L'Oise Agricole 30 octobre 2020 a 15h00 | Par actuagri

L’interprofession s’engage pour la biodiversité

Lors d’un symposium à la mi-octobre, le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (CNIEL) s’est positionné et engagé pour accompagner la filière dans la préservation de la biodiversité.

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«La préservation de la biodiversité est l’un des défis de la filière laitière dans les prochaines années et décennies», a affirmé Thierry Geslain, directeur de développement durable du CNIEL.
«La préservation de la biodiversité est l’un des défis de la filière laitière dans les prochaines années et décennies», a affirmé Thierry Geslain, directeur de développement durable du CNIEL. - © Pixabay

«L’élevage, notamment l’élevage laitier, est l’arme de la biodiversité», a indiqué Marie-Thérèse Bonneau, présidente du collège producteurs du CNIEL, en clôture du symposium que l’interprofession laitière organisait à la mi-octobre. «Ce sont d’ailleurs les premiers acteurs de la biodiversité et ceux de la complexité paysagère» avait dit, auparavant, Vincent Manneville, référent biodiversité à l’Institut de l’élevage (Idele). Pour étayer leurs propos, deux agricultrices ont apporté leur témoignage, notamment à travers une démarche d’évaluation multicritères appelée Biotex et mise en place depuis 2014. Cette démarche a été construite pour les éleveurs et les techniciens afin de mettre en évidence la nécessité de prendre en compte de la biodiversité ordinaire dans des approches agro-écologiques.

Des gages scientifiques

Eleveuse dans le Cher, Hélène Fréger détient 60 vaches laitières sur 150 ha dont un quart en prairies permanentes. «Ce sont elles, avec les haies, les futaies qui les bordent, qui permettent de préserver la faune et la flore. Elles constituent aussi une richesse pour mes vaches», a-t-elle expliqué.Gages scientifiques Christine Vazelle, agricultrice en Haute-Loire sur 105 ha dont 85 ha en prairies permanentes acquiesce et entend «conserver l’habitation et les ressources nourricières de l’exploitations pour la biodiversité». Elle a notamment semé une prairie multi-espèces « pour résister aux aléas climatiques » et retarder le rafraîchissement de certaines haies «afin de préserver les espèces qui y vivent».

Caroline Petitjean, maître de conférences à AgroParisTech et Séverine Putti, son homologue de l’Université de Lorraine, apportent les gages scientifiques à ce couple élevage/biodiversité. «Les sols couverts et les prairies constituent un capital naturel multifonctions favorables à préservation de la chaine faunistique : des micro-organismes à la mégafaune, en passant par la microfaune, la mésofaune et la macrofaune», ont-elles expliqué.

«Des produits sains dans un espace préservés»

Derrière cette démarche basée sur le volontariat et celle de la «Ferme laitière bas carbone» dans laquelle 11 000 élevages laitiers sur les 54 000 recensés en France se sont engagés, se pose naturellement la question de la rémunération. Si le lait issu des fermes biologiques permet aujourd’hui d’être mieux valorisé que le lait conventionnel, Bernard Chevassus-au-Louis, président d’Humanité et Biodiversité, incite cependant les agriculteurs «à se tenir prêts à avoir des outils de mesure pour négocier avec les acteurs publics et privés», cette rémunération, notamment à travers le stockage carbone. «Il faut vous organiser pour avoir une offre dans laquelle l’agriculteur ne pourra pas être plumé», a-t-il ajouté. «La préservation de la biodiversité est l’un des défis de la filière laitière dans les prochaines années et décennies», a affirmé Thierry Geslain, directeur de développement durable du CNIEL. C’est pourquoi le CNIEL s’inscrit dans le projet Life, un instrument financier de la Commission européenne entièrement dédié à soutenir des projets dans les domaines de l’environnement et du climat. Il entend également travailler avec les organisations écologiques comme Humanité & Biodiversité, France Nature Environnement ou encore la Ligue de protection des oiseaux (LPO). «L’objectif final est de produite une alimentation de qualité, des produits sains dans un espace préservé», a conclu Marie-Thérèse Bonneau.

Biotex : un outil pratique

Biotex est basée sur plusieurs facteurs indirects stimulant la biodiversité ordinaire : la diversité des cultures forme une mosaïque de cultures attrayante pour des espèces faunistiques ; l’hétérogénéité d’un territoire garantit la diversité des espèces ; la densité des éléments agro-écologiques et les continuités paysagères signent la qualité des habitats ; la diversité des éléments agroécologiques favorise la diversité faunistique et floristique ; les pratiques de gestion des infrastructures agro-écologiques pour en conserver la fonction de régulation des espèces hébergées ; la prairie permanente est une zone de régulation écologique de l’exploitation.

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