«La chambre de région est au service des territoires»
Le vendredi 18 septembre, les élus des chambres départementales (Aisne, Oise) et inter-départementale (Nord-Pas-de-Calais) ont adopté le principe de la constitution d’une Chambre d’agriculture de région pour les Hauts-de-France. Explication de cette régionalisation avec Hervé Ancellin, président de la Chambre d’agriculture de l’Oise.
Comment s’est déroulée la réunion du 18 septembre concernant le processus de régionalisation ?
La réunion s’est très bien passée. L’objectif était de montrer que l’on s’engageait tous ensemble dans un processus de Chambre de région. Elle a pour mission d’organiser l’ensemble des pôles métiers des différents départements qui adhèrent au projet (Oise, Aisne, Nord et Pas-de-Calais). A ce jour, la Somme n’est pas prête à se lancer, mais la porte restera ouverte lorsqu’ils seront prêts à nous rejoindre. L’idée est de mutualiser nos compétences et surtout de pouvoir s’octroyer des compétences complémentaires afin d’accompagner les agriculteurs dans cette période relativement difficile, notamment sur les systèmes de grandes cultures et de l’élevage (problème de résilience sur les exploitations). Du coup, de nombreux agriculteurs changent de modèle économique. Un certain nombre d’entre eux vont passer au bio, faire de l’agriculture de conservation, d’autres vont se diversifier en proposant de la vente directe avec circuit court, ou bien d’installer des systèmes d’irrigation pour développer des cultures légumières... Tout ceci nécessite des compétences accrues, ce que nous permettra la Chambre de région avec ses 350 collaborateurs ; nous pourrons accompagner l’ensemble des agriculteurs sur la quasi-totalité des thématiques.
Pourquoi la Somme n’a-t-elle pas intégré cette future Chambre régionale ?
Nous sommes persuadés que pour avancer dans ce projet, il y avait un fort intérêt d’aller vers un budget unique et un employeur unique. Le département de la Somme est partisan de faire ce processus en deux étapes. Cependant, il y a lieu de globaliser l’ensemble pour éviter des dérives financières et de se retrouver dans une situation particulièrement difficile que connaissent certaines régions. La région Hauts-de-France est constituée de cinq départements, on aura vraiment réussi le projet lorsque l’on sera tous ensemble.
Comment est-il possible de décliner une stratégie régionale dans le département de l’Oise?
On se rend compte de la nécessaire proximité aux agriculteurs, mais les élus se doivent également d’être très proches. Chaque département a ses spécificités (bassins de captages, collectivités territoriales…) et son historique. On remarque qu’entre le monde rural et celui de la ville, des liens se créent et on a besoin de cette communication positive. Dès lors, plusieurs projets se mettent en place comme Campus vert pour venir en aide aux étudiants pour se loger. Il est nécessaire aussi de bien travailler sur l’aménagement du territoire à cause du changement climatique et des besoins naissants. Il faut vraiment comprendre que la Chambre de région est au service des territoires et non l’inverse.
Il y a trois challenges. Le premier est de répondre aux demandes des agriculteurs et de les accompagner dans cette mutation. Le deuxième, mutualiser et développer les compétences des collaborateurs afin d’évoluer et de donner des perspectives. Le troisième axe est l’équilibre financier.
Quelles seront les grands thèmes traités par la future chambre de région ?
Il y a une attente de l’Etat de voir les régions se mettre en place. En Hauts-de-France, avec nos conditions pédoclimatiques, on a pratiquement les mêmes productions. Même s’il y a des spécificités départementales et c’est ce qui fait la richesse de cette région. Dès lors, ensemble, nous devions trouver une certaine relation car cette mutualisation permettra de travailler à la même échelle que la Draaf, le Dreal, la Région, avec une attention toute particulière du préfet de région. La Chambre territoriale de l’Oise conservera ses relations proches avec les institutions départementales, que ce soit la DDPP ou la DDT.
Cette collaboration va faciliter et améliorer le travail mais aussi restaurer un équilibre dans les budgets. En effet, la taxe foncière sur le foncier non bâti est une ressource essentielle aux Chambres d’agriculture pour pouvoir accompagner les agriculteurs, nous devons donc la préserver. Pour ce qui est des grandes thématiques : l’eau, l’environnement, l’élevage, les produits locaux, le renouvellement des générations, les nouvelles technologies, le numérique, les nouvelles filières, l’énergie…sont autant de thèmes à travailler, sans oublier les grands projets comme le Canal Seine Nord Europe.
Quelle(s) est(sont) la(les) prochaine(s) étape(s) ?
Il faut prendre le temps pour pouvoir réaliser et réussir les objectifs. J’ai donc souhaité engager le département en début de mandature. Grâce à nos élus, on a pu travailler sur l’établissement du décret. C’est une chance d’être des pionniers dans cette démarche, pour pouvoir écrire le texte de loi. Par la suite, il va falloir construire un nouvel organigramme au niveau des salariés afin que tout le monde puisse trouver sa place et s’épanouir dans son travail. Enfin, il faudra trouver une vitesse de croisière avec les autres départements car nous n’avons pas la même manière de travailler. Le plus important est de rassembler le meilleur de chacun, nous devons donc nous adapter et réfléchir pour avoir plus d’efficience et rendre des services de qualité.
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