L'Oise Agricole 08 décembre 2022 a 08h00 | Par Actuagri

L'optimisme raisonné des betteraviers

Les betteraviers vont bénéficier de prix plus rémunérateurs qui vont leur permettre d'absorber l'envolée des coûts de production. À plus long terme, ils redoutent de se trouver face à une impasse technique faute d'avoir trouvé des solutions convaincantes à l'interdiction des néonicotinoïdes.

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L'autorisation de l'utilisation des NNI sera-t-elle reconduite en 2023 ? Les planteurs réclament «de la lisibilité d'ici l'été prochain, pour préparer les assolements».
L'autorisation de l'utilisation des NNI sera-t-elle reconduite en 2023 ? Les planteurs réclament «de la lisibilité d'ici l'été prochain, pour préparer les assolements». - © alix pénichou

Après le virus de la jaunisse qui a détruit un tiers de la récolte en 2020, un gel hors normes en 2021, c'est une sécheresse sévère qui a frappé les cultures betteravières cette année. Conséquence, le rendement moyen s'annonce en dessous de la moyenne quinquennale, de l'ordre de 80 t/ha (contre 87 t/ha en moyenne) et, qui plus est, avec de fortes disparités régionales. Avec 400 000 ha de betteraves semées au printemps, la récolte devrait atteindre 32 millions de tonnes, loin du record des 46 millions de tonnes en 2017, a annoncé la Confédération nationale des planteurs de betteraves (CGB).

Hausses de prix bienvenues

Heureusement que le prix de la betterave a repris des couleurs. Les industriels ont accordé un prix moyen de 40 EUR/t de betteraves à 16 % de sucre, contre 29-30 EUR/t l'an dernier. Les planteurs bénéficient de prix plus rémunérateurs en raison de la bonne tenue des cours sur les marchés internationaux qu'il s'agisse du sucre, de l'éthanol et de la pulpe.

«Une hausse bienvenue», estime Franck Sander, le président de la CGB, absolument nécessaire pour couvrir la forte augmentation des coûts de production, ceux des engrais et des carburants qui ont progressé respectivement de 16 % et de 35 % en trois ans. L'embellie devrait se poursuivre en 2023. «Les voyants sont plutôt au vert», observe le président, mais la situation pourrait se dégrader au-delà. La CGB redoute un retournement du marché mondial. Le déficit offre/demande à l'international qui tirait les prix à la hausse devrait faire place à un surplus de 3 à 7 millions de tonnes qui devrait peser sur les cours sans que les planteurs disposent de moyens techniques efficaces pour lutter contre les maladies et les ravageurs.

Impasses techniques

Dans l'immédiat, la question qui préoccupe les betteraviers est le renouvellement de l'autorisation des néonicotinoïdes pour protéger la plante de la jaunisse. Les betteraviers ont bon espoir que la dérogation soit reconduite pour les semis 2023 et la décision des pouvoirs publics est attendue en janvier prochain. Au-delà, la CGB compte sur l'arrivée de nouvelles variétés tolérantes à la jaunisse. À ce stade, les nouvelles variétés annoncées par les semenciers, «n'ont pas le potentiel requis par rapport aux variétés standard», observe le nouveau directeur général de la CGB, Nicolas Rialland. «Nous avons besoin absolument de lisibilité d'ici l'été prochain, au moment où les agriculteurs préparent leurs assolements», précise Franck Sander. Sinon les planteurs vont renoncer à la culture et compromettre la pérennité de la filière. Lancé en 2020, le Plan national de recherche et d'innovation (PNRI) doté de 20 millions d'euros (dont 7 de fonds publics) a pour vocation de fédérer la recherche publique et privée afin de trouver des alternatives pour lutter contre les pucerons et la jaunisse. Certes ce PRNI est porteur de solutions potentielles, mais il n'a pas donné encore tous les résultats espérés. Sans oublier que la Commission de Bruxelles projette de réduire de 50 % l'utilisation des produits phytosanitaires d'ici 2030, voire de les interdire dans les zones vulnérables, sans qu'elle soit assortie d'aucune étude d'impact, déplorent les betteraviers.

Sucre de canne : la France demande l'activation d'une mesure de sauvegarde à Bruxelles

Dans un communiqué de presse du 1er décembre, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, le ministre du Commerce extérieur Olivier Becht et le ministre des Outre-mer Jean-François Carenco ont annoncé avoir saisi la Commission européenne afin de «protéger» la filière des sucres dits «de spécialités», en portant la demande des producteurs d'activer une «mesure de sauvegarde». Cet outil vise à rétablir temporairement des droits de douane à l'importation. En raison «d'importations fortes et imprévues sur le marché européen», les sucreries ultramarines «font face à une baisse conséquente des prix de vente de leurs productions», précise le communiqué. Les conséquences sont «particulièrement fortes» pour la Réunion, qui exporte 90 % de sa production à destination du marché européen, dont la moitié est constituée de sucres «de spécialités». Au vu du préjudice évalué par la filière, les trois ministres «considèrent que les conditions sont remplies pour justifier une enquête de la Commission européenne». La filière canne-sucre-rhum joue un rôle prépondérant dans l'activité économique des régions ultrapériphériques (RUP). Elle constitue par exemple la principale source d'emplois de l'agriculture réunionnaise, avec quelques 10 500 personnes employées, selon la DAAF de la Réunion.

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