L'Oise Agricole 30 août 2024 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

«Je vise l'excellence dans mon métier d'éleveur laitier»

À 26 ans, Vincent Smessaert est installé depuis deux ans avec ses parents Philippe et Catherine en SCEA sur une exploitation ultra-spécialisée en lait à Pisseleu, au nord de Beauvais. Ça tombe bien : il est passionné de génétique bovine !

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Vincent Smessaert a lancé une petite production de veaux gras vendus en circuit court, directement à la ferme ou en magasins de producteurs.
Vincent Smessaert a lancé une petite production de veaux gras vendus en circuit court, directement à la ferme ou en magasins de producteurs. - © dr

Une telle passion, cela ne court pas les rues ! Pourtant, jusqu'au collège, Vincent Smessaert avoue eu quelque attrait pour l'uniforme et s'imaginait bien en gendarme. Mais comme il a suivi un bac STAV (sciences et technologies de l'agronomie et du vivant) à l'Institut d'Anchin (59), il a rencontré des jeunes passionnés d'agriculture au point d'attraper le virus de la génétique bovine ! Il l'a perfectionné avec un BTSA productions animales à l'Institut de Genech (59) au cours duquel il a pu aller en stage dans les Alpes, chez un éleveur laitier. «J'ai adoré la période estivale là-bas, à fabriquer reblochon, tomme de Savoie et Abondance», confesse-t-il.

De retour sur les terres plates de Picardie, il travaille chez Gènes Diffusion comme inséminateur, puis assurant les échographies chez les adhérents et le suivi de la reproduction des troupeaux pendant trois ans. De quoi combler son attrait pour la génétique qu'il rêve d'appliquer au troupeau familial. Il s'installe en société avec ses parents en février 2022, avec l'objectif d'augmenter le cheptel et la production laitière.

Atelier laitier spécialisé

Aujourd'hui, l'exploitation accueille 170 vaches laitières Prim'Holstein dont 140 traites pour une production annuelle de 2 millions de litres de lait livrés chez Lactalis. Pour nourrir les 300 animaux environ, 60 ha de maïs ensilage, 2,5 ha de betteraves fourragères et 6 ha de prairies. Les éleveurs achètent aussi de la luzerne et de l'herbe sur pied pour faire du foin ainsi que des pulpes, sans compter les concentrés de production, tourteaux de colza et de soja essentiellement. «Depuis mon arrivée, j'ai modifié la ration en remettant de l'herbe au détriment de l'ensilage maïs pour augmenter la production et avoir un troupeau en meilleure santé», explique Vincent Smessaert dont l'objectif à terme est de produire plus de lait avec moins de vaches. Pour cela, il veut des animaux en bonne santé et passe beaucoup de temps à les observer dans les deux stabulations que les vaches occupent. La traite est assurée par trois robots Lely installés depuis 2 ans et qui apportent satisfaction à l'éleveur.

Le jeune agriculteur mise sur l'amélioration génétique pour avoir un troupeau à haut potentiel de production. «Du potentiel, une alimentation optimale et des animaux bien suivis, en bonne santé. Je vise l'excellence sur tous les critères techniques : production par lactation, âge au premier vêlage, intervalle entre deux vêlages... le tout avec un lait de qualité et des animaux en bonne santé», confesse-t-il.

Lui qui s'est pris de passion pour la génétique connaît les origines de chacune de ses bêtes, les suit au plus près et achète des semences originaires des USA chez Bovec. «Les Américains et les Canadiens ont des années d'avance sur nous et leur sélection est bien adaptée à des systèmes laitiers comme le nôtre. Leurs méthodes d'élevage m'inspirent.» Il investit environ 20.000 EUR par an pour l'achat des semences et le suivi de la reproduction.

Vincent Smessaert est satisfait de voir déjà les premiers résultats de ses choix sur la productivité du troupeau et cela l'encourage à persévérer dans cette voie : lactation moyenne à 13.000 l, premier vêlage à 23 mois, production journalière de 40 kg... «Je voudrais arriver à 50 kg par jour et par vache et diminuer le nombre de vaches donc l'impact carbone de la ferme.»

Il surveille ses coûts de production pour prévenir les maladies, assurer de bons critères de reproduction et de production. Il apprécie également de participer à des concours d'animaux deux ou trois fois par an. «C'est un gros travail de nourrir les vaches en prévision et d'assurer leur présentation, mais cela me plaît».

D'ailleurs, l'exploitation produit aussi du blé (stocké puis vendu à la Coop de Milly), du lin textile (teillé chez Lin 2000), des betteraves sucrières (transformées par l'usine Saint Louis Sucre de Roye)et a installé il y a un an une unité de méthanisation en cogénération. Elle a été bâtie par Valogreen et l'électricité est vendue à Enedis. Le méthaniseur reçoit fumier et lisier de la ferme, issues de céréales, pulpes, ensilage et refus des vaches. Le digestat est épandu sur les terres et la chaleur récupérée pour sécher le foin.

C'est Damien, le frère de Vincent, salarié sur l'exploitation, qui est plus en charge de la méthanisation pour laquelle les exploitants sont à la recherche d'un salarié qui pourrait aussi effectuer les chantiers en plaine. Côté main-d'oeuvre, outre les trois exploitants en société, deux salariés, dont Damien, travaillent sur l'exploitation, avec une charge et une variété d'activités importantes.

Circuits courts

Vincent Smessaert a démarré sur la ferme deux petits ateliers annexes. Le premier concerne la production d'une dizaine de veaux gras par an, des croisés Bleu blanc belge. «L'idée était de valoriser le lait des vaches à problèmes et de vendre en circuits courts, pour avoir un contact direct avec les consommateurs. Les veaux sont nourris au lait de vache et consomment trois oeufs par jour, c'est une vieille recette. Les veaux sont abattus à Formerie, découpés et mis en caissettes sous vide et reviennent à la ferme. J'assure ensuite la commercialisation en distribuant les commandes et les caissettes sont également vendues dans des magasins de producteurs fermiers : Plaines Papilles à Thieux, Les Jardins de Rully et Authentique à Clermont», détaille Vincent Smessaert. Les retours des clients lui font plaisir car toute la viande finit dans les caissettes : steak haché, saucisses, paupiettes. «Les clients sont fidèles et apprécient la viande.»

À cela s'ajoutent cinq vaches allaitantes Blanc Bleu Belge pour une production de viande vendue sur commande en caissettes. L'objectif est d'abattre une ou deux bêtes par an et de vendre tout en local. «Cela fera de la viande haut de gamme, de belles entrecôtes de 600 g ! Ma première bête devrait être abattue dans un mois», sourit le jeune éleveur.

Car Vincent est amateur de viande et cuisinier à ses heures, pour ses amis qu'il aime recevoir autour d'un plat traditionnel élaboré par ses soins et avec des produits locaux. Il est également passionné de chasse au gros et ne rechigne pas à découper les carcasses et à les cuisiner. Trésorier du bureau du canton JA de Crèvecoeur et membre du conseil d'administration départemental, cet engagement est aussi l'occasion de vivre des moments conviviaux. Génétique et convivialité, quoi.

Viande en circuit court

L'élevage des Saules commercialise des veaux gras en caissettes de 11 à 14 kg, au prix moyen de 17 EUR/kg à la ferme ou 18 EUR/kg livré.

Sur commande préalable ou à retrouver dans les magasins cités.

Pour la viande de boeuf dont la commercialisation va bientôt commencer, le prix moyen sera de 13 EUR/kg. À commander et à venir chercher à la ferme dès retour des colis.

Contact

Facebook / Élevage des Saules

Tél. 07 87 60 20 82 - smessaertvincent@gmail.com

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