L'Ukraine se hisse de nouveau en tête des pays auxquels l'Union européenne (UE) fait appel pour s'approvisionner en grains malgré les restrictions prises par la Commission européenne à son encontre. Depuis le mois de juillet dernier, elle lui a déjà expédié 3,3 millions de tonnes (Mt) de maïs sur les 7,1 Mt importées par l'UE alors que le Brésil, à la deuxième place, n'en a livré qu'1,45 Mt (-2 Mt sur un an). L'Ukraine a aussi vendu davantage de blé tendre en UE que la campagne passée (2,9 Mt ; + 0,15 Mt sur un an).

L'Espagne,1er importateur
La Moldavie, candidate à l'adhésion à l'UE, s'est renforcée sur le marché européen. Le pays a vendu 303.000 t de blé et 91.000 t d'orges en quatre mois de campagne, soit 82.000 t de grains de plus qu'en 2023-2024. Dans les Balkans, la Serbie a accru ses livraisons de maïs de 376.000 t à 477.000 t.

Ces importations européennes compensent la faible production de céréales des Vingt-sept confirmée par la Commission européenne: 112,6 Mt de blé (- 13 Mt sur un an) et 58 Mt de maïs (- 3 Mt) ont été engrangées.

À l'export, le bilan européen est décevant. Seules 8 Mt de blé ont été vendues à des pays tiers sur les 25 Mt objectivées pour 2024-2025. En même temps, l'UE a déjà expédié un tiers des quantités de grains dévolues à l'export pour l'ensemble de l'Union européenne. En ayant vendu 2,9 Mt, la Roumanie est en tête des pays exportateurs de l'UE alors que la France dégringole en quatrième position ! D'ici la fin du mois de juin 2025, l'UE vise toujours l'exportation de 10 Mt d'orges. Seules 1,77 Mt d'orges et 1,1 Mt de malt ont été expédiées d'UE en quatre mois de campagne, soit 29 % de moins que la campagne passée. La Roumanie en a exporté à elle seule 1 Mt. Toutes céréales confondues, l'Espagne est le premier État européen importateur (3,77 Mt) suivie par les Pays-Bas (1,5 Mt) et l'Italie (1,05 Mt).
Les pays de l'Est, pris dans leur ensemble, importent très peu de céréales en provenance de pays tiers, hormis la Slovénie, importatrice de 400 000 t de maïs depuis le mois de juillet dernier.

Piètre bilan français
Cette année, l'Algérie préfère importer du blé de Russie que d'Union européenne (UE) et surtout de France. Ce choix est avant tout diplomatique et politique. Rabat s'étant rapprochée de Paris depuis la visite d'État au Maroc d'Emmanuel Macron, Alger s'en est éloignée. Quoi qu'il en soit, notre pays n'a pas suffisamment de blé pour approvisionner ses clients les plus fidèles parmi ses voisins européens et méditerranéens.

Par ailleurs, les 340.000 tonnes de grains consommés en plus cette année par l'industrie de l'alimentation animale (9,38 Mt au total) réduisent d'autant les capacités d'exportation de notre pays. Aussi la décision prise par Alger altérera à peine, le piètre bilan de la campagne de commercialisation de la France anticipé dès le début de l'été. De juillet à septembre (dernières données connues), notre pays a exporté 2 Mt de blé tendre en UE et vers les pays tiers, soit
1,2 Mt de moins que l'an passé. D'ici la fin du mois de juin 2025, FranceAgriMer table sur l'exportation de 9,9 Mt de blé dont seulement 3,9 Mt hors de l'UE (versus 10,2 Mt en 2023-2024). Toujours en trois mois de campagne, les livraisons d'orges et les ventes de blé dur sont inférieures à celles de 2023-2024.

Les premières n'excèdent pas 1,4 Mt (- 0,8 Mt sur un an) et les secondes 170.000 tonnes (- 70.000 t). Seules les exportations de maïs se maintiennent (650.000 t en trois mois). Et d'ici le mois de juin 2025, FranceAgriMer table sur 4,3 Mt de ventes de grains en Union européenne. Pour autant, le marché européen reste structurellement déficitaire de 19 Mt.