La biomasse : une ressource qui peut être mieux valorisée
Une 2e édition des Entretiens IAR – Bioraffinerie internationale s’est déroulée les 6 et 7 novembre à Chantilly.
Le pôle de compétitivité Industrie et agro-ressources avait organisé en 2011 les premiers Entretiens IAR. Le thème portait sur les alternatives végétales aux ressources fossiles. Une seconde édition vient d’avoir lieu, à Chantilly, portant cette fois sur le renouveau de la biomasse, matière première industrielle. Elle a réuni une quarantaine d’universitaires et de scientifiques, français essentiellement, mais aussi du monde entier.
La création de ce pôle interrégional de compétitivité, en 2005, venait de l’idée toute simple que l’agriculture des deux régions Picardie et Champagne-Ardenne, sans doute la plus performante d’Europe, devait approvisionner des filières locales de valorisation de ses produits, plutôt que de fournir au marché, en France et à l’export, des produits bruts. L’idée paraît banale aujourd’hui, disait lors de la table ronde de clôture de ces Entretiens le 7 novembre au soir Jacques Meyer, premier vice-président du Conseil régional de Champagne-Ardenne ; mais cela a nécessité de fédérer autour de cette idée des responsables politiques, des universitaires, des chercheurs et des entreprises, parfois concurrentes entre elles, pour définir des stratégies et créer de nouvelles filières industrielles qui ont déjà pris corps.
Les premières entreprises partenaires faisaient partie de grands groupes, comme Sofiprotéol ou Tereos, et désormais des PME s’inscrivent dans la démarche. Le but est de valoriser de façon optimale tous les composants des végétaux pour fournir des agro-matériaux, des biomolécules, des bioénergies et de très nombreux ingrédients ou tensioactifs destinés aux cosmétiques, à la pharmacie, à l’industrie des peintures, des solvants, des résines, des lubrifiants…
Le professeur Daniel Thomas, qui a présidé ce pôle avant de passer le flambeau à Dominique Dutartre, rappelait lors de cette soirée la volonté de valoriser la plante, «toute la plante», pour créer de la valeur ajoutée, donc de l’économie et de l’emploi, l’objectif étant de partager cette valeur ajoutée avec le monde agricole, producteur de ces agro-ressources. L’intérêt de la démarche est aussi territorial, puisque l’ancrage de ces activités est naturellement très fort avec la production, donc avec notre agriculture régionale. Il y a création d’activités industrielles non délocalisables et renforcement de la dynamique territoriale, avec des relations plus fortes entre l’agriculture, le monde de l’industrie, dans des domaines de plus en plus larges, et celui de la recherche.
C’est aussi une démarche environnementale, puisque toute cette biomasse est renouvelable, sa production doit être inscrite dans la durabilité. Anne Ferreira, vice-présidente du Conseil régional de Picardie, disait que «les usages des produits agricoles doivent évoluer… il faut tirer le maximum de la valeur ajoutée de la ressource dans le plus grand respect de l’environnement pour sa production et sa transformation». L’émergence de cette «bio-économie» permet une meilleure gestion de la matière, puisque les déchets de certaines industries deviennent matière première d’autres industries agro-industrielles.
Les bioraffineries
Ces Entretiens IAR traitent des bioraffineries. Que sont-elles ? Une bioraffinerie est un ensemble industriel, localisé sur un même site, qui transforme les ressources végétales en une grande diversité de produits destinés à l’alimentation humaine et animale, à la fabrication de produits chimiques (peintures, vernis, colles, parfums, produits de nettoyage…), de matériaux (emballages, matériaux d’isolation, mousses…) ou encore à la production d’énergie (biocarburants, électricité, chaleur). La stratégie d’efficacité doit prendre en compte les aspects énergétiques, environnementaux, économiques et sociaux.
Des bioraffineries «grandeur nature» existent déjà et Dominique Dutartre citait l’amidonnerie de Nesle (du groupe Tereos-Syral), la plate-forme de Pomacle-Bazancourt et l’association de l’amidonnerie de blé de Chamtor avec la sucrerie Cristal Union. Il y a aussi le site industriel Sofiprotéol de Venette, auprès duquel va se développer le projet Pivert, institut d’excellence spécialisé dans la chimie du végétal et les énergies décarbonées. Pivert est une émanation du pôle de compétitivité, comme le sont la BRI (bioraffinerie recherches et innovation), qui est la plate-forme d’innovation de Pomacle-Bazancourt dans la Marne, travaillant sur la transformation et la valorisation des matières agricoles à usage non alimentaire, et Improve, qui sera une plate-forme d’innovation pour la valorisation des protéines végétales, qui sera implantée à Amiens.
Toutes ces filières agro-industrielles nouvelles sont créées et structurées par le pôle IAR, reconnu à vocation mondiale, qui est soutenu par l’Etat et les conseils régionaux de Picardie et de Champagne-Ardenne.
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