L’état des nappes reste très préoccupant
Le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) a établi, le 13 mars, un point de situation sur l’état des nappes en France. La situation au 1er mars était identique à celle du mois d’août 2022.
«Nous avons déjà vu des situations identiques mais ponctuelles. Ce qui est inédit pour le BRGM, c’est que toute la France est aujourd’hui touchée par un niveau bas des nappes phréatiques», a indiqué Violaine Bault, hydrogéologue au sein de cet établissement public. Elle cite notamment le «début tardif de la période de recharge» qui s’est faite «avec un ou deux mois de retard». Il a en effet assez peu plu pendant l’automne et l’hiver, pas assez pour que l’eau s’infiltre dans le sous-sol. D’autant que la sécheresse estivale 2022 a durci les sols et que la végétation «très active jusqu’en novembre a capté les volumes d’eau» qui sont tombés, a souligné l’hydrogéologue. Surtout, un mois de février sec* n’a fait qu’aggraver la situation. Tant et si bien que 80 % des niveaux des nappes sont sous les normales. Près de «45 % des nappes connaissent des seuils bas et très bas», a précisé Violaine Bault. À peu de choses près, la situation à la fin du mois de février 2023 est comparable à celle de la fin juillet-début août 2022. «On est déjà en dessous du seuil de vigilance pour le mois de juillet et on est en mars», a interpellé Violaine Bault.
Situation préoccupante
Si toute la France est en situation jugée «préoccupante», quelques régions paraissent plus exposées et en seuil presque critique. Il s’agit notamment du couloir Rhône-Saône et de la plaine du Roussillon «qui n’a jamais connu un niveau aussi bas», a-t-elle ajouté. Dans une moindre mesure, la situation est jugée inquiétante dans les Causses et dans le Limousin «où les niveaux sont très bas» et «où la situation se dégrade».
Le BRGM reste très prudent concernant les prévisions pour les prochains mois. L’établissement public ne paraît guère optimiste. «À l’exception de la zone Artois-Manche, où les recharges ont été bonnes, il est très probable que la situation se dégrade lentement», a indiqué Pierre Pannet, directeur adjoint des actions territoriales du BRGM. En fait, tout va dépendre des pluies qui ont commencé à balayer la France depuis le début du mois de mars, en particulier, la manière dont cette pluie va tomber : «Si les précipitations, par exemple 1 000 mm, sont homogènes et régulières, les nappes se rechargeront plus facilement. Au contraire, si à volume identique, vous avez trois orages de 150 mm et le reste en pluies normales, l’effet ne sera pas le même», a déclaré Pierre Pannet. Surtout «les prévisions saisonnières de Météo-France sur les mois de mars, avril et mai ne privilégient aucun scénario pour les pluies et des températures plus élevées que la normale sur toute la France. La hausse des températures pourrait permettre une reprise précoce de la végétation. L’augmentation de l’évapotranspiration risque alors de limiter nettement l’infiltration des pluies d’ici quelques semaines», a-t-il ajouté.
Arrêtés préfectoraux
En France, il tombe environ 500 milliards de m3 d’eau par an «dont 120 milliards, soit 23 %, retournent dans les nappes», a précisé Violaine Bault. À ce jour, dans une douzaine de départements, les préfets ont pris des arrêtés de vigilance, parfois combinés avec des restrictions d’usage de l’eau : c’est en particulier le cas de l’Ain, des Bouches-du-Rhône, des Pyrénées-Orientales et du Var tous les quatre en alerte renforcée pour tout ou partie du département.
* Il n’est tombé aucune précipitation significative entre le 21 janvier et le 21 février, soit 32 jours avec des précipitations inférieures à 1 mm.
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,