Filière biologique : les coopératives s’engagent
Présentes dans les filières bio depuis le début, les coopératives agricoles entendent accompagner l’essor du secteur à travers une déclaration d’engagement pour maintenir un haut niveau d’exigence et une rémunération correcte à tous les échelons.

«Nous voulons montrer qu’on n’abandonne pas le niveau d’exigences du bio malgré l’augmentation du niveau de la consommation », explique Pascal Viné, délégué général de Coop de France. L’attrait des produits issus de l’agriculture biologique s’amplifie en effet, avec une consommation qui a progressé de 21 % en un an, une hausse de 17 % des surfaces cultivées en bio et une augmentation de 12 % du nombre de producteurs en agriculture biologique. Les produits bio représentent aujourd’hui 3,5 % du marché alimentaire, soit sept milliards d’euros. Dans le cadre de la semaine de la coopération agricole, qui vise à promouvoir l’organisation coopérative, et du Printemps Bio (jusqu’au 15 juin), Coop de France a présenté le 6 juin une déclaration d’engagements en faveur des filières bio françaises, pour favoriser un développement homogène et cohérent de l’agriculture biologique.
L’engagement des coopératives permet de sécuriser les agriculteurs vis-à-vis des marchés et des débouchés, mais aussi de travailler de l’amont à l’aval pour une structuration dans la durée. Trois objectifs sont affichés : un développement de l’agriculture bio dans le respect des principes fondateurs, des filières françaises performantes et durables, et la valorisation des produits français.
Il faut sécuriser le consommateur
Car, pour répondre aux attentes des consommateurs, les produits français sont en première ligne. Plus qu’un modèle de production, l’agriculture biologique correspond à des valeurs en matière de développement des territoires, de bilan carbone, grâce à une préférence aux produits locaux, et de qualité via des exigences partagées au niveau européen.
D’où, également, l’importance de faire valoir la conformité des produits bio importés des pays tiers. Les importations sont, en effet, nécessaires dans certaines filières où la production française ne permet pas de répondre à la demande, par exemple en blé, une culture particulièrement difficile à réussir en bio. La priorité des consommateurs demeure néanmoins aux produits français, c’est pourquoi la déclaration d’engagement donne des gages de qualité. «On veut une bio française qui sécurise le consommateur», rappelle Jérôme Caillé, vice-président de la commission bio de Coop de France.
Ce qui se traduit dans les cinq engagements de la déclaration : soutenir un cahier des charges exigeant, renforcer le rôle des agriculteurs-coopérateurs, recherche de performance, compétitivités et valeur dans chaque filière et sur chaque territoire, développement de partenariat structurants et durables, recherche de passerelles avec les autres acteurs pour favoriser les complémentarités. Une qualité qui doit aussi être maintenue grâce à des prix rémunérateurs pour les agriculteurs qui investissent sur des longues durées pour se convertir et qui ont besoin de visibilité.
6 % du budget de la BPI pour l’agriculture et l’agro-alimentaire
Dans le cadre de la troisième semaine de la coopération agricole, se sont tenues le 6 juin, au siège de BPI France, des tables-rondes sur l’open innovation, vue à travers le prisme des coopératives. Ariane Voyatzakis, responsable du secteur agro-alimentaire à BPI France, a rappelé que la structure soutenait l’innovation de plusieurs manières. «Parmi le montant total des aides à l’innovation de 25,7 M€, 12,3 M€ sont consacrés à l’agro-alimentaire et 13,4 M€ pour l’agriculture, soit 6 % du total des aides, tout secteur confondu.» Et La spécialiste de rappeler quelques projets d’envergure soutenus par la BPI, dont le projet industriel d’avenir «Defi blé dur», porté par l’ensemble de la filière française, ainsi que l’Inra, qui a reçu une aide de 5 M€. La BPI accompagne une quarantaine de start-up en hyper croissance, comme Naïo technologies ou Cook angels…
En 2016, BPI France a mené vingt-six missions de conseils ciblées d’une durée de huit à dix jours, auprès d’entreprises agro-alimentaires. La région Nouvelle Aquitaine est largement en tête des régions pour le montant total des aides à l’innovation, avec un montant supérieur à 4 M€ en 2016. L’alimentation du bétail et des animaux familiers arrive en tête des financements, suivie de la filière des céréales transformées. Lancelot Leroy, directeur R&D de Terrena, Noémie Jonnez, chargée d’Innnovation collaborative chez Limagrin, Ophélie Leroy, chef de projet Innovation chez Agrial, ont montré chacun qu’au sein de leur coopérative, des projets se mettaient en place pour participer à cette innovation, et qu’il était indispensable de répondre aux demandes des usagers, mais aussi d’aller voir ce qui se passe ailleurs.
Pour Noémie Jonnez, «la phase d’immersion de nos adhérents avec des projets aboutis est indispensable (…). L’arrivée de nouvelles générations dans les exploitations agricoles fait que ces nouvelles innovations interpellent davantage le terrain». Chez Limagrain, un groupe d’agriculteurs testeurs et précurseurs a été mis en place, pour «évangéliser» sur l’importance de l’innovation. Chez Terrena, ce sont les «sentinelles de la terre» qui permettent à cette veille indispensable de développer cette innovation.
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