Ils témoignent de leur moisson

«On se donne de la peine pour un maigre résultat»
Benjamin Vandewalle, salarié sur la ferme familiale d'Erquery, est déçu par sa moisson, mais constate qu'il ne s'en tire finalement pas trop mal au vu des résultats catastrophiques souvent relevés.
«Généralement, en escourgeons, on fait plutôt 90 quintaux mais, cette année, il faut se contenter de 69 q en moyenne», reconnaît le jeune éleveur laitier. Il avait démarré sa moisson mi-juillet par les escourgeons et a attendu que ses blés et ses pois de printemps soient mûrs avant de poursuivre sa récolte, après un épisode pluvieux. Aujourd'hui 7 août, il lui reste une quinzaine d'hectares de blé à battre sur Noyers-Saint-Martin. Car la ferme est particulièrement morcelée, avec la moitié des 160 ha autour d'Erquery et le reste dispatché à une quinzaine de kilomètres autour, ce qui complique l'organisation des chantiers, de paille notamment.
Benjamin Vandewalle est plutôt content du résultat de ses pois de printemps : 50 quintaux sur les 12 ha emblavés. «Je les ai semés tard, mi-avril, dans un sol bien ressuyé, je pense que c'est pour cela qu'ils ont toujours été beaux», confie-t-il. Pour les blés, il tourne autour de 65 ou 67 q/ha pour l'instant, un résultat bien insuffisant.
«On se donne du mal, les blés semblaient beaux et surtout n'étaient pas sales et, malgré tout, on ne va peut-être pas atteindre les 70 q de moyenne. Par contre, toutes les charges sont là !» Côté qualité, c'est également très moyen : le meilleur PS à 75 et plutôt 71, et 11 de protéines, on a vu mieux.
Heureusement, en éleveur soucieux du bien-être de ses vaches, Benjamin Vandewalle estime sa récolte de paille suffisante pour le troupeau de 55 laitières avec une récolte de 10 ballots par hectare.
Pour la prochaine campagne, l'assolement sera équivalent, il espère pouvoir enfin s'installer derrière son père en 2025.

«Comme un goût de 2016»
Après une récolte en colza décevante, Julien Grégoire termine celle de ses blés sans espérer des rendements équivalents à ceux auxquels il est habitué.
Depuis 8 ans qu'il est installé, Julien Grégoire a pris l'habitude d'atteindre les 40 à 45 quintaux dans ses parcelles de colza. C'est lui qui a introduit la culture lorsqu'il s'est associé à ses parents. «Cette année, j'ai dû faire face à une vraie problématique d'altises et de limaces. J'ai dû rater quelque chose avec un des insecticides. Les orages récents n'ont rien arrangé. Ils m'ont fait perdre au moins 5 quintaux. J'ai vu les siliques par terre !», raconte l'agriculteur de 34 ans. «Résultat, je ne dépasse pas les 27 quintaux alors que j'ai bichonné mon colza.»
Les blés ne font pas mieux
La moisson de ses blés, quant à elle, se poursuit. Et elle ne devrait pas compenser la déception du colza, à l'instar du reste du département. «Je ne dépasse jamais ma moyenne habituelle (86 quintaux) et plusieurs de mes parcelles sont en dessous des 65.» Si la protéine se tient, le PS, ordinairement autour des 76/77, atteint péniblement les 71. «Le principal problème est l'humidité qui reste importante le matin, nous obligeant parfois à attendre le début d'après-midi pour attaquer. C'est souvent le cas au mois d'août, mais on connaît en ce moment jusqu'à 1 mm de rosée.»
Ici encore, les intempéries ont eu des conséquences : blé couché par endroit et passage de matériel rendu difficile. «Il y a de la casse matérielle sur un sol qui a souffert de l'humidité toute l'année. On fait une moisson où par endroit ça n'a pas séché ! 2024 a comme un goût de 2016.» Heureusement pour lui, si des maladies sont montées, il a su tenir jusqu'à la dernière feuille.
Aussi malteur et brasseur, Julien Grégoire doit encore attendre, probablement après son blé, pour récolter ses 37 ha d'orge. «Une des parcelles est belle mais les autres sont encore vertes aujourd'hui. Elles ne sont pas encore arrivées à maturité. Il y a une véritable inconnue.» L'agriculteur espère encore un taux de protéine qui réponde aux qualités brassicoles.
Et la météo n'en a pas fini d'inquiéter le cultivateur, qui craint maintenant une forte pression cercosporiose sur ses betteraves.
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