé de prévenir son maire au préalable qui pourrait trouver qu'on marche vraiment sur la tête tant il a, lui aussi, de nombreuses responsabilités.
Les adhérents sont donc invités à agir cette fin de semaine. «Vous retournez le panneau, vous vous prenez en photo devant et vous la postez sur les réseaux sociaux. À l'échelle de tous les départements, cela va se voir !»
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