Il faut faire confiance aux agriculteurs
Xavier Bertrand, le président de la Région Hauts-de-France, est venu à la rencontre des élus de la FRSEA HDF dans l'Oise, pour faire le point de la situation agricole.
Xavier Bertrand l'annonce tout de go : «Je sais que le monde agricole est au bord de la récolte car les engagements suite aux mobilisations du début d'année n'ont pas été tenus. J'ai rencontré Michel Barnier en septembre pour lui dire de prendre des mesures immédiates et concrètes en faveur des agriculteurs. Pour l'instant, une seule annonce sur le contrôle unique.»
Propos validés par les représentants syndicaux présents : Régis Desrumaux, Matthieu Carpentier, Luc Smessaert, Françoise-Marie Lepers représentant la FRSEA, face au président de Région accompagné de Denis Pype et de Marie-Sophie Lesne, cette dernière participant en visioconférence.
Les agriculteurs sont très déçus par ce qui se passe et par la déconnexion des services de l'État incapables d'adapter les réglementations devant les réalités climatiques de l'année. Luc Smessaert renchérit :
«Au niveau de la FNSEA, nous prévoyons une mobilisation cadencée à partir du 18 novembre et si nous n'obtenons pas rapidement des avancées concrètes, nous ne pourrons pas arrêter les actions».
Des avancées immédiates
Les agriculteurs demandent :
- des aides à la trésorerie et à la consolidation du fonds de roulement via des prêts à taux réduits garantis par l'Etat,
- l'anticipation des besoins en vaccins pour l'année prochaine et des indemnisations rapides pour les pertes consécutives à la FCO,
- un contrôle vraiment unique, une fois par an, d'une demi journée et avec un délai de prévenance de 48 heures, ne portant que sur un seul domaine
- l'arrêt immédiat du plan d'action national directives nitrates et sa déclinaison régionale Par 7, «que même l'administration a du mal à comprendre»
- des textes de loi : loi d'orientation agricole dont les intéressantes mesures de défiscalisation, notamment pour les installations, ne seront palpables qu'à moyen terme et proposition de loi visant à libérer la production agricole des entraves normatives.
«Il faut supprimer des normes, qu'on fasse confiance aux agriculteurs pour gérer au mieux le vivant, ne pas les désigner comme systématiquement coupables», s'emporte Régis Desrumaux.
Et puis s'opposer fermement au Mercosur, qui laissera entrer sur le sol européen des produits concurrents, à vil prix et de piètre qualité, tout ce qu'on ne veut pas produire en France. Xavier Bertrand le rappelle : le combat se joue aussi à Bruxelles où la France et sa ministre de l'Agriculture doivent trouver des alliés pour s'opposer à la signature de l'accord.
Que du réglementaire
Parmi les 2.500 propositions de simplification remontées de toute la France par la FNSEA au ministère, beaucoup sont faciles à mettre en oeuvre et ne coûteront rien au budget de l'État, pour peu que l'on fasse confiance aux agriculteurs. Voilà ce sur quoi il faudra mettre l'accent lors de prochaines mobilisations.
Le président Bertrand suggère d'ailleurs aux responsables syndicaux de rencontrer les maires de France qui seront en congrès à Paris du 19 au 21 novembre.
Au niveau régional, le président aimerait avoir plus de latitude pour s'occuper des dossiers dont la gestion lui a été confiée par l'État, «mais avec des règles qui ne me conviennent pas.»
Si le traitement des installations et PréAd s'est considérablement accéléré avec plus de 2.000 dossiers avancés, il en reste presque 400 en souffrance. «Il faut mettre le paquet sur ceux qui attendent leur argent pour continuer leur activité, on ne peut pas se satisfaire de cette situation», reconnaît Xavier Bertrand. Peut-être proposer un contact direct aux agriculteurs qui rencontreraient des difficultés dans la gestion des demandes.
Il va donc falloir des mesures efficaces et concrètes très rapidement, pas des usines à gaz incontrôlables et inefficaces.
Ce sera le sens du courrier que Xavier Bertrand va écrire dans les prochains jours au Premier ministre et à sa ministre de l'Agriculture, «sous peine de ne plus rien maîtriser une fois que les actions syndicales auront commencé en novembre.»
Le pouvoir central sait à quoi s'attendre. À charge à lui de rétablir la confiance avec le monde agricole.
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