Irrigation, quel avenir ?
Dans l’Oise, l’automne et l’hiver 2018-2019 ont été doux et secs avec un déficit de précipitations de 10 à 25 % par rapport à la normale.

Dans le département, les restrictions d’eau sont établies sur la base d’une gestion horaire et repose sur l’arrêté cadre du 25 mai 2018 qui définit chacun des 15 bassins de référence des stations hydrométriques et piézométriques qui permettent de suivre l’évolution de la situation.
Si les niveaux constatés passent en dessous d’un certains seuil de référence, des mesures de restrictions sont alors décidées. Le suivi des indicateurs est assuré tous les 15 jours. Ces mesures sont toutefois temporaires et sont levées lorsque les seuils concernés seront durablement dépassés à la hausse, pendant une période d’au moins un mois.
Une situation qui pourrait s’aggraver
Le 3 juin, quatre bassins étaient en en situation de vigilance : Aronde, Matz, Brèche, Nonette-Thève. Depuis, deux nouveaux bassins sont passés en vigilance mi-juin : Divette-Verse et Automne. Un tout dernier arrêté signé par le préfet fin juin inclut deux autres nouveaux bassins : le bassin du Thérain, le bassin de l’Avre, Haute-Somme, Noye, Trois Dom.
Au 30 juin, les bassins de la Celle-Evoissons, la Bresles, l’Oise-Aisne, l’Ourcq, l’Epte, Troesne, Viosne et Esche sont épargnés.
La situation peut évoluer très vite et il faut donc s’attendre encore cette année à de nouvelles mesures de restriction. Il est donc indispensable de gérer au mieux les besoins pour limiter la consommation d’eau, mais aussi assurer les productions (voir article page 18). Néanmoins, il convient de rappeler que les usagers de l’eau se répartissent en trois grands groupes : les ménages, les industriels et les agriculteurs. Ces derniers utilisant la ressource en eau pour irriguer essentiellement des cultures dites industrielles. 2 % de la SAU départementale est consacrée aux productions de légumes et pommes de terre pour un chiffre d’affaire qui représente 10 % du chiffre d’affaire total des productions agricoles. Ces productions sont créatrices d’emploi sur les exploitations et dans l’aval et l’amont des filières.
Par contre, elles nécessitent, pour que les industriels les transforment, le respect d’un cahier des charges en terme de qualité qui oblige souvent à irriguer. Dans ce cas, la consommation d’eau se fait par des techniques les plus économes possibles.
Mais l’avenir de l’irrigation dans l’Oise passera sans doute par une réflexion globale sur la gestion partagée des usages de l’eau et la création de retenues au sein de territoires où collectivités, agriculteurs et habitants trouveraient un intérêt commun aussi bien, en terme d’environnement que de production agricole.
En attendant, c’est à chacun, habitant, industriel et agriculteur, de modérer ses prélèvements en attendant le retour de la pluie.

Rémi Minart, responsable section irrigation FDSEA 60, membre associé de la CA de l’Oise
«Développer des modes alternatifs de la gestion de la ressource en eau»
En tant que chef d’entreprise, je ne demande pas mieux que de développer une agriculture à plus haute valeur ajoutée et être en cohérence avec l’évolution et les choix de la société à condition qu’on nous en donne les moyens. Parmi ces moyens, l’accès à l’eau est fondamental ! Produire des pommes de terre et des légumes frais demande de l’eau. Or, pouvoir s’engager dans l’irrigation devient un parcours du combattant et les perspectives du réchauffement climatique et des rituels arrêtés de restriction de l’irrigation ne sont guère encourageants, ni même rassurants.
Bien sûr, on nous oppose la possibilité d’irriguer en limitant la consommation d’eau. Nous mettons déjà en place des mesures en ce sens : outils d’aide à la décision, recherche pour développer des variétés plus résistantes au stress hydrique...
Mais, dans la perspective de l’adaptation au changement climatique, il est indispensable de développer des modes alternatifs de gestion de la ressource en eau à travers l’arrêt de l’imperméabilisation des sols, la mise en place d’actions favorisant l’infiltration de l’eau dans le sol et permettant une meilleure recharge des nappes et aussi notamment le développement des réserves d’eau.
De ce point de vue, les mesures se font attendre ; seule une instruction ministérielle récente nous promet des projets de territoire incluant des possibilités concertées de réserves d’eau. Mais encore faut-il avoir des appuis… face à certaines associations, rien n’est moins sûr ! Qu’en sera-t-il de la position des Agences de l’eau ? Sur quels moyens financiers pourrons-nous compter ? Il sera indispensable d’être force de persuasion dans le cadre de la transition en faveur un approvisionnement alimentaire de meilleure qualité prévue par la loi Egalim.
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