«JA un jour, JA toujours»
Les Jeunes Agriculteurs de l'Oise ont organisé leur assemblée générale le 9 février dernier à L'Empreinte, du Crédit agricole à Beauvais et ils ont voulu donner à cette réunion une dimension «projets» autour de l'irrigation et de l'énergie.
![Gwenaëlle Desrumaux défend l'esprit du syndicalisme jeune dans l'Oise : JA un jour, JA toujours !](https://www.oise-agricole.fr/reussir/photos/60/img/67J9ADTC1_web.jpg)
Tout commence par la projection du début du dessin animé Les douze travaux d'Astérix et le parallèle avec ce que vivent les jeunes installés est immédiatement fait : «Nous sommes en l'an 2022 et toute la Gaulle est occupée par la complexité administrative. Toute ? Non, un département, l'Oise, résiste et ses agriculteurs seront reconnus comme des Dieux s'ils sont capables d'effectuer douze travaux dans ce royaume de réglementations.» Face à DDTus (l'ancêtre romain de la DDT) et Bruxellus, Claire Juquélix et son compagnon Matthieu Carpentérix doivent se démener sur un véritable parcours du combattant avec douze obstacles :
- atteindre le niveau 2 de l'éco-régime de la Pac 2023
- débloquer le paiement vert de sept agriculteurs pénalisés suite au zèle des contrôleurs
- militer pour la revalorisation du lait dans les GMS (grandes et moyennes surfaces)
- aller à la rencontre du grand public pour expliquer le métier et ses contraintes
- travailler avec le Sdis (service départemental d'incendies et de secours) de l'Oise et les organisations professionnelles sur les moyens à mettre en oeuvre pour limiter les possibles incendies pendant la moisson, par exemple avec des cuves de stockage d'eau
- surveiller la moisson et les risques pendant la canicule
- semer les SIE malgré le sol sec et obtenir des dérogations de dérogations quand c'est impossible
- animer la foire de Songeons
- obtenir la revalorisation du prix du lait payé par Danone par de menus travaux réalisés à l'usine de Ferrières-en-Bray
- dénoncer le gâchis de foncier en semant des parcelles en friche
- éditer un calendrier 2023 des Jeunes Agriculteurs qui ont donné de leur personne pour cela
- et enfin, douzième mission à relever, préserver les moyens de production des agriculteurs, par exemple suite à la fin de la dérogation d'utilisation des néonicotinoïdes en enrobage de semences en allant manifester le mercredi 8 février dernier à Paris.
Une façon originale de présenter quelques-unes des actions menées par le syndicalisme jeune et l'essentiel des revendications, reprises d'ailleurs par la présidente de JA 60, Gwenaëlle Desrumaux, dans son discours. Elle pointait que la dernière assemblée s'était déroulée le 24 février 2022, jour de l'entrée en guerre de la Russie contre l'Ukraine. «Que de changements depuis cet événement : des prix du blé qui s'envolent au-delà de 400 EUR/t, des charges qui explosent, des risques de pénuries... Combien de temps va durer ce contexte chamboulé ? Difficile de monter son projet d'installation dans des conditions aussi instables», se désole-t-elle. Et pourtant, c'est d'ailleurs une satisfaction pour tout le syndicalisme jeune, le nombre d'installations se maintient, elles sont toujours plus diversifiées mais l'élevage ne plaît plus autant. La jeune présidente se félicite du travail mené au Point Info installation en concertation avec la Chambre d'agriculture.
Elle rappelle qu'être agriculteur, c'est travailler avec la nature et que la météo n'est pas toujours celle que la réglementation tatillonne attend. D'où des difficultés en cas de non levée des couverts et un peu de discussions avec une administration un peu loin parfois des réalités agricoles (1 mm de pluie ne suffit pas pour faire lever un couvert !). «Egalim 2 doit être appliqué, les producteurs agricoles ne sont pas les esclaves modernes des industries agroalimentaires», martèle Gwenaëlle Desrumaux avant de fustiger les militants écologistes adeptes de la décroissance. «Comment laisser mourir de faim des hommes ailleurs, alors qu'ici, nous avons la chance de pouvoir les nourrir ?», s'interroge-t-elle. Avant de lister les temps forts à venir en 2023, dont Campagne en fête.
Irriguer moins et mieux
Julian Liovino et Alexandre Lebrun, d'Isagri, ont présenté l'accompagnement qu'ils proposent aux irriguants ou aux agriculteurs qui s'interrogent sur la mise en place de l'irrigation sur leur exploitation. D'abord, ils rappellent que l'irrigation vise à compenser l'évapo-transpiration (ETP) et que le besoin en eau dépend aussi du type de sol et de la culture des plantes.
Dans les Hauts-de-France, les surfaces irriguées ont bondi de 77 % en 2020 et elles concernent essentiellement les cultures de légumes industriels. Mais, avec moins de 40.000 hectares, c'est une petite région d'irrigation. En 2021, un décret sur la gestion quantitative de l'eau est paru, qui instaure des quotas : il s'agit donc de mieux gérer la ressource et de la partager entre usagers. Une installation d'irrigation coûte 150.000 EUR (forage, matériel et infrastructure) et le coût moyen du m3 d'eau est de 0,025 EUR, tandis que celui de l'électricité revient à 63 cts/m3, à prendre en compte dans la réflexion. Pour ceux qui irriguent déjà, des aides peuvent être apportées : tensiomètres dans le sol ou sondes capacitives pour des mesures plus précises de la ressource en eau, OAD (outil d'aide à la décision) pour optimiser les tours d'eau.
Les deux intervenants suggèrent d'acheter des sondes dans un premier temps avant de se lancer dans un investissement lourd : cela peut permettre de voir la réserve utile du sol et sa capacité à alimenter les cultures. Parfois, il n'y a pas d'économies à la clé, mais l'assurance de récolter des produits de qualité répondant au cahier des charges de l'acheteur. Et même si la ressource en eau dans l'Oise semble suffisante pour le moment, il faudra la préserver en irriguant moins ou mieux. C'est tout l'enjeu des années à venir.
Les enjeux autour de l'énergie
Paul Thillard et Émile Théron, du CerFrance Paris Nord de Seine, ont développé une intervention sur l'énergie. Pour limiter l'exorbitant coût de l'énergie, les deux intervenants conseillent de d'abord bien comprendre son contrat : puissance, heures creuses, heures pleines et d'anticiper les meilleures offres en mettant en concurrence les fournisseurs. De même, il faut revoir sa manière de consommer en privilégiant si possible les heures creuses. On peut aussi moins consommer, par exemple en installant un pré-refroidisseur avant le tank à lait. De toute façon, le prix de l'électricité fluctue en fonction de multiples facteurs sur lesquels l'exploitant n'a pas prise : clémence de l'hiver, augmentation de la production en France avec la remise en route de réacteurs nucléaires, arrêt du conflit Russie-Ukraine ou incertitude sur la récession économique mondiale potentielle.
Il existe encore des opportunités dans la méthanisation malgré la hausse des coûts de construction, de l'énergie et le relèvement des taux d'emprunt. Parallèlement, le prix du biogaz a augmenté, de nouveaux modèles de méthaniseurs sont apparus avec des procédés concrets et aboutis et la loi sur les déchets qui encourage à leur valorisation, limite les contraintes d'épandage du digestat et assure une meilleure rémunération. À prendre en compte : la durée d'un projet sur 4 ou 5 ans, l'optimisation de la logistique, la gestion de la main-d'oeuvre notamment.
Pour le photovoltaïque, les intervenants invitent les agriculteurs à s'y intéresser dès qu'ils ont un projet de bâtiments ou la volonté de rénover une toiture, par exemple pour remplacer du fibrociment amianté. Le contexte est porteur car la part des énergies renouvelables dans le mix électrique doit passer à 40 % en 2030. Deux voies s'offrent : la vente de toute l'électricité produite avec un contrat de 20 ans ou l'autoconsommation avec vente du surplus. Des évolutions positives ont lieu : augmentation du prix de vente de 10 %, gel de la dégressivité et taux de réfaction des coûts de raccordement qui passe de 60 à 40 % par exemple.
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