L'Oise Agricole 30 mars 2024 a 08h00 | Par MSA, DLC

L'aide au répit pour les agriculteurs en épuisement professionnel

Pour lutter contre les risques psychosociaux et l'épuisement professionnel en milieu agricole, la MSA de Picardie a mis en place l'aide au répit. Ce dispositif permet aux actifs en situation d'épuisement professionnel (qu'il soit exploitant agricole, chef d'exploitation ou d'entreprise agricole, ou bien salarié agricole tous secteurs confondus) d'accéder à un temps de répit pour prendre soin d'eux et de leurs proches.

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Depuis plusieurs années, un nombre croissant d'exploitations et d'entreprises agricoles subissent des crises successives se traduisant par une dégradation de leur situation financière. Outre des problèmes de surendettement, l'agriculteur ou le salarié d'une entreprise agricole est plus exposé au stress avec des répercussions possibles sur sa vie sociale et familiale. L'épuisement professionnel, appelé aussi burn-out, se traduit par un état d'épuisement à la fois émotionnel, physique et psychique. Il peut s'exprimer par la manifestation d'un mal-être ou d'un problème de santé. Le rapport au travail se dégrade progressivement et les symptômes suivants peuvent apparaître : fatigue extrême, cynisme et attitude négative vis-à-vis du travail, dévalorisation de soi, sentiment ne pas être à la hauteur...

Un dispositif complet

La MSA propose plusieurs axes :

- prise en charge de consultations psychologiques, de séances d'activité physique ou prise en charge de séances de diététique

- accompagnement au départ en vacances

- séjours détente et mieux être

- groupes de paroles

- programme Avenir en soi.

Pour les exploitants agricoles, s'ajoutent des mesures particulières : prise en charge d'un remplacement temporaire sur l'exploitation de 14 jours, renouvelable une fois dans l'année, sans conditions de ressources, week-end répit, formations (affirmation de soi, journées d'échange...).

Quelques chiffres 2022

48 personnes accompagnées dans le cadre du répit.

45 personnes accompagnées dans le cadre de l'aide au remplacement.

156 personnes accompagnées dans le cadre de consultations psychologiques.

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«Ne pas attendre d'être au fond du trou pour se faire aider»

Michel* en est aujourd'hui persuadé : parler à quelqu'un et accepter de se faire aider est la seule solution quand on est au fond du trou. Cet éleveur de vaches allaitantes a fait un burn-out l'année dernière, qui l'a plongé dans une grande détresse et perturbé la vie de toute la famille qui ne sait pas quoi faire. «C'est ma fille qui a appelé la MSA et j'ai ainsi pu rencontrer un travailleur social. Il m'a proposé 90 heures de Service de remplacement, auquel je suis adhérent. Comme mon épouse partait en cure, j'ai accepté pour accompagner», témoigne-t-il. Finalement, il se décide. «L'agent du service était un agriculteur, lui aussi éleveur. C'était en mai, il venait trois heures par jour pour nourrir les animaux, cela s'est bien passé car il était très compétent et soucieux du travail bien fait», reconnaît Michel. Mais, à son retour, il se sent incapable de reprendre le travail, son médecin lui conseille de continuer à se faire remplacer, ce à quoi il consent. «L'agent est revenu tous les matins pendant plus d'un mois, cela m'a permis de me reposer.» La MSA lui propose également un suivi avec un psychologue, mais il hésite encore à prendre rendez-vous, même s'il comprend que c'est une étape vers la guérison. En attendant, avec son épouse, il a entamé le parcours Avenir en soi, mais des réunions ont été reportées à cause de la neige fin janvier, il espère participer à la prochaine.

Ce que retient Michel de cette épreuve ? «L'aide au répit, il ne faut pas attendre d'être au fond du trou pour s'y intéresser. Si j'avais eu connaissance de ce dispositif, je l'aurais fait plus tôt ! Je conseille à tous ceux qui s'interrogent sur leur présent ou leur avenir de franchir le pas.» Il le conseille d'autant plus qu'il reconnaît que c'est grâce à sa fille qu'il a pu se prendre en main pour commencer la démarche. «Le danger, c'est de rester seul face à ses difficultés. On n'ose pas demander, mais une fois le premier pas effectué, on réalise qu'on n'est pas seul au monde, qu'il y a des personnes bienveillantes prêtes à vous aider.» Mais la première impulsion vers ce parcours doit bien entendu venir des intéressés. Et c'est parfois le plus difficile.

*Le prénom a été changé

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