Inondations, grêle et orages s'abattent sur l’Oise
Depuis le 20 juin, le département de l’Oise subit des catastrophes naturelles conséquentes. Entre inondations et grêle, les dégâts sont importants.
Dans la nuit du 21 au 22 juin, entre 22 et 23 heures, de violentes intempéries se sont abattues sur plusieurs communes du Beauvaisis, l’équivalent d’un mois de précipitations. Elles ont provoqué des dégâts importants pour les particuliers, les acteurs économiques ainsi que pour plusieurs services publics, ainsi que le décès d’un jeune homme de 17 ans emporté par le Thérain. Les sapeurs-pompiers sont intervenus à plus de 600 reprises sur Beauvais (412 interventions sur la ville) et ses alentours. Un nombre important d’entreprises et d’exploitations agricoles ont été touchées par les intempéries.
Les chambres consulaires ont été très actives pour recenser les acteurs économiques en difficulté, en lien avec les services de l’État (Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités et Direction départementale des territoires), et répondre à leurs interrogations. Le premier bilan issu de ce recensement montre que près de la moitié des entreprises beauvaisiennes ont été frappées. Les dégâts les plus lourds de conséquences concernent en particulier les commerces de centre-ville et les entreprises, dont celles du bâtiment, qui stockent du matériel en extérieur.
Ces épisodes orageux ont aussi impacté le secteur agricole. Les professionnels signalent à ce stade d’importants dégâts dans le Sud Beauvaisis tant sur les cultures (orge, lin, maïs et cultures maraîchères), que sur des bâtiments agricoles. La destruction de certaines infrastructures (sorties de parcelles, routes et chemin d’accès) pourrait également rapidement handicaper le quotidien de certains éleveurs qui doivent déplacer leur bétail.
Ainsi, ce 21 juin au soir, Thierry Fraiture, agriculteur à Saint-léger-en-Bray, était en réunion à Beauvais. «J’ai quitté la réunion à 22 h 30 et je ne suis arrivé chez moi qu’à deux heures du matin : tout était inondé, les routes étaient devenues des fleuves, des poteaux téléphoniques tombés à terre bloquaient la route. Ma cour de ferme était méconnaissable, avec 40 cm d’eau», témoigne-t-il. La route qui passe devant chez lui est toujours coupée à la circulation, le sable et le remblais ont envahi sa cour et la rupture d’un pont empêche l’accès à des pâtures. «C’est simple, personne n’avait vu ça avant sur la commune !» Ses vaches laitières ne vont plus au pré. Soit elles ne peuvent plus y accéder, soit les herbages sont trop humides.
De même, quelques dégâts sont à déplorer dans le corps de ferme : cailloux et allées bétonnées emportées, toitures abimées. La grêle a ajouté au désastre des eaux : «Toutes mes parcelles de culture sont grêlées, plus ou moins. J’attends la venue de l’expert pour me faire une idée. Il a quand même dû tomber près de 200 mm sur cet épisode», se désole l’exploitant de Saint-Léger-en-Bray.
Chez Francis Vigneron, exploitant à Saint-Germer-de-Fly, pas d’inondation, mais de la grêle le 21 juin au soir. «Une de mes parcelles d’escourgeon, de 12 hectares, est grêlée à 100 %, l’expert est passé. Sur les autres, les pertes vont jusqu’à 60 %. Mes colzas et mes pois ont aussi été bien touchés, ainsi que le blé, dans une moindre mesure. L’expert doit revenir finaliser les pertes», constate, dépité, l’exploitant.
Voilà des années qu’il s’assure contre la grêle et qu’il n’avait jamais eu recours à l’assurance. «Le problème, c’est que je me suis assuré pour un rendement et un prix moyens. Or, les perspectives de rendement étaient plutôt supérieures à la moyenne et les cours se tiennent. Cela va peser mais je peux aussi me réjouir d’avoir persévéré à m’assurer coûte que coûte», relativise-t-il.
Deuxième épisode
Mais les catastrophes climatiques ont continué dans la soirée du 28 juin. Sur un petit laps de temps, une trentaine de minutes, des grêles ont détruit énormément de cultures. Cédric Soenen, agriculteur à Noailles, n’a jamais connu un épisode comme celui-là. «J’ai slalomé entre les averses de grêle pour rejoindre mon exploitation. Entre excès d’eau et grêle, j’ai 70 % de pertes sur mes pois, 20 % sur mes blés et un effet gruyère sur mon maïs, toutes les feuilles sont trouées», détaille-t-il.
Le lendemain, des grêlons de 2 cm faisaient encore des congères sur les chemins. Des télescopiques continuaient à déblayer les coulées de boues. Selon lui, ces épisodes sont semblables à ceux de 2016. «Toutes les cultures autour de mon exploitation sont touchées. C’est catastrophique… On va y perdre des plumes ; heureusement, j’ai de la chance d’avoir une assurance climatique», poursuit Cédric Soenen.
Une enquête est en cours auprès des exploitants du secteur afin de déterminer de manière plus précise l’étendue du préjudice. Outre le dispositif des catastrophes naturelles qui pourra être mobilisé pour la question des bâtiments et de leur contenu, la préfète demandera d’examiner la question d’une reconnaissance en calamités agricoles pour cet évènement.
Pour la FNSEA, le Varenne agricole devra apporter des réponses fortes
À l’épisode dramatique de gel du mois d’avril succède une vague d’orages souvent accompagnés de grêle, engendrant des destructions sur la quasi-totalité des régions. Vignes et arbres fruitiers touchés par la grêle, parcelles ravinées, coulées de boue, cultures détruites... les évènements violents, souvent localisés, touchent généralement la totalité des récoltes des parcelles impactées.
Depuis deux ans, des phénomènes climatiques d’une intensité exceptionnelle s’enchaînent à un rythme jamais vu. Cette succession dramatique de catastrophes n’épargne personne. Inondations, sécheresse, grêle ou gel ; toutes les productions et toutes les régions sont malheureusement touchées. Nous ne pouvons plus nous contenter de recenser les dommages a posteriori !
Cette situation nous engage, agriculteurs, pouvoirs publics et acteurs de l’assurance, à mieux prévenir et mieux réparer en vue de permettre aux exploitations agricoles d’être plus résilientes et de redémarrer plus facilement après de tels épisodes. Il est de notre responsabilité collective de réformer en profondeur le modèle de gestion des risques que nous connaissons aujourd’hui.
Mais soyons réalistes : les agriculteurs, qui travaillent à ciel ouvert, ne pourront faire face seuls à ce défi du changement climatique. Dans un objectif de pérennisation de la production sur le territoire français, maillon-clé de notre souveraineté alimentaire, la solidarité nationale doit pleinement jouer son rôle dans le cadre de ce schéma global articulant l’assurance récolte et un fonds couvrant les risques climatiques majeurs.
Parallèlement à cet engagement fort de l’État, la FNSEA prône la responsabilisation de chaque agriculteur via notamment une meilleure sensibilisation aux risques pour bâtir une politique équilibrée et ambitieuse de gestion des risques offrant à tous les agriculteurs un filet de sécurité adapté à leurs attentes et à la réalité économique.
Plus que jamais, le Varenne agricole de l’eau et du changement climatique, que nous avons appelé de nos vœux, porte une obligation de résultat avec des décisions politiques courageuses qui doivent intervenir au plus vite.
Contact : Christine Claudon - 07 60 47 44 52.
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