«J’aime mon métier d’éleveur et je crois en l’avenir»
À seulement 20 ans, Aurélien Testard, agriculteur à Herchies, a déjà deux moissons à son actif et surtout une détermination sans faille à exercer le métier qu’il a choisi et pour lequel il se lève tous les jours avec joie.

Car l’agriculture, il est tombé dedans quand il était petit. «Ce métier a bercé toute mon enfance. Mon père, bien que travaillant à l’extérieur, venait aider son père sur l’exploitation pour toutes les pointes de travaux et forcément, j’étais de la partie» se souvient Aurélien Testard. Il a toujours su qu’il voudrait reprendre la ferme de son grand-père et a donc suivi le parcours qui convenait : un baccalauréat professionnel CGEA (conduite et gestion des exploitations agricoles) au lycée agricole d’Airion. Comme son grand-père Guy avait alors déjà presque 80 ans, il a commencé son dossier d’installation en même temps qu’il passait son bac. Il a d’ailleurs fallu attendre les résultats de juin pour lancer l’installation.
Une EARL avait été créée entre Guy Testard et son fils Emmanuel, dans l’attente de l’arrivée d’Aurélien sur la ferme. Finalement, Aurélien a repris les parts de son grand-père et il se trouve donc en société à 50 % avec son père. Ils sont tous les deux exploitants, son père en double activité. Voilà donc Aurélien chef d’exploitation depuis le 20 juin 2016. Autant dire que ce n’était pas la meilleure année pour commencer !
Aurélien et Emmanuel exploitent 190 ha de SAU dont 30 en prairies permanentes. Ils produisent des cultures de vente : blé, colza, escourgeon, pois d’hiver et des cultures destinées à l’alimentation du bétail : maïs grain, méteil, luzerne, épeautre. Car la grande passion d’Aurélien, ce sont les vaches allaitantes.
Des limousines 2.0
Son grand-père était naisseur avec un effectif de 60 charolaises. Il vendait des broutards prêts à engraisser, entre 6 et 8 mois. Mais Aurélien a souhaité opérer un changement dans le troupeau en remplaçant progressivement les charolaises par des limousines, une petite révolution. «Je voulais baisser l’effectif pour diminuer la charge de travail, mais surtout améliorer la qualité bouchère du troupeau. Les acheteurs recherchent plutôt ce type de race et il faut répondre à la demande» justifie le jeune éleveur. Il démarre donc avec 25 vaches allaitantes limousines et 14 génisses. À terme, il prévoit d’engraisser des génisses jusqu’à l’âge de trois ans et de vendre les mâles en broutards. «Je ne regrette pas le choix des limousines. Ce sont des vaches plus dociles, plus maternelles et les veaux sont plus dynamiques. Ils sont vite debout après la naissance et tètent rapidement. De plus, les vêlages sont plus faciles» confie Aurélien.
Comme il habite encore chez ses parents à 12 km de la ferme, Aurélien a installé une caméra dans les bâtiments qu’il a réaménagés pour son troupeau : une stabulation, un parc à veau et un box de vêlage sont balayés par l’œil de la caméra qu’Aurélien actionne et visionne directement depuis son smartphone. «Je mets le réveil à sonner à trois heures, je vérifie sur mon smartphone si tout va bien grâce à la vision nocturne et me déplace uniquement si besoin» explique-t-il. Un vrai confort de travail et une sérénité pour la conduite de la ferme. «Je souhaite travailler rapidement et efficacement pour être à jour de mon travail en plaine et dégager du temps, alors, je m’organise.»
D’où le réaménagement des bâtiments qu’il a opéré à son arrivée. Il a monté un dossier PCAE (plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles) un an après son installation pour investir dans des tubulaires : auges, râteliers paille, barrières, cornadis) pour gagner en facilité et sécurité de travail.
Une alimentation modifiée
Il a également modifié le régime alimentaire du troupeau. «Même si ce n’est pas justifié techniquement, le maïs ensilage souffre d’une mauvaise image auprès des consommateurs. Pour mieux vendre mes animaux, je les nourris à l’herbe. J’ai donc investi, grâce au PCAE, dans une faucheuse, une faneuse et une pailleuse qui me sert aussi pour l’enrubannage d’herbe» explique Aurélien. Tout se fait donc avec une seule machine et les animaux consomment donc une ration à base d’herbe l’été en pâture, de foin de luzerne, d’enrubannage d’herbe et de maïs grain broyé humide en boudin l’hiver pour éviter les frais de séchage. Aurélien ajoute aussi un aliment acheté chez Carré à base de lin oléagineux.
Les vêlages sont groupés en novembre-décembre et les veaux sortent en pâture avec leurs mères fin avril, dès que les conditions climatiques le permettent. Les charolaises qui restent encore sont conduites séparément des limousines et le taureau charolais de la ferme devrait bientôt être remplacé par un limousin.
Pas isolé dans sa ferme
Comme il s’est installé très jeune et qu’il n’a pas pu se faire une expérience ailleurs, Aurélien participe à de nombreuses formations ou activités proposées. Il est adhérent aux JA de Crèvecoeur et de Saint-Just-en-Chaussée, il participe aux mois’bat’ cross et à l’auto-foot avec sa voiture Zézette et, plus sérieusement, fait partie du groupe des jeunes installés grandes cultures du Cernodo avec Hélène Beaudet et participe au groupe Lego (viande) animé par Karine Lemaire-Aelvoet Christophe Debruyne, de la Chambre d’agriculture de l’Oise. Il revient d’ailleurs d’un voyage d’études en Bretagne avec le groupe : «c’était un moment très riche d’échanges et de partage d’expériences» s’enthousiasme-t-il.
Il a signé un contrat Agronomics avec la Chambre d’agriculture de l’Oise pour s’engager à allonger sa rotation et implanter de la luzerne. «J’ai semé de la luzerne avec de l’avoine et du pois fourrager. J’ai récolté en enrubannage en mai avant épiaison. Ensuite, la luzerne s’est développée seule pour les prochaines coupes» détaille-t-il. De même, il a un contrat MAEC pour des couverts faunistiques semés sur jachère à Auneuil, des parcelles trop éloignées de l’exploitation et trop morcelées.
Un moral à toute épreuve
Quel recul porte-t-il après deux ans malgré son jeune âge ? «J’aurais pu être démoralisé la première année de mon installation, 2016, avec la moisson catastrophique que nous avons connue. Mais ce n’est pas dans ma nature. Je crois dans mon projet et je me donne tous les moyens pour réussir.» Aurélien est éleveur dans l’âme, une passion, et c’est aussi dans son troupeau qu’il voit les meilleures marges de progrès. «Il y a beaucoup de contraintes, mais je pense que je peux encore augmenter mes produits et diminuer mes charges. C’est pour cela que je me renseigne beaucoup, que je vais en formation, que j’échange avec mes voisins agriculteurs.»
Écouter, apprendre, se projeter tout en étant rigoureux… à 20 ans, Aurélien a l’avenir devant lui.
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