Influenza aviaire : «retour à la normale» en vue, selon le ministère
Le gouvernement a abaissé, le 10 mai, le niveau de risque lié à l'influenza aviaire, excepté dans 19 départements touchés par la maladie. Bilan - encore provisoire - de cet épisode 2021-2022 : 1 374 foyers en élevages et 16 millions de volailles abattues.
![Les volailles retrouvent progressivement leur accès au plein air.](https://www.oise-agricole.fr/reussir/photos/60/img/HABPKETX1_web.jpg)
Pour les producteurs de volailles, «c'est le début d'un retour à la normale», espère-t-on au cabinet du ministre de l'Agriculture. Via un arrêté paru au Journal officiel le 10 mai, Julien Denormandie a abaissé le niveau de risque lié à l'influenza aviaire à «modéré» dans «une grande partie du territoire», ont annoncé ses services la veille. «Le pic de l'épizootie est considéré comme derrière nous», a précisé le cabinet du ministre lors d'un brief à la presse. Et de rappeler que l'abaissement du niveau de risque est synonyme de levée des restrictions (mise à l'abri, mouvements d'animaux, remises en place). Dans les départements en risque «modéré», il n'y a plus que dans les «zones à risque particulier» (ZRP, zones humides) que les éleveurs doivent maintenir leurs volailles à l'abri.
Toutefois, le niveau de risque est maintenu à «élevé» dans 19 départements, à savoir ceux qui ont connu des foyers en élevages lors de l'épizootie 2021-2022, et ceux «adjacents aux départements où la situation sanitaire est évolutive». On y retrouve des départements de Nouvelle-Aquitaine, d'Occitanie, des Pays de la Loire, d'Auvergne-Rhône-Alpes et de Bretagne (1). D'après l'entourage de Julien Denormandie, l'épizootie reste «évolutive dans certaines zones, mais à un degré bien moindre que ces dernières semaines». En début de semaine 19 (du 9 mai), les pouvoirs publics recensaient ainsi «une suspicion par jour en Dordogne et dans les départements limitrophes», ou encore «un cas par jour en Vendée et les départements alentour». «Les remises en place ont démarré dans les Landes», ajoute le cabinet du ministre. Dans les Pays de la Loire, elles pourraient reprendre début juin, progressivement et de manière sectorisée. Mais le redémarrage s'annonce poussif, car l'influenza a durement frappé cette région qui concentre une grande partie de la génétique avicole. Parmi l'ensemble des 1 374 foyers recensés en élevages lors de l'épisode 2021-2022 figuraient des couvoirs et des élevages de reproducteurs. D'après l'entourage du ministre, près de 16 millions de volailles ont été abattues (dont 11 millions dans le grand Ouest) pour tenter de freiner la propagation de la maladie.
Une dérogation pour sortir les volailles
Alors que l'épizootie a contraint les éleveurs à garder leurs volailles en bâtiment depuis novembre 2021, le ministère vient d'instaurer une «dérogation permettant un accès précoce des gallinacés à un parcours extérieur réduit». Une possibilité ouverte pour les volailles de chair «à partir de l'âge de huit semaines, uniquement dans les zones indemnes», d'après une instruction technique parue le 10 mai. La Rue de Varenne justifie cette mesure exceptionnelle «compte tenu des potentielles atteintes au bien-être animal secondaire à cette mise à l'abri prolongée et l'augmentation des températures extérieures». Ces derniers mois, les défenseurs de l'élevage plein air avaient durement critiqué la réponse gouvernementale basée sur les abattages préventifs et la claustration des animaux, allant jusqu'à porter l'affaire devant le Conseil d'État. Sans succès.
Par ailleurs, le 10 mai a aussi été marqué - comme attendu - par le démarrage de l'expérimentation de la vaccination contre l'influenza. Les deux candidats vaccins seront testés dans un premier temps sur deux lots de palmipèdes, qui seront ensuite rejoints par d'autres lots. L'expérimentation est dotée d'un budget initial de 2,3 millions d'euros (MEUR). Comme le rappelle un communiqué du ministère, «les résultats de cette étude sont attendus pour fin 2022 et seront portés au niveau européen pour permettre, le cas échéant, de développer une stratégie vaccinale contre l'influenza aviaire».
Nouveau tour de vis sanitaire
Comme le précise l'entourage de M. Denormandie, «si une vaccination devait se mettre en place, ce ne serait pas avant 2023 au mieux». Filières et pouvoirs publics ne pourront donc pas faire l'économie d'un nouveau tour de vis sanitaire dans les règles de production. «Les mesures prises [dans la feuille de route de 2021] devront être questionnées», indique-t-on du côté du cabinet, où on estime qu'«on peut encore améliorer la biosécurité et la réactivité». Sans oublier «les sujets du transport et de l'organisation de la production». Un chantier pour lequel «les professionnels sont déjà à la tâche.»
(1) Cantal, Corrèze, Dordogne, Gers, Ille-et-Vilaine, Landes, Loire-Atlantique, Lot, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire, Mayenne, Morbihan, Pyrénées Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Sarthe, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne et Haute-Vienne.
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