L'Oise Agricole 13 janvier 2022 a 09h00 | Par Dorian Alinaghi

L'année commence sur les chapeaux de roues pour Valfrance

Devant la recrudescence de la pandémie en ce début d'année, la coopérative Valfrance a organisé son assemblée générale ordinaire en visio-conférence le 6 janvier afin de présenter le bilan de son activité.

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Laurent Vittoz,le directeur et Christophe Grison, le président. (© Valfrance)  © Cature écran  © Cature écran  © Cature écran  © Cature écran

Chaque année, la coopérative Valfrance investit entre 5 à 6 millions dans la réfection et rénovation de ses silos. De plus, un incident majeur en 2020 sur le site de Nangis a fait retentir la sonnette d'alarme. «Les objectifs de la coopérative sont de pérenniser les outils et de moderniser la rapidité d'exécution. Actuellement, nous sommes dans une phase de réflexion afin de relocaliser certains de nos silos obsolètes. En effet, les moissons se sont modernisées plus vite que nos silos. La cadence est donc parfois dure à suivre, nous en avons conscience.» déclare Christophe Grison, président de Valfrance. Nouveau siège social, nouvelle usine de production de semences, réhabilitation de plusieurs silos béton, des projets importants commencent à voir le jour pour répondre aux attentes des adhérents, des clients et des salariés.

«Ces investissements, qu'ils soient pour l'usine de semences ou notre parc silos, vont apporter plus de sécurité et de modernité à nos installations. Les anciens locaux d'Office Dépôt, que nous avons acquis récemment, répondent à nos besoins. Le site est adapté pour y construire notre nouvelle usine de semences et accueillir l'ensemble du siège social. La vente de notre ancien site de Senlis, ainsi que la possibilité de sortie de l'actionnariat, nous ont permis de maîtriser le budget de ce nouveau projet d'usine de semences. Nous allons également rationaliser toutes nos locations extérieures en bénéficiant d'un site avec une capacité de stockage plus importante. Notre nouvelle usine de semences nous permettra de travailler dans de meilleures conditions pour mieux répondre aux attentes de nos clients. Nous serons plus modernes et plus agiles. L'innovation génétique en matière de semences va devenir de plus en plus importante. Nous considérons que c'est la voie d'avenir pour améliorer les rendements en réduisant l'utilisation des intrants avec des variétés de semences plus résilientes, plus résistantes aux maladies, aux insectes» expliquent Laurent Vittoz, le directeur de Valfrance, et Christophe Grison.

En parlant semences, le maintien de la qualité du stock report très important, 1.500 tonnes, issues des non semis de l'automne 2019, ont permis de démarrer la campagne avec de l'avance. La moisson 2020, de bonne qualité, a alimenté correctement les usines. Ces dernières ont conditionné 31.338 tonnes, ce qui représente une baisse de 3 % par rapport à la campagne précédente. Cela s'explique par un retour à la normale des fabrications de printemps pour 4.300 tonnes contre les 8.000 tonnes de la campagne passée. Ceci masque également une progression de 13 % sur le circuit long et de 10 % sur le circuit court.

Une collecte hétérogène

Entre fortes pluies à l'automne, hiver doux mais pluvieux, suivi d'une période de sécheresse de début mars à fin avril, les conditions climatiques n'étaient pas réunies pour une bonne moisson et ce, pour tous les systèmes de production confondus (conventionnel, biologique...). La moisson 2020 a été rapide, décevante en volume, médiocre en rendement, mais satisfaisante en qualité.

L'orge d'hiver a ouvert le bal avec un début de récolte à la mi-juin. Le rendement moyen s'élève à 60-65 q/ha, avec de fortes disparités, les écarts pouvant aller de 25 quintaux à 90 quintaux/ha. La production a été fortement affectée par l'implantation tardive et un manque d'enracinement dû à l'excès d'humidité de l'hiver et à la sécheresse d'avril. Au final : une protéine à 10,3 %, un calibrage à 87 % et un poids spécifique à plus de 65 kg/hl.

La moisson s'est poursuivie par la récolte de colza. Malheureusement, cette culture a fait face à de nombreux problèmes : une levée tardive, un démarrage lent, des insectes agressifs, surtout en automne. Cela a entraîné des rendements moyens, autour de 38 q/ha. Une nouvelle fois, l'excès d'humidité de l'hiver et la sécheresse d'avril ont affecté le développement des colzas, avec un PMG faible.

Le blé tendre, quant à lui, délivre des résultats très décevants. Suite aux mauvaises conditions climatiques, la surface d'implantation a diminué de près de 10 % en comparaison aux années précédentes, remplacée par des cultures de printemps. L'automne pluvieux a compliqué les semis de blé tendre et l'hiver ayant été doux, les agriculteurs ont observé la présence prolongée de pucerons jusqu'en mai. Le rendement moyen se situe à 76 quintaux/ha en blé, en dessous de la moyenne olympique à 84 quintaux/ha. De plus, certaines parcelles sont descendues jusqu'à 30 quintaux/ha. Par ailleurs, les critères qualitatifs sont au rendez-vous. La protéine juste au-dessus de 11 % permet d'alimenter les marchés exports et industriels. Le poids spécifique est excellent, à près de 80 kg/hl.

Pour les orges de printemps semées à l'automne jusqu'en janvier, le rendement reste correct (environ 60-65 quintaux/ha), tout comme la qualité. Pour les cultures semées en mars, la moisson s'est révélée catastrophique avec une moyenne qui s'approche de 40 quintaux/ha. La faiblesse de rendement de certaines parcelles entraîne une augmentation forte du taux de protéine (moyenne à 11,2 %), générant un travail accru de mise aux normes et d'allotage en silo.

La récolte maïs a démarré dans de bonnes conditions le 10 septembre. Une forte hausse des surfaces avait été notée, de l'ordre de + 12 %, en remplacement de surfaces de blé d'hiver non semées. Cependant, les conditions, une fois de plus sèches au printemps et en été, ont entraîné une baisse importante de rendement qui s'affiche en moyenne à 70 q/ha, en deçà du niveau de l'année précédente à 90 q/ha. Étant donné les conditions de l'année 2020, le maïs réceptionné était bien plus sec qu'à la normale, avec un niveau d'humidité moyen d'environ 23 %, indiquant un phénomène de freinte plus important lié au sur-séchage.

2020 a été une petite collecte chez Valfrance : seules 687.061 tonnes ont été collectées, dont 36.077 tonnes de semences et 8.942 tonnes de bio ; en baisse sensible de 187.761 t par rapport à l'année précédente (- 21,5 %). Les rendements moyens ont cependant été corrélés à des prix qui se sont améliorés en fin de campagne ; toutefois, la combinaison prix/rendement reste encore insuffisante pour une majorité d'exploitations. Le chiffre d'affaires global s'élève à 223 MEUR, dont 142 en céréales et oléo-protéagineux (contre 163 MEUR l'année d'avant).

Crise et défi

«Côté marchés, la commercialisation de la récolte 2020 a été marquée par la poursuite des tensions politiques à l'international. Les flux logistiques ont été perturbés par l'évolution de la crise sanitaire liée au Covid-19 mais, globalement, la demande est restée sur un point haut. La campagne 2020 s'est finalisée sur un niveau de tension dans les stocks très palpable, rendant les opérateurs très nerveux à la moindre crainte climatique. À noter qu'après le choc de la crise sanitaire, les politiques d'aides à la reprise économique sont très nombreuses et massives, entraînant un déversement de liquidités sur de nombreux actifs financiers. Au-delà du risque climatique bien présent sur la récolte 2020, on observe la montée en puissance de nouveaux risques exogènes majeurs (géopolitique, monétaire, sanitaire, frêt, pénurie de matières premières...)», explique Hugues Desmet, responsable collecte à Valfrance.

Le prochain défi de Valfrance est de réussir le transfert vers la nouvelle usine de production. «C'est le projet des 30 prochaines années en termes de semences. Le défi est plutot bien engagé pour le moment», confirme Laurent Vittoz. Même si le prix des matières premières a augmenté, il faut faire face à la montée des charges. «Le rôle de la coopérative est d'assister nos sociétaires dans leurs achats d'intrants afin que l'effet ciseaux ne soit pas trop impactant. Face à ces instabilités financières, Valfrance a mis en place une politique commerciale où les sociétaires peuvent bénéficier d'une offre agro-économqie. Celle-ci leur permet de connaître leurs seuils de commercialisation afin d'être le plus résilients possible», conclut Christophe Grison.

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